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Esmar
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Le noir. Ou plutôt un semblant de noir, pourtant illuminé par deux écrans, l’intérieur d’un ordinateur éventré, surement dans le but de laisser un peu de cet air renfermé refroidir des pièces électroniques qui n’ont pas connu le repos depuis de longs mois. Le bureau, méconnaissable, croulait sous les divers cahiers, bols vides et autres bouteilles. Cependant, dans cette étrange pénombre, face à ces deux véritables projecteurs, un jeune adolescent pianotait sur son clavier, attentif à la moindre action sous ses yeux.

 

Soudain, un bruit emplit la pièce, alarmant le jeune. Il leva ses yeux rouges, fatigués par les longues heures de concentration. Il vérifia l’origine du son sur le premier écran face à lui, puis sur le second. Rien. Puis un bruit de cafetière se fit entendre. Ainsi, alors que son père se levait, le jeune comprit qu’il était temps de tirer sa révérence et d’aller se coucher. Cependant, il voulait vérifier une dernière chose. Quelques rapides coups de souris, une nouvelle fenêtre s’afficha. Le jeune prit alors un air satisfait puis lança un téléchargement. Quelques secondes plus tard, un texte apparut sur un fond marron, affichant en lettres grises : MINECRAFT. L’adolescent hésita : d’un coté son envie et besoin d’aller dormir, de l’autre, sa flemme de se lever et son impatience de découvrir son nouveau jeu.

 

Cependant, ses mauvaises habitudes reprirent rapidement le dessus et le jeu fut rapidement lancé. Mais, lorsque le nom du serveur fut inséré, lorsque le temps de chargement fut terminé, alors même que le jeune homme posait ses doigts sur le clavier, près à s’immerger dans un nouveau monde, jamais il n’aurait imaginé ce qui allait suivre. Un grand flash apparut, l’éblouissant.

Il reprit connaissance sur la grande place d’une ville médiévale, au milieu des crieurs publics, des échoppes et auberges en tout genre. Du moins, c’est ce qu’il supposa car une chose est anormale en ces lieux et cet habitué des jeux le remarqua aisément. En effet, tout ce qui l’entourait semblait composé de pixels, ces minuscules blocs permettant d’afficher des images sur ses écrans. Il essaya alors de s’approcher d’un de ses « blocs » et constata que celui-ci possédait des détails mais gardait son unité et était indépendant du reste de la taverne observée. Tout ce qui l’entourait était fait de pixels, même les personnages l’entourant et pourtant, tous étaient reconnaissables. L’esprit confus, perdu dans cette masse environnante, il arrêta un passant (ou ce qui s’en approchait) pour le questionner, ayant peur de comprendre. Du moins, c’était son but mais l’intéressé daignât à peine le regarder et continua son chemin, injuriant celui qui lui avait fait perdre de son précieux temps.

 

Ne sachant que faire, l’apatride erra donc dans les ruelles, réfléchissant à ce qui avait pu lui arriver, observant son nouveau corps pixélisé ou plutôt « avatar » comme il préférait mentionner, suivant tantôt un bucheron, tantôt une courtisane, tant est si bien qu’il finit par arriver devant une maison terminant un cul-de-sac .Cette demeure dépaysait avec le reste de la ruelle, semblait trop belle pour être à cet endroit, comme si on avait téléporté un manoir des quartiers bourgeois de la ville pour le mettre dans les faubourgs malfamés.

 

Resté en extase face à la bâtisse, le jeune ne s’aperçut qu’au dernier moment des trois zombies à l’air menaçants qui s’approchaient de lui, sortant de la pénombre, malgré les râles de ceux-ci. Ce n’est que lorsqu’il vit un vieil homme ouvrit la porte de l’immense monument qu’il contemplait en lui hurlant de venir à l’abri qu’il réalisa le danger auquel il s’était exposé et courut vers l’entrée, esquivant les deux premiers monstres mais ne pouvant éviter le coup du troisième. Il se jeta alors aux côtés de son sauveteur qui s’empressa de fermer la poignée, au nez et à la barbe des assaillants. Il se retourna alors vers le blessé et se mit à parler :

« On peut dire que c’est une entrée fracassante pour un simple vagabond ! Un peu plus et tu n’étais plus de ce monde ! Tiens, mange ce pain, ça devrait suffire pour restaurer l’énergie que le zombie t’a enlevé. »

 

Il lui tendit la miche de pain que le rescapé s’empressa d’engloutir, tout en regardant autour de lui. Il observa d’immenses toiles sur les murs ainsi qu’une cheminée au centre de la pièce dans laquelle il était. Un canapé était disposé au fond de la pièce, près d’un jukebox diffusant une calme musique, s’accordant parfaitement avec l’atmosphère que donnait les nombreuses torches et l’âtre. Il se souvint alors qu’il avait risqué sa vie quelques minutes auparavant et regarda son corps à la recherche d’une quelconque blessure mais il vit que son habit, digne de la représentation des assassins médiévaux de son monde, était immaculé, laissant le blanc intact. Il remercia d’un geste de la tête son sauveteur, à la fois pour la nourriture mais également pour l’action précédente.

« Alors, quel est le nom du chanceux que j’ai sauvé aujourd’hui ?

-Je m’appelle Esmar. Merci pour tout, je vous en suis infiniment reconnaissant.

-Je n’allais tout de même pas te laisser mourir devant ma porte. Même si, par les temps qui courent, tout le monde ne laisserait pas entrer un inconnu chez soi. Espérons que je n’ai pas fait un mauvais choix, murmura-t-il pour lui-même. Alors, d’où viens-tu, Esmar ? »

 

Un œil inquisiteur se posa alors sur le « vagabond »

 

« Je ne suis pas originaire de ce monde mais d'un autre complétement différent, une sorte de monde parallèle

-Hum. Possible, vu ton étonnement face à tout, étonnement que tu devras utiliser à bon escient, cela ne m'étonne qu'à moitié. J’ai un ami qui m’avait parlé en effet d’autres réalités mais je ne le croyais pas, jusqu’à aujourd’hui. Mais tes habits, ta manière de parler, de te déplacer. Tu es différent, c’est indéniable. En attendant, il se fait tard, j’ai une chambre à l’étage que personne n’occupe, sauf toi désormais. Mon garçon, c’est le début de ta nouvelle vie sur Minefield.

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