[pour le fun] un vieux texte sans prétention de Nalaf

[nalaf]

Ya des suites, je posterai ça plus tard.

 

Il faisait sombre ce jour là. Comme si les dieux, encore planqués là haut en train de se livrer à la luxure et à l’ivrognerie, étaient en train de préparer un mauvais coup pour les mortels d’en bas. mais, de toute façon, il était trop tard pour se lamenter. Le destin avait décidé de s’occuper de Troudu, et il serait particulièrement gâté!! Mais si l’intéréssé l’avait su, il serait resté au lit avec une bonne tisane, à s’occuper de Ginette.

Enfin bon, le jour était sombre, les nuages bas et menaçants, la mer agitée et mouvementée, et le vent mordant. en fait, tout cela n’augurait rien de bon , mais il fallait bien sortir, si on voulait manger son quignon de pain du soir. D’ailleurs, qui aurait pu penser que cette petite porte tranquille, nichée dans une petite ruelle tranquille, apporterait tant d’ennuis à un honnête et pieux cambrioleur moine. C’était un paysage tout ce qu’il y a de plus banal à Tra’’bastho, la ville aux milles chiottes. ( pour le reste, ce sont des toilettes turques!!) Troudu ne risquait rien. Aux dernières nouvelles, le guet municipal avait osé faire une sortie à 100m du commissariat, et les percepteurs devaient payer un impôt pour sortir vivant de la perception.

En attendant l’heure propice, celle où les bons et honnêtes citoyens - peu nombreux au demeurant, sont claquemurés dans leurs forteresses repoussantes nommées par certains maisons, Troudu somnolait dans une poubelle, dont le contenu devait dater de la fondation de la ville, pour le moins. Quand la Lune sera cachée derrière un nuage, même un tout petit, il forcera la porte de cette masure, ce qui devrait lui procurer de quoi remplir les poches du tavernier le plus proche.

Çà y était, c’était le bon moment. Il ajusta l’angle de tir, son pied s’envola et se fracassa lamentablement contre une porte blindée qui, du coup, ne souffrit que d'une légère éraflure. Troudu se mordit les lèvres jusqu’à l’os pour dissimuler sa douleur. Quel est le sauvage qui avait mis une porte en acier sous un camouflage en bois? s’il l'avait tenu, il lui aurait fait regretter sa naissance!! Mais il n’en eut jamais l’occasion, car une trappe s’ouvrit subitement sous ses pieds et l’aspira vers des profondeurs inquiétantes. (et pleines de microbes de l'oubli)

 

 

«Mais qu’est ce que c’est que ce bordel!!» S’exclama-t-il d’une voix aiguë et craintive. Devant lui gisaient les squelettes de ses prédécesseurs malchanceux, empalés sur des piques en bois. Et certains ne dataient pas d'hier à voir l'état de décomposition avancée dans lequel étaient leurs squelettes, voire les quelques uniformes officiels qu'il put reconnaître et ceux pour lesquels il échoua, signe qu'ils remontaient à une époque trop lointaine pour lui.

Machinalement, il avait agrippé un rebord et s’y était maintenu grâce à la seule force de sa main gauche. Quand la conscience ne suffisait plus, l'instinct déclenchait ses pouvoirs à sa place. Il reconnut dans cet exploit la marque de Bitor, le dieu suprême du Monde, dont il était devenu prêtre dans de bien étranges circonstances, au récit duquel, hélas, vous n'allez pas échapper.

Il avait découvert ce sort en cassant un vase lors d’un cambriolage, une fumée en avait jailli et il était tombé en catalepsie. Il s’était réveillé dans les cachots municipaux, privé de lumière et promis à un avenir sombre. mais il se sentait différent à l’intérieur. et en effet la hache du bourreau avait rebondi sur son cou avant de revenir sur le bourreau. Ensuite des flèches perdues s’étaient dispersées dans le public et le sorcier royal avait retourné son sort contre lui même. C’était un sort à déclenchement automatique, chaque fois que Troudu était en danger de mort, il était épargné et l'origine de la menace – si elle était encore vivante - subissait ce qu'elle avait voulu lui infliger. Par la suite, un prêtre de Bitor avait reconnu en lui un fidèle clandestin, car ce sort était caractéristique des adeptes de haut rang. Mais il avait fui le séminaire – peu désireux de mener une vie de débauche et de stupre au service d'un dieu satyre - et entrepris de mener une vie de vagabondages. Il avait découvert d’autres sorts au fil de ses pérégrinations, et s’était ainsi constamment amélioré. Désormais, il était proche de la perfection requise par Bitor, dont nous n'expliquerons pas plus les préceptes de peur de choquer nos plus jeunes lecteurs.

 

Après s'être promptement rétabli sur l'étroite corniche qui bordait la mortelle fosse, il reprit son souffle un instant, adressant quelques prières bien précipitées à sa divinité tutélaire. Soudain, il vit un fil tendu à travers la pièce où il avait atterri. Ce fil aboutissait à un palier qui lui-même s’ouvrait sur une nouvelle pièce. Il se dit qu’il devrait probablement traverser ce mince chemin pour parvenir ailleurs, vu qu'il n'existait en apparence aucun moyen de sortir de là, si ce n'était en mourant, ce qu'il se refusait encore à envisager.

Heureusement, il existait aussi un sort pour ce genre de situation, car peu de gens ont un équilibre assez développé pour marcher pendant 50m sur un fil de la taille d’un cheveu rachitique. C’était un truc trouvé dans un bar miteux, un de ceux qui apparaissait subitement, se remplissait d’individus louches, et disparaissait au bout de quelques heures, après de nombreuses et étranges transactions. Dans un de ces établissements, il avait rencontré un chevalier assez spécial.

Celui-ci avait passé toute la soirée avec son heaume, assez étrange d’ailleurs. Et c’était le cas de toute son apparence, en effet, son armure était toute rouge, avec des touches d’orange. De plus, son épée ressemblait à un tube creux qui s’ajustait sur le bras. Et même son patronyme était spécial : Chat-mousse Ah-rat-noeud. Il lui avait vendu contre un tournevis cruciforme et quelques boulons ce qu’il appelait la Mort-feu-bas-le. C’était un sort permettant à son utilisateur de se mettre en boule et de rouler dans une direction donnée, tout en dispersant des pétards alentour.

Aussitôt pensé, aussitôt fait. Troudu se mit à traverser la pièce sous une forme assez sphérique, jusqu’à atteindre le palier où il reprit son apparence normale.

Devant lui courait un long couloir éclairé de loin en loin par des verres contenant de la lumière. Un procédé assez astucieux selon lui, mais qui brûlait quand même les doigts. Les murs étaient en pierre, décorés de champignons et de mousse, même si on distinguait de temps en temps quelques tableaux censés rappeler un lieu auparavant riche et distingué.

Notre héros s’approcha et lut dans une écriture proche du Modien, bien qu'il en différât légèrement, comme s'il était plus vieux : “Portrait du shah Satipon I, souverain d’Irony”. Mais ce long couloir ne lui inspirait guère confiance, aussi Troudu décida t-il de le traverser vélocement grâce à quelques entreshahs de son crû.

Soudain s’enfonça sous ses pointes de pied une dalle. Une lumière étincelante se mit à tournoyer, une sirène assourdissante à rugir dans ses oreilles et une ombre se dessina au bout du corridor.

Fou de terreur, il distingua peu à peu une sorte de samovar géant, dressé sur des casseroles faisant office de jambes. Au bout du tuyau se dressait une boite de laquelle s’échappa une voix éraillée prononçant avec une lenteur des plus effrayantes.

«Veuillez prendre un ticket à l’escargot de l’entrée et vous remettre au bout de la file.»

Pas question de reculer devant l’ennemi, il avait son honneur quand même, même si l’adversaire en question commençait à pointer quelques tubes aux gueules menaçantes vers sa misérable carcasse.

Il se rappela rapidement un sutra assez classique nommé Mie-scie-le, que se transmettait de génération en génération les prêtres de Chastereu ,le dieu à tête de gruyère. Il n’allait faire qu’une bouchée de ce monstre venu d’ailleurs.

Il se prépare, accumula l’énergie dans son corps tendu à rompre. il commença à courir, se mit en position de manière à prendre appui de ses mains pour se projeter en avant, mais il glissa sur une plaque de mousse, posa malencontreusement son pied gauche sur la pierre froide, pivota en arrière tout en prenant de la vitesse, dispersant son énergie un peu partout sauf là où il en avait l'intention. Quand il se retourna, sa chaussure droite s’envola et transperça dans une gerbe d’étincelles la tête de la machine.

«Tiens, ça sert bien les bouts ferrés sur les chaussures », ne put se retenir de dire le cambrioleur. Il jeta un dernier regard dédaigneux vers la dépouille du vieux gardien métallique, puis s’enfonça dans l’obscurité, vers l’inconnu, vers de nouveaux dangers.

 

 

Bon, il venait d’user en tout et pour tout de 15 sorts ou sutras, ça revenait au même. Il ne lui en restait plus qu’un et normalement il en aurait fini. Car pour lui, ça ne faisait plus aucun doute, les pièges étaient conçus pour être surmontés par des disciples de Bitor. tout s’enchaînait avec une trop grande aisance pour lui. En fait, il ne lui manquait qu’un sort, mais c’était le sort ultime, que même les grands prêtres ne maîtrisaient pas. Selon la légende, seul un élu de Bitor pouvait l’apprendre. Aussi n’y avait il que 2 solutions, soit son dernier sort servait au dernier obstacle, soit il ne sortirait jamais vivant de ce lieu, n’ayant pas le bon sort et toutes les portes se refermant derrière son dos.

Pour le moment, il était dans une fosse, le prochain palier était au dessus de sa tête, à environ 10m de haut. Comme la pierre était lisse, sans aucune aspérité, et qu’il n’avait pas de corde, il devrait user de son dernier sort.

Celui ci avait aussi une drôle d’histoire.

C’était il y a 8 ans, dans un pays nommé Rhyruleus, peuplé par de drôles de personnes aux oreilles pointues. Çà se passait dans une plaine, où un jeune autochtone tout de vert vêtu et avec un bonnet en pointe, combattait à cheval des squelettes qui sortait de terre la nuit tombée. alors qu’il s’octroyait une pause, Troudu lui avait proposé de venir boire un coup à la taverne. Là bas, il lui a montré un coup permettant à son utilisateur de sauter tout en tourbillonnant sur lui-même. Il appelait ça l’attaque Tort-na-deux. arrivé en bout de course, on se cramponnait automatiquement au rebord.

Quelques secondes de préparation, le temps que le sort s’affiche dans sa tête et que les derniers fragments restants d’énergie spirituelle lui envahisse le corps et l’esprit. Sa tête se vida, les muscles se tendirent, et ce fut le décollage durant lequel il tourna, tourna, tourna, prenant dans le même temps de plus en plus de vitesse, pour finir par rebondir sur les murs et arriver ainsi en haut.

Devant lui s’ouvrait une grande pièce obscure, d'un noir sale, celui qui vous colle aux basques. Elle semblait plutôt majestueuse, énorme, avec des dimensions incommensurables. Troudu distingua près de lui un mouvement furtif, il se retourna et sombra aussitôt dans l’inconscience tandis qu’une masse frappait sa tempe. Il eut néanmoins le temps de penser que oui, apparemment, il lui manquait bien un élément pour réussir. Il ne pouvait réussir.

[Neorigg]

J'aime bien, c'est drôle et prenant, j'ai hâte de lire la suite