[Accepté] Demande de citoyenneté : Nicknack

[Nicknack]

Mon roi,

 

Lors de notre premier échange, je ne vous avais pas parlé en détail de ce qui m'avait poussé à venir m'installer sur vos terres, ni de mon passé quelque peu lugubre.

Je vais profiter de cette nouvelle lettre pour vous en parler plus en détail.

 

Je suis originaire des contrées d'Amibe, plus précisément d'un village de montagne, Nelieu, 1200 habitants, connu pour ses falaises abruptes que même le plus expérimenté des alpinistes n'aurait pu gravir.

Le seul moyen d'y accéder avait était détruit à la suite d'un éboulement, en l'an 471, coupant du monde extérieur les habitants du village.

Ils vécurent reclus sur eux-mêmes de nombreuses années, ce qui poussa certains à commettre l'irréparable.

L'ambiance devint insoutenable, des disputes éclatèrent, la situation dégénéra ; des clans se formèrent : le clan Roni, dirigé par de fervents religieux qui pensaient que la seule chance de s'en sortir était de réduire le nombre d'habitants par n'importe quel moyen, et le clan Tuce, qui pensait que seule l'entraide leur permettrait de survivre; et rapidement, ce fut la guerre.

La bataille tua plusieurs centaines de personnes, et elle ne prit fin qu'en l'an 487, lorsqu'un traité de paix fut signé entre les deux partis.

 

C'est cinquante ans plus tard que je vis le jour, fils d'un fils d'anciens membres du clan Tuce et d'une fille d'agriculteurs.

Je fus éduqué et épanoui par ma mère, qui m'apprenait les règles de bonne conduite et de vie en société.

Mes soeurs, Rylai et Luna, respectivement 4 et 10 ans à ma naissance, ont su prendre soin de moi et me chouchouter durant toute leur vie, bénies soit-elles.

 

Le jour de mes 5 ans, mon père, alors agriculteur depuis plus de 20 ans, m'inculqua les rudiments de la culture du blé et du bambou, il voulait bien entendu que, comme lui, comme son père et son arrière grand-père, je devienne agriculteur.

Cela m'amusait, au départ, mais je dois vous avouer qu'après quelques années de culture intensive, l'ennui me guettait, et très vite, je conclus que la vie de paysan n'était pas faite pour moi, il me fallait me défouler les nerfs.

 

Je décidais donc, le 15 juillet de l'an 551, j'avais alors 14 ans, de partir à l'aventure.

Je ne prévins cependant pas ma famille, car je savais qu'elle s'y serait formellement opposée.

Je pris donc mon baluchon, une pelle, une pioche, quelques torches et je partis à quelques lieues du village, là ou les habitants ne préféraient pas trop s'aventurer, et je commençais à creuser.

Je creusai 1 heure, 2 heures, 3 heures, sans résultat, mais sans pour autant abandonner, je savais qu'il y avait forcément quelque chose sous ces montagnes, j'avais déjà entendu des ruissellements sous terre.

Je revins tous les jours pendant des semaines, et je finis par découvrir ce qui ressemblait à une grotte, montée d'adrénaline, je m'engouffrai dans ce trou immense que j'éclairais aussitôt.

 

Tout comme je l'imaginais, les profondeurs de la montagne regorgeaient de métaux de toute sorte, charbon, fer, je crus même apercevoir de l'or... il y avait également des cascades d'eau souterraine, et, une chose dont à l'époque j'ignorais même l'existence : de la lave.

 

Je restai longtemps à contempler la magnificence de ce véritable chef d'oeuvre de la nature, et je revins toutes les nuits suivantes pendant plusieurs années, durant lesquelles je fis des découvertes plus étranges les unes que les autres : des bruits d'ossements semblant venir des profondeurs de la terre, des odeurs nauséabondes qui passaient parfois à travers un trou dans un rocher, je vis des trous gigantesques qui ne semblaient pas être l'oeuvre d'une quelconque érosion...

Toutes ces trouvailles me faisaient froid dans le dos... je décidai cependant de n'en faire part à personne.

 

Mais un jour, tout bascula, lors d'un débat entre responsables de la ville, de sombres rumeurs sur les clans Roni et Tuce refirent surface, et la rivalité entre les deux clans revint au goût du jour.

Une fois de plus dans l'histoire du village de Nelieu, une guerre était en marche.

Très vite, il fallut s'armer pour survivre, je combattis avec acharnement pour défendre ma famille et mes terres, mais le 23 mars 557, après 18 jours de bataille, les membres du clan Roni prirent d'assaut la maison de mes parents, tous furent massacrés, mon père, ma mère et mes deux soeurs, brulés vifs sous mes yeux... mais il n'était pas heure à chouiner, je devais fuir et vite. La cachette était toute trouvée : ma grotte.

 

J'avais accumulé des provisions, ayant envisagé ce cas de figure, mais pas assez pour tenir plus d'une semaine, il me fallait me ressourcer et continuer à miner pour pouvoir espérer un jour sortir de ce foutoir.

Durant de nombreux jours, je ne saurais vous dire combien, la lumière du soleil ne transperçant pas la montagne, je tentai d'oublier mon chagrin en minant, je minai, minai, minai... jusqu'à trouver une grotte, plus immense encore que celle d'où je venais.

Il était temps, je commençais à manquer de vivre.

 

Celle grotte était différente de la précédente, elle avait quelque chose de plus inquiétant encore, une atmosphère lourde pesait dans l'air, les odeurs nauséabondes se faisaient plus fortes et l'on pouvait entendre par moments des bruits aux consonances peu rassurantes, comme des cliquetis d'os ou des grognements de je ne sais quel animal.

 

Mes craintes se concrétisèrent rapidement, après seulement quelques minutes d'exploration, je découvris une chose qui allait changer à tout jamais ma vision du monde.

Se tenait devant moi une véritable abomination de la nature, celle-ci semblait être dépourvue de bras, elle avait une peau verdâtre, des yeux rouges sang qui feraient pâlir de peur un bourreau, un trou béant à la place de la bouche...

Cette vision d'horreur me tétanisa l'espace d'un instant, tout juste assez pour lui laisser le temps de s'approcher de moi dans un silence de mort, et puis... plus rien.

 

Je me réveillai quelques jours plus tard dans ce qui semblait être une auberge, je constatais avec soulagement que mon corps était entier, d'après les dires des soldats m'ayant recueilli, j'ai eu de la chance que cette chose qu'ils appellent « creeper » n'ait "explosé" comme ils le disaient, qu'à quelques mètres de moi, sans quoi j'aurais été pulvérisé...

 

Je racontai toute mon histoire à ces soldats, qui décidèrent de m'amener à leur roi : le seigneur Rexion, qui voulait bien m'offrir une place dans son royaume à une condition : que je m'engage dans son armée, qui avait des difficultés à faire face aux immondices peuplant ce monde.

J'acceptais sans hésiter, j'avais le goût de l'action et de toute façon, avais-je vraiment le choix ?...

 

J'ai ainsi, pendant plus de quinze années, servi le royaume de Rexion, j'ai vu des choses que je n'aurais même pas imaginé dans mes pires cauchemars, dont je ne préfère pas parler... mais ces 15 années m'ont au final grandement endurci et m'ont permis d'oublier mon tragique passé.

 

En l'année 573, je fus convoqué par le roi, celui-ci m'offrit la liberté pour bons et loyaux services envers son royaume, je partis donc m'exiler, loin dans les montagnes, me construire une nouvelle vie.

 

 

La suite, mon (nouveau) roi, vous la connaissez, je me suis installé dans une montagne ou j'ai crée mon château et mon chalet, où j'ai vécu pendant plus de 10 ans, et me voici, à présent, dans votre royaume.

 

J'ai ainsi laissé derrière moi le travail de plusieurs décennies, et je sais que jamais plus je ne reverrais ma chambre, mon jardin, ma serre ou même mon bon vieux phare, qui m'ont apporté paix et repos.

 

Bref, assez parlé du temps passé, je vous écris en ce jour pour vous demander une faveur.

En effet, cela fait maintenant un certain temps que j'accomplis la charge que vous m'avez incombé, à savoir miner sans relâche, jour et nuit , pour avoir enfin le droit de m'installer sur vos terres.

 

Cette situation ne me gêne pas le moins du monde, vous le savez maintenant, je suis un homme forgé par la guerre et l'art du minage n'a plus aucun secret pour moi.

La tranquillité des souterrains, quant à elle ne peut me faire que du bien.

J'ai d'ailleurs profité de cette longue période passée sous la terre pour bâtir un temple en l'honneur de la paix, celui-ci est certes peu esthétique, mais le but premier était de vous faire comprendre à quelle point ma dévotion envers votre royaume est grande.

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Cependant, je dois vous avouer que la douce chaleur du soleil, le chant des oiseaux, ou même la simple odeur d'un bouquet de roses sont tant de choses simples qui manquent, dans ma demeure souterraine...

 

Aussi, mon bon roi, une place sur vos terres serait autant bénéfique à vous qu'à moi, j'ai en effet beaucoup appris des architectes du monde entier lors de mes voyages, et je pense être à la hauteur pour créer une bâtisse digne de ce nom.

 

J'ai également appris, lors de ma visite dans votre royaume, qu'il était coutume de s'allier aux autres citoyens pour réaliser des projets titanesques, sous les ordres d'un chef architecte, et je suis tout à fait prêt à aider qui le veut bien dans l'ouvrage d'une construction qu'elle quelle soit, j'ai d'ailleurs rejoint un groupe de mineurs pour bâtir la Cité Gardienne, projet titanesque s'il en est !

 

Ceci étant dit, j'ai ouïe dire que votre royaume possédait une puissante économie très développée.

Mon séjour souterrain m'a permis de récolter nombre de ces ressources, et j'ai déjà effectué plusieurs ventes de diamants, entre autres, avec des marchands renommés tels que Amnesia1, Vodairo ou le riche energyz.

C'est pourquoi, si jamais j'avais l'immense honneur d'être accueilli en tant que citoyen, j'aimerais postuler en tant que commerçant, non seulement pour gagner ma propre vie mais également pour profiter aux autres.

 

Aussi, mon bon roi, l'honneur que me vaudrait la gradation au rang de citoyen me permettrait de me faire une place dans votre capitale, Stendel, ville qui depuis mon arrivée dans votre royaume, me fait rêver ; de par ses murailles infranchissables, qui garantissent la sécurité de chacun, mais aussi par la vie qui y pullule à l'intérieur, j'aimerais en effet nouer des liens avec la communauté, me faire de nouveaux amis, bref, égayer la fin de ma longue vie mouvementée.

 

La joie que me procurerait le rang de citoyen permettrait au vieil homme que je suis désormais de m'aider à oublier mes vieux démons, et surtout, de pouvoir enfin mourir en paix...

 

Votre dévoué,

Nicknack.

[Kepsyn]

Cher Nicknack vous voilà citoyen de Stendel !