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[RP] La fin de toute chose


Thalkion
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Citation

 

“Ère dans les ombres des terres brumeuses, 

L’âme du guerrier sans honneur; éternellement honteuse. 

Emprisonnée dans les chaînes de l'oubli,

Tel est le destin des âmes qui perdent leur rêve ou le nient.

L'âme qui ne lutte pas pour son idéal,

Reste à jamais captive des ténèbres et dédales.

Perdue dans les brumes du non-accompli,

Elle sombre dans un silence stérile et infini.”

 

L’Echo de l’Honneur perdu, inconnu, chant de foi ninegÿréen, ~ -201 Cal.Erachien

 

 

 

La pluie, le sang et les larmes

 

Fracassante, s'abattant comme si toute l’eau du monde avait décidé de tomber en une seule fois, en un seul lieu. Tel était le bruit assourdissant de la pluie, seulement ponctué par le fracas des canons, rendus inefficaces par ce temps d’enfer, leurs détonations retentissant comme des tonnerres lointains dans les environs du mas en cette dure après-midi de l’an 311. Des éclairs zébraient le ciel, illuminant brièvement le champ de bataille dans une lumière éblouissante avant de le plonger à nouveau dans l'ombre. 

 

- “Génial, il pleut”, marmonna Halwynt Thalkion, comme une redite de la Campagne de Kel’Daer s’étant déroulée 100 ans plus tôt dans les mêmes conditions. A la différence des grandes steppes glacées du Nord Stendelien, la Garde Volontaire se battait aujourd’hui sur des terres méridionales qui auraient presque pu sembler accueillantes, si seulement le sang et la chair n’avaient pas remplacé l’eau et la terre. Pas de cigales chantantes pour aujourd’hui, pas de mélodieuse mélodie du vent bruissant dans les feuilles des oliveraies et des vignes. Seulement le hurlement de Mère Nature, qui n’avait que par trop vue les petites guéguerres des Hommes et des êtres vivants de cette terre.

 

- “Pourquoi … suis-je-là ?” laissa échapper Thalkion, comme le prélude à un questionnement qu’il avait comme trop souvent tenté d’étouffer au fond de lui, tenté d’éloigner en vadrouillant encore et toujours, de terres en terres, de campagnes en campagnes. De guerres en guerres.

 

La Garde Volontaire avait débarquée depuis quelques mois sur l’île de Cerdène, loin par delà les terres inconnues de Stendel, mûe par la volonté de stopper à l’etranger, un danger qui se révélerait mortel pour les habitants de l’Empire Stendelien s’il venait à trop s’approcher. La Guerre de la Seconde Coalition battait son plein. Il s’agissait d’endiguer l'avancée d’empires concurrents. Les empires centraux du continent d'oldmond, coalisés, étaient peut être un trop gros morceau pour la Garde, pourtant habituée à lancer ses hommes dans toutes les situations, pour le bien de Stendel. En cet instant, la situation était la suivante : sur la petite île du Cap, d’où la Garde avait débarqué, l'ennemi avait lancé une attaque surprise visant à bouter les Stendeliens hors de leur continent. Alors que la plupart des généraux et des divisions guerroyaient loin dans les terres par delà les mers, ne se doutant guère de cet attaque fourbe, Thalkion, avec sa division d’infanterie et de cavalerie s’étaient retrouvés bien étonnés de voir une armada arriver avec le brouillard en un point si stratégique qu’il semblait impensable de perdre en cet instant de la guerre. C’était pourtant ici et maintenant que tout allait se jouer.

 

Thalkion essuya la sueur perlant sur son front, son sabre reflétant chaque rayon de la lumière pointant à l’horizon, chaque nouveau pas l'enfonçait plus profondément dans la boue glissante et en même temps dans les méandres d’un enfer qu’il redoutait depuis si longtemps. Autour de lui, ses hommes se battaient avec une férocité désespérée quasi animale, leurs cris de guerre se mêlant au hurlement du vent et aux éclats des armes. Des salves de mousquets crépitaient dans l'air, des éclats de plomb fauchant les rangs ennemis et semant la mort sur leur passage, embrumant la plaine autour du petit corps de ferme qu’ils défendaient. Des hommes tombaient, criblés de balles, leurs cris de douleur se perdant dans le vacarme de la bataille. D’autres se relevaient d’entre les morts, mûs par la volonté de servir, de vivre, de survivre.  Au milieu du chaos, des duels au sabre se livraient, des lames étincelantes s’entrechoquaient avec un sifflement métallique dans la pénombre du ciel orageux, tranchant la chair et déversant le sang sur le sol boueux. Thalkion se trouvait face à un adversaire redoutable, leurs sabres s'entrechoquant dans une danse mortelle. Une rapide estocade renversa l'ennemi, déjà perturbé par la boue que le général lui avait lancé de sa main libre pour le distraire. Il tomba à genoux, se tenant le ventre. Thalkion lui assena un grand coup de pied pour le faire tomber et le mettre hors de combat, ramassant par-ailleurs l’épée anormalement droite du guerrier ennemi. Le soixante-douzième, compta Halwynt, qui prit quelques secondes pour jauger son environnement avant d’empoigner l’épée trouvée plus tôt. Celle-ci décrivit comme une ligne droite dans le ciel alors que le général l’avait lancé ; elle atteint sa cible, dix mètres plus loin, en mettant un terme au duel entre un stendelien en mauvaise posture et un oldmondois qui s'apprêtait à le décapiter. Les canons crachèrent toute leur haine par une nouvelle salve, leurs projectiles déchirant le paysage et balayant tout sur leur passage. Des éclats d'obus et de boulets volaient dans toutes les directions, des hommes étaient soufflés en morceaux, leurs cris étouffés par le vacarme assourdissant. La tempête faisait rage, la pluie fouettant les visages, le vent hurlant dans les oreilles, la mort chuchotant dans les oreilles à chaque instant. La boue était un piège mortel, ralentissant les mouvements, alourdissant les pas, mais Thalkion et ses hommes campaient toujours malgré tout, défendant cette ferme, qui elle-même défendait par sa position les arrières lignes de logistiques de la Garde. Leur détermination était tout simplement inébranlable. Le champ de bataille était un enfer sur terre, un tourbillon de violence et de désespoir. Mais au milieu de ce carnage, comme toujours, Thalkion se tenait debout, figure indomptable dans la tempête, prêt à affronter l'ennemi jusqu'à son dernier souffle.

 

Le dernier conseil 

 

Quelques mois plus tôt, GQG de la Garde Volontaire, Fort Herobrine, Stendel.

La salle de réunion du Fort Herobrine était plongée dans une semi-obscurité, les seuls rayons de lumière filtrant à travers les fenêtres couvertes de pluie. Autour de la longue table de chêne, les généraux de la Garde Volontaire s'étaient rassemblés, leurs visages graves et leurs regards sérieux trahissant l'urgence de la situation. Au bout de la table, le Maréchal Pencroff, fondateur historique et inspecteur général, fixait ses collègues d'un regard scrutateur. À ses côtés, le Maréchal Ghideon Zorn, Général-en-chef et 1er Consul de la Garde, était plongé dans ses pensées, ses mains crispées sur le dossier de sa chaise. À côté de lui, la Générale d'armée Wendy Marvel, Major-général de l'armée, et le Général d'armée Thalkion, commandant du 2e corps d'armée, échangeaient des regards entendus, évaluant silencieusement la situation. De l'autre côté de la table, l'Amiral Wariow, commandant des forces navales de la garde volontaire, discutait à voix basse avec le Vice-Amiral Louis Vis-Thon, Chef d'état-major de la flotte. Le général de corps d'armée Jihair, commandant du 1er corps d'armée, et le général de corps d'armée Darkalne, commandant du 3e corps d'armée, échangeaient des informations avec le général de corps d'armée Suljii, commandant du 4e corps d'armée.

 

Pencroff prit la parole, sa voix grave résonnant dans la salle silencieuse : 

 

- "Mes chers camarades, la situation sur le continent d'Oldmond devient de plus en plus précaire. Les forces de la coalition avancent rapidement, et nos troupes sont déjà engagées sur plusieurs fronts.J’aurai aimé vous dire que la première guerre aurait calmé ces enragés, mais je crois que nous n’avons jamais été aussi loin de la paix que maintenant." Le Maréchal Zorn acquiesça d'un signe de tête et renchérit : 

 

- "Nous devons agir avec prudence mais détermination. Nos renseignements indiquent que l'ennemi prévoit une attaque sur l'île de Cerdène, et nous devons nous préparer à les affronter. Nous avons depuis l’année passée réussi à garder une tête de pont sur l’île du Cap, juste à l’ouest de Cerdène. Il s’agit de notre seule porte d’entrée sur le continent." 

 

Les généraux échangèrent des regards inquiets, conscients de l'ampleur de la tâche qui les attendait. Mais aucun d'eux ne fléchit, leur détermination à protéger l'Empire et à défendre la Garde Volontaire restait intacte. Autour de la table décidément, la tension n’était plus palpable mais observable. L’on aurait pas été étonné de voir des petits éclairs se former au-dessus des têtes de généraux. Le Maréchal Pencroff prit à nouveau la parole. Son regard perçant balaya la pièce, embrassant chacun de ses comparses. 

 

- "Les empires d'Oster et de Kislev, ainsi que le royaume de Hohen, sont en train de s'allier contre nous. Leurs dirigeants, la Tsarine Katarina, le Saint-Empereur François II et la Reine Louise de Hohenburg, sont déterminés à étendre leur emprise sur oldmond … Nous savons que Stendel n’est pas loin. Le bataillon d’exploration a chèrement donné sa peau pour nous permettre de connaître les ambitions belliqueuses de ces super-puissances." 

 

Le Maréchal Zorn, assis à côté de lui, acquiesça avec gravité. 

 

- "Nous savons qu'ils ont sous-estimé nos forces par le passé, mais nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde. Ils sont prêts à tout pour atteindre leurs objectifs, et nous devons être prêts à les affronter." 

 

La Générale d'armée Wendy Marvel, spécialiste de l'artillerie, l’interrompit. "Nous avons l'avantage en termes de préparation et d'organisation c’est vrai. Depuis la grande réforme de l'an 300, la Garde Volontaire est plus forte que jamais. Nos effectifs sont nombreux et bien entraînés, et nous disposons de vastes moyens de renseignement pour anticiper les mouvements de l'ennemi." 

L'Amiral Wariow, un homme de la mer aux allures robustes, prit la parole à son tour : 

 

- "C’est certes vrai, mais n’oublions pas qu’il s’agit là encore de trois empires. Et même si la précédente guerre a été remportée aussi grâce à la méconnaissance de notre ennemi, ce n’est plus le cas maintenant. Nos forces navales sont prêtes à défendre nos côtes contre toute tentative d'invasion. Nous avons renforcé nos positions le long de la côte et nous surveillons étroitement les mouvements de la flotte ennemie, mais jusqu’à présent, aucun navire oldmondois n’a osé se présenter jusqu’à nous." 

 

Le Général de corps d'armée Thalkion, homme de terrain expérimenté, ajouta : 

 

- "Nous devons également nous assurer que nos troupes sont bien préparées pour le combat. Nous ne pouvons pas nous permettre le moindre relâchement. La victoire dépend plus que jamais de notre détermination et de notre capacité à nous adapter à chaque situation." 

 

Le Maréchal Pencroff hocha la tête, satisfait de la détermination affichée par ses collègues. 

 

- "Mes chers amis, nous avons surmonté des défis bien grands par le passé mais aucun ne surpasse celui que nous nous apprêtons à rencontrer. Je sais pourtant qu’ensemble, nous pouvons faire face à n'importe quelle menace. Restons unis, restons forts, et nous vaincrons."

 

La discussion entre les généraux se poursuivit, chaque voix apportant son expertise et sa perspective unique sur la situation. Le général de corps d'armée Jihair, “l’Homme de fer”, réputé pour son courage sur le champ de bataille, prit la parole d'une voix assurée. 

 

- "Nous devons être prêts à faire face à des tactiques de guerre nouvelles et imprévisibles. Nos ennemis sont rusés, et nous ne pouvons pas nous permettre d'être pris au dépourvu. La flexibilité et la rapidité seront nos atouts principaux dans cette bataille." Le général de corps d'armée Darkane, spécialiste des opérations de reconnaissance, approuva d'un signe de tête.

 

- "Je suis d'accord avec Jihair. Nous devons maintenir une vigilance constante et être prêts à adapter nos stratégies en fonction des mouvements de l'ennemi. Les informations que nous recueillons seront cruciales pour anticiper leurs actions et prendre l'initiative sur le champ de bataille." La Générale d'armée Wendy Marvel, qui avait dirigé de nombreuses campagnes avec succès, ajouta :

 

-  "Nous devons aussi nous assurer que nos approvisionnements sont suffisants pour soutenir nos troupes sur le long terme. La logistique sera un élément crucial de notre succès, et nous ne pouvons pas nous permettre de négliger cet aspect." 

 

Le Maréchal Pencroff, qui avait dirigé la Garde Volontaire depuis sa fondation, personnellement formé chacune des têtes présentes à ce conseil ne pu manquer d’afficher un air empli de fierté et d’une tendresse de père de substitution. Et après une brève conclusion, les généraux se levèrent de la table, unis dans leur détermination à défendre Stendel et l'Empire contre toute menace. Ils se quittèrent, chacun vacant à ses devoirs, prêts à affronter les défis à venir avec courage et détermination, conscients que leur camaraderie et leur solidarité seraient leurs meilleures armes dans cette lutte pour la survie de leur patrie.

 

Oeil pour oeil

 

Thalkion eut une pensée : il ne connaissait même pas le nom du corps de ferme dans lequel ils se trouvaient, ni quelle famille avait habitée cette bâtisse. Il savait seulement que maintenant et à jamais, cette ferme serait pour lui et ses hommes le “Mas pourpre”. Les murs,couverts d’un liquide rougeâtre, en étaient la matérialisation la plus imagée.

 

La pluie fouettait toujours le sol boueux, les éclairs déchiraient plus que jamais le ciel assombri, rendu zébré par un tonnerre résonnant comme un présage funeste. Dans ce chaos naturel, le Général Thalkion se tenait droit, une lueur déterminée dans les yeux, alors que ses hommes se préparaient à affronter l'ennemi  qui, avait reculé pour se reformer. Il essuya le sang qui avait abondamment tâché son sabre.

- “Cent, tout pile” constata-t-il

Les canons ennemis grondaient toujours au loin, annonçant l'arrivée imminente de la tempête de fer et de feu qui s'abattrait bientôt sur le Mas Pourpre. Mais pour l’instant, c’est bien la faction coalisée des oldmondais qui avait reculée. Manifestement, le premier assaut n’avait pas franchement été une réussite puisque la ferme montrait encore et toujours avec audace l’étendard bleu, mauve et blanc de la Garde Volontaire.

 

Thalkion resserra la poignée de son sabre, une lueur d'anticipation brillant dans ses prunelles sombres alors qu’il repassait à toute vitesse le déroulé des événements dans sa tête : les oldmondais avaient donc tentés de couper-court à la campagne militaire des stendeliens en attaquant l’île du Cap en ayant profités du brouillard naturel pour se camoufler. Comment étaient-ils venus, et comment, alors que la Garde investissait progressivement le continent d’Oldmond, une troupe aussi énorme avait pu contourner Cerdène sans avoir été repérée par la marine stendelienne ? Tant de questions qui n’étaient pas si cruciales à l’instant, mais qu’il faudrait résoudre pour le bon déroulé de la suite de la campagne.

Il jetta un dernier regard à ses hommes, des camarades de longue date, dont la bravoure et la loyauté n'ont jamais failli, même dans les moments les plus sombres. Après le premier assaut, il faut bien reconnaître que la division Thalkion avait été tout de même forcée à reculer. Le combat, qui s’était jusqu’ici déroulé en plaine, se déportait donc dans un milieu plus urbain, près du petit village de Grand-Hameau-d’Arc. 

- “Tudieu, des civils…” grommela Thalkion, en se disant que bientôt, il ne resterait plus âme qui vive dans ce bourg. Il envoya trois soldats dans le village, voulant prévenir ces derniers de filer à toute vitesse en prévision du massacre qui allait bilatéralement s’en suivre. Le général regarda les trois cavaliers s’en aller à Hameau-d’Arc en se disant que de toute façon, il ne pouvait rien faire d’autre. Ce qu’il ne sut jamais en revanche, c’est que les habitants du petit village accueillirent les trois soldats de la Garde à coup de faux et de haches, et que, bien après la bataille, deux corps furent retrouvés décapités. On ne retrouva jamais de trace de Marianne Masset, troisième et dernière cavalière envoyée prévenir les grand-hamelais. D’ailleurs, à Grand-hameau-D’Arc, on dénombra plus de trois-cent morts ce jour-là, soit la quasi-totalité, à une dizaine près, des habitants du village, femmes et enfants compris. Les boulets, de part et d'autre, rasèrent littéralement le village de la carte. Tout dans cette situation semblait bien absurde.

 

Alors que les premières silhouettes ennemies émergaient de l'obscurité permise par la nuit arrivant, la tension monta d'un cran. Au lieu de se cacher dans le noir, les oldmondais allumèrent des centaines et des centaines de torches, illuminant la plaine d’une vague brulante, n’attendant que de se déverser sur les forces de la Garde. Les ordres retentissent, les soldats se préparaient au combat, le cœur battant à l'unisson du rythme implacable de la pluie. Thalkion, du haut de la grange du mas, leva haut son sabre, un geste qui galvanisa ses hommes, leur insufflant une détermination inébranlable. C’est ce qu’espérait le vieux général au fond car, il le savait, cet ennemi là était de trois fois supérieur en nombre ; il savait pourtant que parfois, toutes les informations n’étaient pas bonnes à donner aux personnes qui mettaient toute leur foi en lui. Il avait mal au ventre, aussi décida-t-il de parler, pour se changer les idées.

 

“Soldats de la Garde Volontaire,

 

Nous sommes réunis ici, dans ce lieu chargé d’une histoire qui nous est étrangère, et pourtant, nous sommes là pour défendre bien plus qu'un simple mas. Nous défendons un rêve, une vision pour notre Empire, pour notre patrie de Stendel. Une vision que nous avons acceptés de défendre, celle que le Maréchal Ghideon Zorn, a nourrit en nous depuis des années.

 

Notre mission est claire : protéger cette terre, garantir la paix pour nos concitoyens, et préserver l'avenir de notre nation. C'est une tâche noble et sacrée, une responsabilité que nous portons avec fierté et détermination.

 

Certes, les forces de l'ennemi peuvent sembler insurmontables, mais rappelez-vous toujours la force de notre cause. Nous ne nous battons pas simplement pour nous-mêmes, mais pour l'avenir de notre nation, de votre nation ! Pour les valeurs qui font de Stendel un phare de liberté et de progrès dans ce monde troublé.

 

Soldats, que la vision de Ghideon Zorn soit notre phare dans cette nuit sombre. Il a placé sa confiance en nous, en notre courage et en notre détermination. Nous ne le décevrons pas. Chacun de nos actes, de nos coups d'épée, sera un pas de plus vers la réalisation de son rêve de paix et de prospérité pour tous les habitants de Stendel ! Comme la Division Jihair, comme la Division Marvell, nous aussi ! Jouons notre rôle comme le font si durement nos camarades en ce moment-même à des lieues d’ici ! 

 

Aujourd'hui, nous portons sur nos épaules le poids de l'histoire, de celle qui est passée et de toute celle qui nous survivra ! Le destin attend chacun de nous en ce soir, en ces heures, allons-nous nous cacher en attendant de savoir quel est notre rôle ? Mais je vous le dis, mes frères, mes sœurs, tant que nous resterons unis, tant que nous défendrons avec courage et détermination les idéaux qui nous sont chers, nous serons victorieux. 

 

Il n’y a pas de raison plus noble que celle de se battre quand tout nous pousse à fuir! Pour le rêve de la Garde Volontaire et pour tous ceux qui sont morts pour elle ! 

En avant, soldats, et que notre détermination illumine cette nuit de bataille !”

 

Le courage de ne rien laisser transparaître

 

Thalkion comprit quel genre de douleur il avait au ventre. Pas un vulgaire mal de ventre, pas non plus une tension musculaire, non. Il s’agissait de la peur, la plus pure et la plus dure.

 

- "À l'attaque ! Pour la Garde Volontaire ! Pour Stendel !" cria-t-il, sa voix chevrotante portée par le vent furieux. Le sifflet bien connu sonna, gelant l’espace d’une seconde le temps. Ses hommes répondirent à son appel avec un cri de guerre, leur détermination inébranlable malgré l'adversité qui se dressait devant eux. La bataille devint alors un tourbillon de violence et de chaos pour savoir quelle faction aurait l’honneur à la fin d’occuper ce mas pourtant si anecdotique. Les soldats oldmondais, après avoir soufflé dans leurs instruments à vent, se lancèrent dans la mêlée avec une férocité indomptable, leurs sabres tranchants comme l'éclair, leurs mousquets atypiques crachant la mort à chaque détonation. Le sol boueux devient le théâtre de combats acharnés, où chaque pouce de terrain est disputé avec une ferveur sans pareille. Pourtant, même dans l'ardeur du combat, Thalkion et ses hommes devaient faire face à une série de défis redoutables. Les renforts ennemis étaient arrivés en nombre, leurs lignes se renforçant comme les vagues d'une marée déchaînée. Les canons adverses tiraient avec une précision accrue, leurs projectiles déchirant les défenses du Mas Pourpre avec une brutalité implacable. 

 

Malgré ces obstacles insurmontables, Thalkion restait une figure de proue inébranlable, sans comprendre vraiment pourquoi, la peur avait vite cédé le pas à un instinct bien plus fort, mais sur lequel il n’arrivait pas à mettre de mot. La volonté de survivre peut-être … ou plus simplement l’envie de tuer … ? Guidant ses hommes avec courage et détermination. Il lutta aux côtés de ses camarades, embrochant d’un même coup deux oldmondais. Son sabre tourbillonnant dans l'air comme une lame de justice, repoussant les assauts ennemis avec une vigueur renouvelée à chaque instant. 

Dans ce tumulte, les ennemis avaient une forme bien différente ; Halwynt les voyait plus monstrueux qu’ils n’étaient réellement, ils n’avaient pas d’yeux mais seulement des bouches pour hurler leur rage. Naturellement, ce n’était bien sûr pas le cas puisque les Humains d’oldmond sont tout à fait similaires aux stendeliens ; simplement, Thalkion en son fort intérieur refusaient de voir leur humanité, car c’était après tout plus facile d’occir une bête monstrueuse. Mais alors que la bataille pour le Mas arrivait à son paroxysme, laissant entrevoir la possibilité d’une victoire, un boulet bien placé ricocha sur le sol et vint se fracasser dans l’un des murs, ouvrant dans le mas, une faille certaine. Cette brèche devint l’unique fissure dans les lignes de la Garde, un trou dans leur résistance. C'est dans ces moments critiques que le véritable test de la bravoure et de la détermination de Thalkion et de ses hommes commençait vraiment. La défense de la ferme allait être féroce.

 

Quelques heures étaient passées, la déjà très faible lumière du soleil avait définitivement cédé sa place à la nuit noire. Des cris de bataille emplissent l'air tandis que les forces ennemies redoublent d'efforts pour exploiter la brèche dans les défenses de la Garde. La division Thalkion s’était définitivement retranchée dans la ferme après que sa seule charge de cavalerie se soit faite exterminer par les instruments surprises des oldmondais. Des sortes d’appareil à mitraille, bien plus rapides en tir et en utilisation que les canons à mitraille de la Marine de Middenheim. Debout au cœur de la tourmente, Il observait avec une intensité glaciale les lignes de son ennemi se resserrer autour d'eux. Au fond de leurs lignes, il voyait Martin Bain, le dernier des cuirassiers de la charge se faire emporter par des vigoureux bras ennemis. Il détourna les yeux en voyant le scintillement d’une grande hache qui tournoyait non loin, une hache parfaite pour décapiter. De grosses gouttes de pluie coulèrent sur le visage de Thalkion, impuissant.

Les éclairs illuminaient son visage, révélant les cicatrices de nombreuses batailles passées, témoins silencieux de sa détermination inébranlable mais aussi des profondes failles qui jalonnaient tant ses traits que son cœur. La situation devenait de plus en plus désespérée alors que les forces ennemies continuaient d'affluer, leurs canons tirant sans relâche sur les remparts déjà affaiblis du Mas Pourpre. Les hommes de Thalkion se battent avec une férocité indomptable, mais même leur bravoure semblait vaciller face à l'ampleur de la menace qui les entourait. 

 

Pourtant, malgré l'adversité écrasante, Thalkion refusait de céder au désespoir. Il inspirait ses hommes avec son calme imperturbable, leur rappelant les innombrables victoires remportées par la Garde dans le passé. Ensemble, ils avaient lutté contre vents et marées, leur détermination étant la seule chose qui les maintient en vie dans cet enfer sur terre. Soudain, un nouveau danger surgit de l'obscurité alors que des renforts ennemis se frayent un chemin à travers les lignes déjà affaiblies de la Garde. Thalkion jetta un regard rapide autour de lui, évaluant la situation avec une clarté d'esprit imperturbable. Il savait que la victoire était loin d'être assurée, elle devenait même perdue d’office avec ce nouveau contingent d'ennemis ; la bataille se solderait par une miraculeuse victoire ou une mort méritée. Avec un cri de guerre retentissant, Thalkion se lança dans la mêlée une fois de plus, son sabre tournoyant dans un ballet mortel, il gardait les doubles battants de la porte, s’assurant qu’aucun oldmondois ne s'en approche à plus de vingt pas. Ses hommes le suivaient avec une détermination impressionnante, leurs cœurs brûlant d'une flamme indomptable alors qu'ils affrontaient les vagues incessantes de leurs ennemis. Dans cet instant crucial, Thalkion et ses hommes se tenaient ensemble, unis dans leur combat pour la survie et le devoir.

 

Les hommes de Thalkion se battaient avec une férocité maintenant désespérée, leurs armes brisant les lignes ennemies avec une détermination farouche. L’artillerie oldmondoise envoyait boulet sur boulet, visant les murs et les portes du corps de ferme. Heureusement avec ce temps, pratiquement aucun ne touchait. De leur côté, les trois canons qu’ils avaient réussi à barricader, tonnaient sans relâche, projetant des éclats de fer et de feu dans les rangs serrés des oldmondois. Dans ce chaos infernal, Thalkion luttait sans répit, son sabre tranchant la chair ennemie comme une lame affûtée, repoussant chaque assaut avec une détermination inébranlable. Il avait reçu de sévères coups dont le plus marquant lui avait enlevé l’utilisation de son oeil gauche. L’unique oeil restant le brûlait, empli de pluie, de larmes et de sang ; son esprit embrasé par le feu de la bataille, il allait rendre coup pour coup, oeil pour oeil, et dent pour dent. 

Pourtant, même dans leur désespoir, les forces ennemies ne reculaient pas. Au contraire, elles redoublent d'efforts, leurs rangs se resserrant autour de la Division Thalkion comme un étau mortel. Et alors que la situation semblait de plus en plus désespérée, une unité d'élite de l'ennemi surgit des ténèbres, leurs armures étincelantes dans la lumière des éclairs. Avançant avec une assurance glaciale, leurs armes luisant d'une lueur sinistre alors qu'ils se préparent à l'assaut final. C'est une botte secrète, une force d'élite entraînée pour anéantir leurs ennemis avec une efficacité impitoyable. 

 

- “Les bâtards” grogna le général. La compassion et l’humanité avaient peu à peu quittées le cœur du général. C’était normal en temps de guerre se disait-il, sans doute que ces qualités lui reviendraient après-coup. Enfin, il l'espérait.

 

Thalkion resserra sa prise sur son sabre, son regard se durcissant alors qu'il prenait la mesure de cette nouvelle menace. Il constata ses blessures : deux aux bras, 3 estocades miraculeuses aux ventre, et un pied droit salement rapé. Il savait que la bataille était sur le point de basculer, que la survie de la Garde Volontaire dépendait de leur capacité à faire face à cette ultime épreuve. Avec un cri de défi, il provoqua l'ennemi, déterminé à défendre le Mas Pourpre jusqu'à son dernier souffle.

 

En un instant, la fin de toute chose

 

Les canons tonnaient encore et toujours plus, déchirant le ciel de leurs éclats assourdissants, tandis que les soldats de Thalkion se battent avec une bravoure indomptable, leurs armes étincelant dans la lumière des flammes qui ravagent le champ de bataille. Au cœur de la ferme, Thalkion se tenait debout, son sabre retenu par la dragonne, il ne se battait plus mais poussait. Il poussait fort sur les portes, bloquant celles-ci pour éviter que les oldmondois ne rentrent. Il avait un éclat de détermination brûlant dans ses yeux ; il aurait été dur de dire qui, des stendeliens ou des oldmondois, avait le plus l’air d’un animal. Les premiers poussaient de toutes leurs forces pour empêcher la porte de céder, tandis que les seconds, rendus fous par une rage bestiale sentant l’odeur de la victoire, tiraient de toutes leurs forces. 

Autour de lui, ses hommes se battaient avec une férocité désespérée, repoussant chaque assaut ennemi avec une force redoublée. Les cris de guerre résonnaient dans l'air, mêlés aux hurlements de douleur des blessés et au bruit sourd des corps qui s'entrechoquent. Le combat faisait rage, chaque coup porté avec une précision mortelle, chaque mouvement calculé dans le feu de l'action. Thalkion et ses hommes luttaient avec une bravoure indomptable, repoussant les assauts ennemis avec une détermination farouche. Chaque coup porté était un cri de défi contre l'obscurité qui menaçait de les engloutir, chaque mouvement était une affirmation de leur volonté de survivre et de se battre pour la victoire. Pourtant, malgré leur courage, la bataille semblait doucement tourner en faveur de l'ennemi L'ennemi continuant d'affluer, menaçant d'écraser la Garde sous leur nombre écrasant. Alors que la situation devenait de plus en plus désespérée, Thalkion et ses hommes entendirent un sifflement sourd. Un millième de seconde plus tard, dans un grand bruit de chair explosée, la porte subit une secousse énorme qui donna des fourmis aux mains des soldats. Halwynt eut une pensée : 

 

- “Je rêve ou …?”

 

Non. Il ne rêvait pas. Les oldmondais tiraient à présent sur les portes de la ferme, en faisant fi de leurs propres troupes, agglutinées à ouvrir les portes de l’autre côté. Le premier boulet avait au moins explosé une dizaine d’hommes, et les multiples salves qui suivirent en décapèrent une dizaine de plus. Les lignes de la Garde commencent à fléchir, leurs défenses s'effondrant sous la pression constante de l'assaut ennemi. Thalkion serre les dents, son cœur lourd de désespoir alors qu'il voit ses hommes tomber autour de lui, leurs cris de douleur se mêlant au tumulte de la bataille. Quand soudain, la porte, simple planche issue d’un vieil arbre, devenue trop faible pour supporter tout le bordel de ce monde, se mit à craquer, les boulets ne firent qu’une bouchée de tous ceux qui se trouvaient devant et derrière. La chance voulut qu’Halwynt évita de justesse un premier boulet, qui passa juste au-dessus de son épaule droite. Le deuxième en revanche, n’ayant que faire des concepts de chance, vint arracher la jambe gauche du général, pulvérisant de façon unilatérale ce qui lui avait servi à marcher depuis sa naissance, en l’an 75. La fin de toute chose, au final.

 

Quand soudain, un cor reconnaissable entre tous.

Les renforts de la Garde Volontaire arrivaient comme une bouffée d'air frais au milieu du tumulte de la bataille. Le Maréchal Ghideon Zorn lui-même, pesta contre la fourberie de l'ennemi, lui qui n’aimait déjà pas beaucoup les tactiques honteuses. Les renforts de la Garde déferlaient sur le champ de bataille avec une détermination renouvelée, leurs pas martelant le sol avec une force irrésistible. Ghideon Zorn menait l'assaut, sa silhouette imposante se découpant dans l'obscurité, son sabre scintillant à la lueur des torches environnantes. L'adrénaline pulsait dans ses veines alors qu'il guidait ses hommes vers la victoire, sa voix tonitruante couvrant le fracas des combats.Avec un corps d’armée derrière lui, Ghideon Zorn et ses hommes reprirent l'initiative, repoussant les forces ennemies avec une férocité renouvelée.Il ne s’agissait plus de gagner la bataille, mais de massacrer ces oldmondois jusqu’aux derniers. Les sabres étincelaient, les mousquets crépitaient, et les cris de guerre des soldats de la Garde remplissaient l'air alors qu'ils se lançaient dans l'assaut final contre l'ennemi pour tenter de sauver ce qui restait de la division Thalkion.

 

Est-ce que cela dura une ou deux heures ? Peut-être plus ? Peut-être même un mois ou une éternité… Les lignes de l'ennemi commençaient à fléchir sous la pression combinée des forces de la Garde, leurs défenses s'effondrant sous le poids de l'assaut incessant. Ghideon Zorn se battait avec une détermination farouche, son sabre dansant dans sa main alors qu'il pourfendait les rangs ennemis avec une précision mortelle, chaque mouvement calculé pour briser la résistance adverse. Pour le Maréchal, chaque mouvement était une affirmation de sa volonté de sauver ses hommes et de se battre pour la victoire. Dans le chaos de la bataille, il ressentait l'urgence de protéger le Mas Pourpre, de défendre Stendel contre les forces qui le menaçaient. Les questions seraient pour plus tard, seul l’instinct prévalait en ce moment.

Enfin, après des heures de combat acharné, la victoire était enfin à portée de main. Les forces de l'ennemi reculaient, leurs rangs brisés et dispersés par la puissance combinée de la Garde Volontaire. Les oldmondois regagnaient la mer depuis les barques silencieuses qui les avaient emmenés sur l’île du Cap. Certains se jetaient à l’eau, d’autres affrontaient la masse grouillante des stendeliens, leur ultime ennemi. Car après tout, la guerre était une question de point de vue. Les cris de triomphe des soldats de la Garde remplissaient l'air alors qu'ils repoussaient l'ennemi hors de ce qu’il restait de Grand-hameau-d’Arc, leur drapeau flottant fièrement au sommet des maisons détruites.

 

 

Le premier et le dernier ami

 

Un spectacle de mort et de désolation constata le Maréchal Ghideon Zorn avant de pénétrer dans la cour du mas. Son fidèle destrier, à la robe impeccablement blanche, était devenu cramoisi, mais portait toujours fièrement son cavalier.  Alors qu’aucun oldmontois n’avait réussi ne serait-ce qu’à mettre un pied dans la cour de la ferme, le Maréchal fut celui qui poussa les battants déchiquetés par les boulets et les lames.

 

Dans la cour, un spectacle bien triste, constata GhideonZorn. Le second régiment d’infanterie était celui qui avait survécu à Kel’Daer, malgré de nombreuses pertes, et par habitude on disait que l’espérance de vie n’y dépassait pas les cinq ans de carrière. Le spectacle ici, était bien plus morbide. Des malades, des amputés, des soldats aux membres si sévèrement touchés qu’ils ressemblaient plus à des morceaux de viande qu’à autre chose. Et au milieu de tout ça, comme s’ils gardaient un précieux trésor, gisait le général Halwynt Thalkion. 

 

A la vue de son ami, celui-ci se releva, en disant au médecin de prendre congés. Très péniblement, le ninegyréen se remet sur sa seule jambe, tentant de s’épauler d’un mousquet fracassé. Le Maréchal Zorn eut un sourire en voyant la mine inchangée de son collègue, mais déchanta vite en voyant l’étendue des dégâts : un œil en moins, un uniforme si taché de sang qu’il paraissait maintenant rouge et non bleu ; mais pire que tout, la jambe, enfin celle qui manquait.

On l'obligeait à se coucher à nouveau, sous les protestations du général fatigué, qui avait pourtant intimé à tous de le laisser faire. Le visage de Thalkion était marqué par la douleur et la fatigue, mais ses yeux brillent encore d'une lueur de détermination et de fierté. Ghideon s'approcha lentement du lit de fortune, le cœur serré par l'émotion et le poids de la perte qu’il savait imminente. Il ôta son célèbre bicorne.

 

- "Thalkion," murmura-t-il d'une voix grave, empreinte de tristesse et de respect. 

Thalkion tourna légèrement la tête vers son ami, un faible sourire étirant ses lèvres parcheminées : 

 

- "Ghideon," répond-il d'une voix rauque mais résolue, "Je savais que tu viendrais, c’est pour ça qu’on a tenu bon" 

Le Maréchal s'asseyit  sur le bord du lit, posant une main réconfortante sur l'épaule du condamné :"Comment te sens-tu, mon ami ?" demanda-t-il doucement. Thalkion laisse échapper un soupir fatigué : 

 

- "Je suis fatigué, Ghideon, très fatigué. Mais je suis aussi fier. Fier de notre Garde, de ses hommes et de tout ce que nous avons accompli ensemble." Ghideon hocha la tête avec compréhension. 

- "Nous avons traversé tant d'épreuves ensemble, Thalkion. Tant de batailles, tant de sacrifices. Mais c'est grâce à des hommes comme toi que la Garde Volontaire demeure forte et fière." Thalkion sourit faiblement, les souvenirs de leurs années de service affluant dans son esprit : 

- "Se souvenir de nos débuts à la Garde, des luttes et des victoires que nous avons partagées... C'était une vie bien remplie, mon ami." Ghideon acquiesca, son regard se perdant dans les méandres du passé : 

- "Oui, une vie bien remplie. Et pourtant, nous avons encore tant à accomplir. Ta bravoure et ton dévouement ont inspiré tant d'hommes, Thalkion. Ton nom résonne au sein de la Garde Volontaire pour les générations à venir ; nous avons encore tant de choses à faire, et de combats à mener.", continua le Maréchal, un sanglant réprimé dans la gorge. Thalkion ferma les yeux un instant, laissant les paroles de son ami résonner en lui : 

- "Merci, Ghideon. C'est tout ce que j'aurais pu espérer. Que la Garde demeure forte, que ses hommes continuent à défendre notre patrie avec courage et honneur. Désormais, ces combats il te faudra les porter d’autant plus fort, car bientôt je ne serai plus là pour rattraper tes conneries" ricana Halwynt, crachant au passage un sacré paquet d’hémoglobine.

 Le Maréchal serra un peu plus fort l'épaule de Thalkion, sentant les derniers souffles de vie s'échapper de son corps affaibli. 

- "Repose-toi maintenant, mon ami. Tu as bien mérité ton repos. Nous veillerons sur ton héritage, et ta mémoire vivra éternellement au sein de la Garde Volontaire." 

- “Attends, hoqueta Thalkion. Penche toi, j’ai quelque chose à te dire, quelque chose de très important”

Alors le Maréchal écouta, à demi penché sur son ami. Aucun des témoins ne sut jamais ce qu’il se dit, mais à la fin de la discussion, le ninegyréen avait l’air résigné, et le maréchal désolé. Malgré tout, les deux hommes échangent un dernier regard empreint de respect et d'affection, avant que Thalkion ne ferme définitivement les yeux. Ghideon resta un long instant près de lui, laissant la paix de l'éternité envelopper son ami tombé au champ d'honneur, avant de quitter les lieux, le cœur lourd.

 

Epilogue : 

 

Thalkion, né ninegyréen, avait toujours su que la mort ne lui apporterait pas le repos éternel auquel aspirent tant d'autres. Dans la tradition de son peuple, mourir pour autre chose que son rêve, son but ultime, signifiait être condamné à une existence ambivalente et errante. C'était une règle sacrée, ancrée dans les croyances les plus profondes de Ninegyr, et Thalkion avait toujours su qu'il en serait ainsi. Pourtant, malgré cette sombre perspective, Thalkion avait choisi de se battre, de donner sa vie pour défendre l’idéal de son ami. Il avait fait face à la mort avec courage et détermination, sachant pertinemment ce qui l'attendait de l'autre côté. Alors qu'il gisait sur son lit de mort, entouré de ses compagnons d'armes et de son ami fidèle Ghideon Zorn, Thalkion était tourmenté par la conscience de son destin funeste. Il savait que son âme ne trouverait jamais la paix, condamnée à errer dans les terres de Stendel, hantée par des souvenirs tronqués et des émotions confuses. Pourtant, malgré cette perspective sombre et oppressante, Thalkion trouvait une forme de réconfort dans le fait d'avoir combattu pour ce en quoi il croyait. Il n'avait aucun regret, aucune hésitation quant à ses actions. Il avait vécu et combattu avec honneur, et c'était là l'essentiel pour lui. Ghideon Zorn, ignorant des véritables implications de la mort pour un ninegyréen, ne pouvait que ressentir la tristesse et le chagrin de perdre un ami et un compagnon d'armes aussi valeureux que Thalkion. Il ne pouvait pas comprendre les tourments de l'âme de son ami, ni la sombre destinée qui l'attendait au-delà de la vie. Et ainsi, alors que Thalkion fermait les yeux pour la dernière fois, il savait que son combat n'était pas encore terminé. Son âme errante continuerait de hanter les terres de Stendel, portant le poids de son sacrifice et de son destin tragique pour l'éternité. Mais il trouverait peut-être, quelque part dans cet au-delà tourmenté, une forme de paix dans le souvenir de ses actes héroïques et de son dévouement sans faille à sa cause.

 

Thalkion avait toujours cru en la grandeur de la Garde Volontaire, en sa mission noble et en son devoir envers l'Empire. Depuis le jour où il avait rejoint ses rangs, il avait consacré sa vie à servir cette cause, à défendre les idéaux de justice et de liberté pour lesquels la Garde se battait. Et même dans la mort, Thalkion restait fidèle à cette conviction, prêt à suivre son ami et commandant, Ghideon Zorn, jusqu'au bout du monde. Malgré la sombre perspective qui l'attendait au-delà de la vie, Thalkion avait choisi de mettre de côté ses propres aspirations et désirs pour soutenir Ghideon dans sa destinée. Il avait sacrifié son repos éternel pour accompagner son ami dans son chemin, pour l'aider à accomplir sa mission, même au prix de sa propre tranquillité. C'était là le véritable testament de la loyauté et du dévouement de Thalkion envers Ghideon Zorn et envers la Garde Volontaire. Il avait fait passer les intérêts de son ami et de son ordre avant les siens, renonçant à son propre repos pour servir une cause plus grande que lui-même. Et même si son âme errante serait condamnée à une existence tourmentée dans les limbes de Stendel, Thalkion ne regrettait pas sa décision, mais bien entendu, il y avait en lui une peur certaine. Il avait agi en accord avec ses convictions les plus profondes, guidé par l'amitié et le sens du devoir. Et dans cette éternité incertaine, il trouverait peut-être une forme de rédemption dans le souvenir de son sacrifice et de sa loyauté indéfectible envers ceux qu'il aimait et envers les idéaux qu'il avait défendus jusqu'au bout.

 

Divulgacher

Teh s'éveilla.

 

Il lui semblait avoir fait l'un de ces rêves dont l'on croit se souvenir sans toutefois cerner proprement le sens de ce dernier ou ce qu'il y avait fait. Comme un long et vieux rêve empreint de fierté, de gloire, mais surtout de remords, enchaînant Teh en cet instant très précis au pied de ce saule dont il ne se souvenait pas. Comme un vieux rêve où l'on y joue le héros d'une aventure sans pourtant être certain d'avoir été le personnage principal de cette quête de toute une vie. Toute sa vie.

 

Puis le son revint. La nature, sifflant à ses oreilles, d’abord bruyante, puis amenant avec elle la douceur du bruissement des feuilles, le chuchotement de l'eau, glissant vers la mer, comme inexorablement attirée vers elle par des forces immuables. Le son aussi, de l'herbe qui danse, trimballée par la douce mélodie d'un vent piquant, dont le froid mordait semblait mordre le chevalier, sous son épaisse couche de métal. 

La vie, oui, c'était cela. Ou en tout cas les sens permettant de la capter dans toute sa volupté, soulignant  son omniprésence en chaque lieu et chaque endroit. Il ouvrit les yeux seulement pour voir une lumière éclatante, aveuglante, heureusement filtrée par la visière de son heaume cliquetant, comme une barrière entre lui, et le reste.

 

Le chevalier s’était levé, arpentant le monde dans lequel il venait de naître, aiguillé par un drôle de chien qui ne semblait pas vouloir le quitter. Il ne savait rien, hormis le fait qu’à chaque coin d’obscurité, chaque pan de noirceur, chaque ombre, il sentait une puissance noire l’appeler, le soudoyer. 

 

Plus tard, bien plus tard, Stendel aurait elle-aussi à pâtir d’un chevalier errant et son chien, silencieux, ostracisé mais inoffensif de jour. La nuit en revanche, gare à qui croisait le chemin du Condamné pour l’éternité.

 

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