Operamundi Posté(e) le 29 juillet 2011 Partager Posté(e) le 29 juillet 2011 Avé, amoureux des lettres ! Histoire d'intégrer plus officiellement le cercle très étendu des conteurs rôlistes de Minefield, et afin de les rendre plus faciles d'accès, je publie ici tous les récits concernant mon personnage et ses mésaventures en ce monde. Cela va de mes diverses postulations aux encore plus diverses élucubrations spontanées de mon imagination. Certaines sont courtes, d'autres bien moins. La plupart des chapitres, bien que disséminés aux quatre coin du forum, se suivent ici et forment un tout. Bonne lecture ! Volume I - L'Autre Monde - ______ Genesis - La création du monde Le Créateur, loué soit-il, n'était pas satisfait du monde qu'il avait engendré. Il l'avait vu naitre, boule compacte et chaude, pleine de promesses. Il y avait insufflé la vie, et avait ainsi donné un sens à ce monde. Depuis, sa création n'avait cessé de croître à une vitesse folle, apportant chaque millénaire son lot de surprises. Mais l'évolution prit un tournant qu'il n'apprécia pas. Sa déception était telle qu'il décida d'abandonner cette terre à son sort, elle et toutes les vies qui le peuplaient. Il entreprit alors de créer un nouveau monde, un monde qui lui conviendrait mieux et dont il serait fier. Il façonna d'abord une divinité parfaite, exempt de tout défaut. Elle avait la forme d'un cube. Ses faces étaient lisses, régulières, ses lignes étaient aussi droites que l'horizon lui-même. Le Créateur, soucieux d'assister à la naissance d'un univers réellement différent du sien, laissa à son enfant la liberté totale de créer ce nouveau monde, et prit soin de ne pas intervenir dans sa conception. Mais le jeune Dieu était tout aussi égocentrique que son divin père. Le Cube donna alors naissance à des myriades de particules, toutes à son image. Il créa ainsi une terre vierge et brute, faite de roche, de terre et d'eau. Puis, Il y apporta la vie. D'abord les plantes. Puis les êtres vivants, tous faits de cubes. Il créa, encore et encore jusqu'à ce que la lassitude s'empare de lui. Ce n'est qu'à cet instant que sa soif de création fut comblée, et il décida alors qu'il en avait fini. Satisfait, il se retira et laissa là ce tout jeune univers, prêt à vivre et à grandir sous son égide. Mais le Créateur, une fois seul devant le travail de son fils, ne pût se contenir d'y mettre sa griffe. Car, dans le monde qu'il avait laissé derrière lui, il y avait une chose qu'il regrettait. Sa création qui l'avait le plus déçu, et qui l'avait poussé à détruire tout le reste. Mais il ne pouvait se résoudre à l'abandonner car il y voyait encore un espoir, et voulait lui donner une seconde chance. Lentement, il se pencha sur le sol neuf de ce monde cubique, et l'y déposa. Cette fois-ci, pas à son image, mais à celle de son fils. Ainsi, l'Homme vit le jour à nouveau. Mais son histoire reste à écrire. - Extraits des Cantiques du Cube - _________________________________________________________________________________________ Initio - Premiers pas Après s'être réveillé dans ce monde vierge et hostile étrangement cubique, débarqué d'il ne sait ou d'ailleurs (il a du l'oublier, il avait une bosse sur le crâne et une sacrée gueule de bois...), Operamundi fut contraint de se battre par tous les moyens qui lui étaient donnés pour survivre, trouver de quoi se nourrir, se protéger, bref pour s'adapter à cette nouvelle vie et à cet univers rempli de promesses et de moutons de toutes les couleurs ! Il a du apprendre et réapprendre de nombreuses choses sur la vie en nature, découvrir l'utilité de chaque matériau (et découvrir l'inutilité de certains), chasser pour manger, bâtir de ses propres mains, et après de lourds efforts et de nombreuses autres bosses, il put enfin trouver sa place en ce lieu. Operamundi découvrit alors un nouveau "lui" (enfin, un nouveau "moi", mais pour lui), dans ce nouveau monde dans lequel il se plaisait enfin ! Finies les soirées de beuveries et de débauches, la pollution, la politique, la foule, l'économie, les primes au travail, la politique (je sais, je me répète, mais c'est pire que tout!), la télé, les scènes de couples, les ruptures, Facebook, les crottes de chiens sur les trottoirs... Fini tout ça ! Enfin libre ! Sa vie se résumait à présent à quelques simples lignes sans fioritures. Il savait couper du bois. Il savait fabriquer des outils. Il avait à nouveau peur du noir. Il ne mangeait plus que du porc (des fois il rêvait d'une cuisse de poulet...). Il savait à présent que les zombies n'avaient pas beaucoup de culture cinématographique, et aussi qu'il fallait fuir ou mourir à l'entente du son "pshhhhhh". Operamundi était un homme neuf (quoiqu'un peu abîmé...) ! Mais après toutes ces batailles, après toutes ces explorations et ces nuits passées totalement seul, Il ne put se résoudre à faire taire son envie de rencontrer d'autres êtres humains. Des êtres vivants qui ne tenteraient pas de le manger dès la nuit tombée, et qui auraient un peu plus de conversation que les beuglements des vaches et d'autres plaintes en tous genres qui l'entouraient habituellement (bon, les soirées de beuveries lui manquaient aussi). Dans cet unique but, il entama un long et périlleux voyage en quête d'une hypothétique source de civilisation. Il traversa forêts et déserts, grottes et mers. Puis, une nuit, alors que tout espoir commençait à quitter son esprit, ses yeux furent attirés par une douce lumière au loin... _________________________________________________________________________________________ In Oculis Memoria - L'Œil Mémoire "- Operamundi ? Qu'est-ce que tu caches dans ta main ? - Rien du tout ! - Alleeez, montre-moi ! - Laisse-moi, tranquille ! Va miner ailleurs si j'y suis !" Operamundi lui-même s'étonna de ses mots. Sa réaction n'avait rien d'habituelle, lui qui se considérait comme quelqu'un de calme et posé. Mais ce comportement d'enfant gâté était justifié, face au caractère exceptionnel de sa découverte. Le soleil venait de se lever, loin à l'horizon. Éclairé par cette lumière matinale, le visage du jeune homme, maculé de terre, laissait transparaitre une grande fatigue, ainsi qu'une certaine tension. Ce qu'il tenait fermement dans sa main était un trésor inestimable, qu'il ne pouvait partager avec quiconque tant qu'il ne s'était pas assuré de sa réussite. Il était juste allé chercher du bois avant que la nuit tombe. Mais ce avec quoi il était reparti se révéla bien plus précieux. En coupant un arbre, il s'était aperçu qu'une petite cavité sombre était dissimulée juste derrière. La nuit commençait à se faire pressante, mais la curiosité d'Operamundi l'emporta sur sa crainte et il décida qu'une petite exploration s'imposait. Mis à part quelques cubes de charbon, l'exploration de cette grotte naturelle n'avait rien de passionnant. Jusqu'à ce qu'il décide de creuser à la main tout un pan de gravier. Il avait l'habitude de faire ça. Dans une grotte, la terre ou le gravier pouvait parfois cacher une anfractuosité dans la roche, et révéler ainsi de nouveaux passages. Sa ténacité fut en effet récompensée : une autre cavité s'ouvrit devant lui. Seulement, il y avait de la lumière au fond. Il s'avança pour en déterminer la source. "De la lave ?...... Non, des torches." Il avait finalement débouché sur une mine déjà explorée. Mais cette grotte-ci était également naturelle, et n'avait pas d'autre issue que celle qu'il venait d'emprunter. Tout au fond, un abris de petite taille était planté contre la parois. Composé uniquement d'obsidienne, la seule entrée était une porte en métal, hermétiquement fermée. Sa curiosité grandissante lui fit appuyer sur le bouton pour ouvrir la porte, l'étonnement fit le reste. A peine était-il entré dans la bâtisse que ses yeux furent assaillis par le capharnaüm qui régnait dans cette pièce. Ça et là gisaient d'innombrables objets de tailles et de couleurs différentes. Un véritable musée dédié a l'imagination (ou à la folie, dur de savoir) était exposé tout autour de lui. Il reconnaissait certains gadgets, des boussoles, des montres, des plaques de pression. En revanche, certaines choses lui étaient totalement inconnues. Des inventions plus ou moins finies s'entassaient contre les murs, des bocaux remplis de liquide et de bien d'autres choses ornaient les étagères. Un lit était calé dans un coin, recouvert de poussière et d'outils. Il crut même distinguer, sous un amas de débris, une tête de creeper ! "Mais où suis-je ?! Qui habite ici ?" Des questions tournaient dans sa tête à une allure folle. Son regard volait à travers la pièce infernale, saisissant chaque détail avec une frayeur grandissante. Sa vue était tellement sollicitée qu'il n'entendit pas tout de suite la musique qui parvenait à ses oreilles. Une douce mélodie, qui provenait du sol. Operamundi baissa les yeux pour découvrir une large trappe, munie d'une simple poignée incurvée. Il colla la main sur sa poitrine, comme pour empêcher son cœur de s'échapper. Il agrippa alors la poignée et tira la lourde trappe. En bas, une échelle. La musique se fit plus forte. "Hors de question que je descende !" "Trop tard pour reculer !" "Je ferais mieux de rentrer maintenant..." "Je veux savoir ce qu'il y a là-dessous !" Les voix dans sa tête semèrent la panique en lui, mais impossible de reculer. Sa curiosité était à son paroxysme, il ne pouvait la faire taire. Comme attiré par une force inconnue, Operamundi descendit l'échelle dans un état second, captivé par la douce mélodie qui semblait l'appeler. En bas, dans une petite pièce sombre, il se trouva face à un simple coffre, posé contre le mur. Sur la droite, une boite à musique continuait son chant incessant. C'était elle la responsable de cette mélodie envoutante. Peu importe, il était arrivé au bout du chemin, et devant lui se tenait sa récompense. Il n'y avait pas de serrure, juste une poignée inamovible. Il posa la main sur le coffre et tenta de soulever la poignée, en vain. Le coffre refusait de s'ouvrir. "Évidemment, ça serait trop facile..." Il leva les yeux pour s'apercevoir qu'un panneau était accroché au dessus du coffre. Il s'appliqua à déchiffrer les mots minuscules : "Intrus, je ne te laisserai pas t'emparer si facilement de la machine que j'ai mis tant d'années à élaborer, invoquant toute mon intelligence et ma concentration jours et nuits. Je ne peux léguer cette précieuse invention qu'à un esprit du même acabit, qui saura mériter ma considération et mon respect." Puis, juste en dessous, gravé dans la roche : "Il disparait si tu le prononces. Apporte-le ici." Une énigme. La réflexion n'était pas facile dans son état d'esprit actuel mais il se concentra. "Qu'est-ce qui disparait quand on l'appelle ? Pour ma part, dans l'immédiat, si j'entends quelqu'un m'appeler, je disparais en courant ! Mais je doute que ce soit la solution." Quelques minutes passèrent, dans un silence bercé uniquement par la musique qui s'élevait de la petite boite. Puis, il comprit. Et d'un coup, la suite des évènements lui paraissait évidente. Il posa le regard sur la boite à musique, s'approcha pour la contourner. Un petit espace séparait le mur de la boite. Et juste derrière le bloc musical, un bouton, sur lequel il appuya tout de suite, provoqua l'arrêt net de la mélodie. Une cliquetis se fit entendre. Operamundi reconnut facilement le son caractéristique des torches de redstone. Puis un bruit sec attira son attention vers le coffre. Il était enfin ouvert ! "Le silence !" De retour chez lui, il essayait de comprendre les dessins et les calculs affichés sous ses yeux. Le parchemin qu'il avait sortit de sa prison ancestrale lui révélait quelque chose qu'il avait du mal à croire. "L'Œil Mémoire" ! Il lui faudrait du temps pour assimiler les mécanismes, pour récupérer les matériaux et les outils nécessaires à la fabrication de cet objet, mais... et si cela marchait ? Cet artefact incroyable pourrait, selon son auteur, capturer les images et, grâce à un procédé ingénieux, les retranscrire en les projetant une à une, à une vitesse permettant de revivre l'action comme si elle se déroulait sous nos yeux ! Cette découverte était telle qu'il mit tout en œuvre pour réussir à terminer sa machine selon les plans du (semble-t-il) défunt inventeur. Puis, un beau jour... " - Enfin ! Je suis épuisé, mais j'ai réussi ! Le résultat est grandiose ! J'ai hâte de le faire découvrir aux autre, ils n'en croiront pas leurs yeux ! Nous allons pouvoir faire des choses magnifiques ! Mais je ne pourrai pas le faire tout seul... Je dois trouver d'autres personnes qui partagerons cette passion..." _________________________________________________________________________________________ Aurum Auxilium - Les Blasons d'Or Arrivé sur Minefield, Operamundi ne savait où donner de la tête. Alors il entreprit d'y aller petit à petit. Au fil du temps, il réussi à comprendre les rouages principaux de cette concentration de communautés. Il était accepté comme paysan. Il avait visité quelques contrées, et s'était perdu dans beaucoup d'autres. Il s'était aussi demandé comment faire de nouvelles connaissances et les réunir. Un projet lui tenait à cœur depuis la découverte de cette fabuleuse invention, mais pour le porter à son terme, il lui fallait trouver du soutien et des talents. Operamundi avait besoin de participer pleinement à la vie de cette civilisation et à son développement. Une nuit, se baladant sur ces terres qui lui semblaient maintenant familières, il entendit quelqu'un appeler à l'aide. En se dirigeant vers les cris, il put apercevoir un individu qui trottinait, l'air apeuré. Il était poursuivi par un zombie qui, à l'évidence, était pris d'une fringale nocturne. "Envie d'un steak tartare ?" pensa-t-il avec ironie. Il se dirigea néanmoins vers le pauvre hère qui continuait à fuir et lui demanda : "Eh, ça va ? - Naoooooon ! - Pourquoi tu ne te défends pas ? - Je n'ai pas d'arme ! Je suis un vagabond ! - Et tes petits points ? - Aide-moiiiii, s'il-te-plait !" Operamundi s'avança pour se retrouver face au zombie. Quelques rapides coups de sa vieille épée en pierre suffirent à prendre l'âme du cadavre ambulant. " Oh, mais il était vraiment moche !" Après ces mots, le jeune homme disparut dans la nuit. " De rien..." Operamundi se retourna pour rebrousser chemin, mais il tomba nez à nez avec un autre homme. Il était posé là, debout devant lui, et il souriait. " C'était très bien, ce que tu as fait, tu sais ? - Heu, merci. - Je t'assure ! Tous n'auraient pas fait la même chose ! D'ailleurs, que fais-tu ici, en pleine nuit ? - Je... casse du zombie. - Ah ah ! Excellent ! Tu sais, il y a un groupe de personnes, dans les environs de Minefield, qui ont pris pour vocation d'aider leur prochain et de faire valoir les droits et devoirs de chacun des habitants de cette communauté. - Un genre de police ? - Pas exactement. Ils sont libres et agissent bénévolement, mais ils sont récompensés pour leurs bonnes actions. Ils se font appeler les Blason d'Or, et sont reconnus en tant que tel. - D'accord... Et alors ? - Je pense que tu devrais aller les voir, ils ont grand besoin de personnes comme toi. - Ben tiens ! Je vais faire ça oui... " Laissant parler son cynisme naturel, Operamundi en avait oublié sa volonté de s'intégrer dans une communauté portant des valeurs qu'il partageait. Cet étrange personnage lui offrait pourtant un moyen de réaliser cela. Il se ravisa donc. "Je vais faire ça, oui ! - Parfait ! Je suis ravis d'avoir pu t'aider ! A bientôt, alors !" Et il parti comme il était venu, sans prévenir. "Eh, attends voir ! Je ne sais même pas où ils sont ! - Ah non mais non ! Tu foires mon départ mystérieux, là ! - Sais-tu où je dois me rendre ? - Évidemment ! Écoute bien... - .... - ....... - Alors ? - J'ai oublié. - Mais qui es-tu, bon sang ?! Tu es venu du Nether juste pour me torturer, avoue ! - Écoute, tu es débrouillard, tu trouvera bien. Cherche le dénommé Majorux. Il te dira quoi faire. Et maintenant, tu me laisses faire ma sortie théâtrale, et on se quitte bons amis. - D'accord... - ....Bon, je n'ai pas de réplique en tête, là. Donc je vais juste partir." Laissant là son étrange interlocuteur, Operamundi se mit alors en tête de trouver ce fameux Majorux. Les indications des passants aidant, il ne mit pas longtemps à atteindre le siège des Blasons d'Or dès le lendemain. Il y rencontra enfin Majorux, à qui il se présenta et exprima son intérêt pour sa guilde. Celui-ci fixa Operamundi d'un œil perçant, et lui dit d'un ton assuré : "Ainsi veux-tu faire partie de notre bien aimée guilde des Blasons d'Or. Dis-moi, Operamundi, voudrais-tu me raconter ton histoire ? De quelle manière as-tu été entrainé jusqu'à nous ?" Majorux écouta alors la brève épopée de ce jeune homme. Puis, quand il eut entendu toute l'histoire, il pris une courte inspiration, et annonça son verdict... Il répondit d'une voix haute : " - Oh ! Et bien mon ami, je crois que l'on va s'entendre ! En attendant, viens manger un peu à la chambre de guilde, tu dois avoir faim !" Majorux guida la nouvelle recrue jusqu'à la table remplie de nourritures rares, qui le devinrent d'autant plus qu'Operamundi avala goulûment une bonne partie des denrées qui se trouvaient devant lui. "- C'est bon, n'est-ce pas ? Mais dis moi, qui était ce vagabond ?" - En fait, répondit Opera, je ne sais pas son nom. (*burp*) De toute façon, il est sûrement mort à l'heure qu'il est. Où bien paysan. Ce qui n'est pas mieux." Disant ces mots, Operamundi espéra que l'ironie qui s'échappait de lui constamment ne l'empêcherait pas de s'intégrer. Il se dit qu'il essayerait de se tenir, et priait pour l'ouverture d'esprit de ses congénères. Quoi qu'il en soit, il se sentait déjà chez lui. Cet endroit lui plaisait et il ferait le nécessaire pour mériter sa place dans la guilde. _________________________________________________________________________________________ Daemoniacus Possessionem - Les Démons du Nether Du sang. Partout, du sang. Mes mains en sont recouvertes. La terre est rouge sous mes pieds. Je tombe à genoux, sous le choc. Que s'est-il passé ? Pourquoi suis-je encore en vie alors que tout autour de moi n'est que mort et désolation ? Un cris apeuré résonne à quelques pas seulement, mais il me semble venir de si loin. Ma vue se trouble. Lentement, je perd connaissance... ... "- Z'avez demandé le service des Blasons d'Or ? Quelques minutes plus tôt, je me trouvais dans une forêt non loin de la capitale, devant un groupe de gros bras qui, à l'évidence, n'avaient pas besoin d'aide. - Ouais mon garçon. - Et bien me voila. Ils étaient une demi-douzaine, l'air patibulaire, armés comme s'ils allient chasser le creeper foudroyé. L'un d'eux, vraisemblablement le chef puisqu'il était le seul à parler, s'avança. - T'es tout seul ? On avait pourtant requis l'assistance d'une bonne partie de la guilde. - Ben, je passai dans le coin, j'ai vu votre panneau au QG, mais je n'ai croisé aucun de mes collègues. Ils sont très occupés dans les autres contrées. De quoi avez-vous besoin qui nécessite tant de main d'œuvre ? - De richesses, mon mignon ! - Ah, mais ça je ne suis pas sûr de pouvoir vous aid... - Allez, arrête les digressions, et donne-nous tout ton équipement, paysan ! - Je vois. C'est donc un piège. - C'est cela même oui, belle démonstration de ta perspicacité. On attendait bien plus de visites, alors je doute fort que notre action de cette nuit soit très rentable. Mais il est hors de question que l'on reparte bredouille. Allez, ne lambine pas, donne-nous tout ce que tu as sans tarder. - Vraiment navré, mais non. J'ai beau être en sous effectif par rapport à vous, même promis à une mort certaine, je refuse de vous léguer mes biens. "mmmm... intéressant" - Vraiment ? - Oui, vraiment. Je sais, ça parait idiot, mais si je cède, j'aurais perdu le plus important. Ma fierté. Admettons-le, c'est quand-même idiot de se rendre dans un coin si sombre et reculé, sans escorte, pour des raisons totalement inconnues. Je me fais honte à moi-même et je détesterai repartir mon honneur en moins. Je préfère de loin me faire occire. "trés intéressant" - Très étonnant ! reprit le balourd. Et idiot, en effet. Mais rassure-toi, nous avions prévu de te tuer juste après le larcin. Ta décision ne change donc que l'ordre dans lequel nous allons agir. Allez, vous autres, à l'attaque ! Transformez-moi cet imbécile en distributeur de tripailles !" "Ça va être à mon tour" La seule chose dont je me souvienne est la horde qui s'est abattu sur moi. Un coup, un seul et j'étais à terre, évanoui. Puis, à mon réveil, ce sang, partout. Et ma lutte contre cette douleur lancinante et le brouillard qui enveloppe ma tête. Et il y avait cette voix, qui semblait venir de nulle part. Je me ressaisi tant bien que mal et lève la tête. Devant moi, parmi les corps inertes, un homme est assis dans une marre rougeâtre et me jette un regard effrayé. " - Tu... tu... Qu'as-tu fait ?! s'exclame-t-il. - Quoi ? Que s'est-il passé ici ? - Tu... tu es un monstre !" L'homme se releva avec grand peine pour s'enfuir en boitant. "Il pisse le sang. Il n'ira pas loin. "- Quoi ? Qui est-ce ? Eh eh eh, tu vas devoir t'y habituer." Cette voix. Je l'avais entendu avant d'être attaqué par les brigands. " - Qui est-tu ? Et où est-tu ? Dorénavant, je suis toi !" - Comment ? Silence ! Laisse-moi te conter la rencontre qui va changer ta vie ! "Je suis une âme perdue, abandonnée dans cette forêt il y a des lustres. Celui qui m'a tué, je dois le retrouver pour le servir, dans la mort et le sang. Chaque nouvelle lune, je sors de ma torpeur pour lancer mon regard vers le monde des vivants. C'est là que je t'ai trouvé, courant vers la mort à grand pas. J'ai alors attendu que tu perdes conscience pour m'emparer de ton corps et de ton esprit. J'ai ainsi tué tous tes opposants. Inutile de te dire que leur faible résistance a été vaine." " - Mais pourquoi as-tu fait ça ? Que me veux-tu ! Tuer est ma raison d'être. Je suis un serviteur du royaume des ténèbres. Et maintenant, nous allons faire route ensemble. Nous nous rendrons dans le Nether pour y occire tous ceux qui croiserons notre route. - Hors de question ! Tu ne me feras pas accomplir tes basses œuvres, monstre ! Oh que si ! Et tu vas aimer ça ! Tu ne peux te soustraire à ma volonté, humain ! Car je suis un Démon du Nether, et je vais répandre le sang !" _________________________________________________________________________________________ Anima Formica - Bel-O-Kube "Raaaah, enfin ! Enfin, je vais à nouveau pouvoir faire couler le sang des innocents et des brigands ! Des pieux et des mécréants ! Va, cher hôte, mène-moi jusqu'en enfer!" Ayant appris que le Nether était à nouveau libéré de cet brume rosâtre instaurée par les mages, et qui empêchait toute agressivité, Opéramundi s'y rendit sans plus tarder, suivant les ordres que vociférait son nouvel acolyte, impatient qu'il était de participer aux combats violents qui s’annonçaient. S'approchant du volcan en fusion permanente, promesse de mort et de douleurs éternelles, Opéramundi fut pris d'une étrange sensation. L'impression que quelqu'un, non loin d'ici, l'appelait. Mais cet appel était très déroutant car aucun son ne lui parvenait. Dans sa tête, Opéramundi n'entendait pas l'appel. Il le sentait. Telles des flèches lancées par un archer invisible, d'innombrables molécules olfactives lui parvenaient aux narines, chacune ayant une signification précise. Ce langage lui était totalement inconnu mais, étonnamment, il comprenait chacune de ces odeurs comme si c'était des mots. Le message était clair et vint à lui comme une voix hypnotique. "Viens. Rejoins-nous." Operamundi s'arrêta net. Il se tourna aussitôt vers l'endroit d'où semblait provenir l'appel, puis, comme dominé par un envoutement, se dirigea à grands pas dans sa direction. La réaction du Démon reclus dans son esprit ne se fit pas attendre. "- Ou vas-tu donc, sac de chair ? - Tais-toi donc, vermine démoniaque ! - Raaah ! Rebrousse chemin, outre à purin ! Ou je te ferais vomir ton cerveau par les narines ! - Mais ferme là ! - Je veux du saaaaaaang !" Décidant tant bien que mal d'ignorer le flux incessant d'insultes qui endolorissaient ses tempes, il continua sa route jusqu'à tomber nez à nez avec un jeune homme, assis sur une souche d'arbre, au beau milieu de nulle part. Ce drôle de personnage semblait attendre quelque chose. "- Bonjour ? - Bonjour, visiteur." Operamundi jaugeait son interlocuteur, qui l'observait en retour, impassible. Après un court silence, celui-ci demanda : "- Tu as entendu l'appel, n'est-ce pas ? - En effet. - Alors tu es une fourmi. - Moi ?! Non, il y a erreur ! - Si je ne me trompe pas, tu es la quatrième fourmi à fouler ce territoire. Bienvenue, parmi nous, quatrième. Operamundi, paniqué, s'exclama : - N'approche pas ! Il est hors de question que je devienne une de ces bestioles ! Le jeune homme émit un rire discret. - Ne craint rien. Tu ne vas pas te transformer. C'est dans ton esprit, tout simplement. Accepte-le." Quelque chose dans l'air semblait le calmer. Operamundi se détendit un peu, mais restait toutefois sur sa garde. "- Qui es-tu ? demanda-t-il. - Je suis le fondateur et le premier habitant de Bel-O-Kube. La fourmilière du Dominion. - Quelle fourmilière ? Il n'y a rien ici. - Bien sûr que non, elle n'est pas encore construite. C'est pour ça que tu es là..." _________________________________________________________________________________________ Opera Dei - Souvenirs d'un autre monde Quel est cet endroit ? Il y fait sombre. On entend des bruits sourds derrière la roche. Et des voix aussi. " - Allez creuse ! - Je n'ai plus de pioche ! - J'ai trouvé du fer ici ! - Attention au gravier ! - Tu connais l'histoire du nain et de la fourmi qui... - Quelqu'un aurait du bois ?" Les pioches et les pelles raclant le sol s'ajoutaient aux voix des travailleurs dans un tonnerre assourdissant, répercuté par les murs immenses de ce qui serait bientôt la salle principale de Bel-O-Kube. Operamundi (ou 4ème comme on l'appelait sous le dôme) s'était habitué à ce concert métallique et joignait volontiers ses instruments à ceux de ses confrères. Le chantier avançait à une allure impressionnante. Le rythme effréné des coups de pioches cessa quand une douce odeur de viande fraiche circula parmi les pierres. " - Opera." SL, le seul être à part lui qui avait décidé de garder son corps d'origine et qui daignait l'appeler par son nom humain, vint à lui. " - Prend une pause, notre nouvelle recrue nous a apporté de quoi manger ! Operamundi se rendit donc au sommet du dôme pour rejoindre les fourmis qui commençaient à faire cuire les côtelettes. " - Merci pour le festin, Ti-ret. - Il n'y a pas de quoi. N'ayant pas encore les pouvoirs d'un paysan, c'est bien tout ce que je peux faire pour l'instant." Operamundi se surprit à penser à son arrivée sur ce monde, qui lui semblait à l'époque si mystérieux, si dangereux et inhospitalier. Comme il se sentait seul à cette époque. Maintenant, il était entouré d'êtres aussi étranges qu'intéressants, et il se plaisait au sein de groupe uni. Il sortit enfin de ses pensées pour profiter des palabres plus ou moins futiles que ses amis entretenaient en mangeant et en riant, allant de projets astucieux en quolibets innocents. Puis, après quelques dernières boutades, le groupe resta silencieux un moment. Tous étaient pensifs. Jesollas leur reine à tous mais néanmoins ami, brisa le silence. " - Comment voyez-vous tu la suite tantôt ? dit-il avec son phrasé si particulier dû à ses origines anciennes, que tous ou presque savaient maintenant appréhender." SL répondit : " - Mes frères, j'ai bon espoir que cette cité connaisse très vite la gloire qu'elle mérite. Je m'en porte garant." La gloire... Gloire... ________________________ Sic Transit Gloria Mundi. Ces mots résonnaient en lui alors qu'il était debout devant son public. Ces mots qui avaient changé toute sa vie. Il était juché sur les planches, savourant sa victoire devant des centaines de personnes. Il avait fallu ouvrir une salle immense spécialement pour l'occasion. A l'évidence, tous avaient apprécié le spectacle car ils s'étaient levé pour applaudir l'artiste. Le sourire aux lèvres, Edward Allgood accueillait cette ovation avec une joie et une fierté non dissimulée. La dernière représentation de son chef-d’œuvre s'était jouée ce soir, clôturant une tournée qui avait recueilli des félicitations dans tout le pays. Ce soir, Edward était comblé. Son succès tant attendu marquait enfin l'accomplissement de son rêve le plus cher. Car il avait longtemps espéré ce moment. Un travail de longue haleine lui avait permis d'atteindre cette qualité de l'image, cette perfection de l'art, ce qui l'avait poussé très vite en haut du podium, traçant sur son chemin une renommée qui traversait les frontières. Ainsi la gloire du monde était sienne. Edward ne se lassait pas de se repaitre des vivats et des applaudissements des spectateurs, criant pour que le plaisir continue. Ils voulaient vibrer à nouveau, ne pas s'arrêter. Ils voulaient continuer à rêver, à s'éblouir devant la beauté des scènes. Mais la fête devait se terminer, et Edward entendait qu'on l'appelait depuis les coulisses. Quelques salutations plus tard, il rejoignait le régisseur qui l'attendait, impatient. " - Qui y a-t-il ? Tu as vu ce monde, là-dehors ? Il m'appellent encore, te rends-tu compte ? - Edward, tu as de la visite. Lucile est ici. - Lucile ? Tu veux dire... - Oui, elle m'a dit qu'elle t'attendrait dans ta loge. Tu ferais bien de te dépêcher. - Mais que me veut-elle ? T'as t-elle dit autre chose ? - Je n'en sais pas plus que toi. Va la rejoindre, je m'occupe du reste." Allgood se rendit donc à sa loge, et, marchant d'un pas peu assuré, se posa moult questions. Cela faisait maintenant deux ans que sa femme l'avait quitté, lui reprochant de n'accorder son attention qu'à ses projets artistiques et d'avoir entretenu entre eux une distance trop grande. Elle se sentait délaissée, mise à l'écart au profit d'une cause qui la dépassait. Il n'avait pas eu de nouvelle depuis la séparation. Le chagrin de Lucile étant trop fort, elle était partie du jour au lendemain, ne pouvant plus supporter de se sentir rejetée par son mari. Et aujourd'hui, elle était revenue. Pourquoi ? Aucune raison viable ne lui venait à l'esprit. Il pressa le pas, sa curiosité grandissant. Quand il atteignit le couloir qui menait à sa loge, il s'arrêta net. Le porte de sa loge était ouverte. Son ex-femme était là, dans le couloir devant lui. Elle n'avait pas changé. C'était une jeune femme blonde charmante, d'une grande classe, son regard perçant était soutenu par des yeux verts émeraude. Elle le fixait d'un air à la fois furieux et attristé, ce qui lui rappela le jour de leur rupture. " - Lucile ?" Edward ne comprenait pas. La scène lui semblait tellement familière, et pourtant tellement irréelle. Puis son regard se posa plus bas, sur un livre qu'elle tenait dans sa main. A cet instant, un frisson parcouru son corps. La peur s'installa dans son esprit. Une frayeur qui semblait vivre à l’intérieur de lui. Elle était comme une bête, qui le toisait d'un œil vorace, et qui n'attendait qu'un signe pour lui sauter à la gorge. " - Lucile ?" reprit-il, craintif. - Comment as-tu pu faire ça, Edward ? lança-t-elle, furieuse. - Mais... Je ne comprends pas, de quoi parles-tu ? - Ne fais pas l'innocent. Ne me fais pas l'affront de mentir encore, maintenant que je sais tout ! - Non... Brandissant le livre qu'elle tenait à la main, Lucile reprit : - Ce livre... C'est cette chose qui est la cause de tous mes tourments !" L'objet en question était un ouvrage qui semblait ancien. Sa couverture était en cuir noir gravé de mots latins. Quelques personnes assistaient à la scène sans rien dire. Les gens commençaient à affluer dans le couloir, entendant les cris et voulant voir se qu'il se passait. Edward se précipita vers la femme en pleine crise, la prit par la main et la traina de force dans la loge. Il ferma la porte et se retourna vers Lucile, qui le fixait, les yeux écarquillés. " - Personne ne doit savoir, lui dit-il-il. - Savoir quoi ? Que tu as vendu ton âme au diable ? - Ne dis pas ça ! C'est faux ! - C'est pourtant ce que tu as fait ! Tu m'as abandonné pour t'adonner à un rite infâme ! - Laisse-moi t'expliquer... - Non, Edward ! C'en est trop ! J'avais tourné la page. J’étais venu ici dans l'idée de laisser de côté mon amertume et te féliciter pour ta réussite. Puis j'ai vu ce livre. Et en le lisant j'ai compris que tu devais cette réussite à des pratiques diaboliques ! - Oui, c'est vrai ! Tu as raison, j'ai utilisé ce livre pour atteindre mon but, pour réaliser mes rêves. - Alors tu l'as vraiment fait. J’avais des doutes mais plus maintenant. Tu as vraiment réalisé ce qui est écrit dans le livre ? Comment est-ce possible ? Toi que j'ai toujours connu cartésien et incrédule. Jamais je ne t'ai vu accorder le crédit a ce genre de chose. - J'ai voulu essayer, sans réel espoir. Je me disait qu'après tout, je ne pouvais rien y perdre. Mais lorsque j'ai cité ces mots... Ces mots dont je ne comprenais pas le sens... Tout ce que j’avais pu en déceler était la gloire qu'ils promettaient." La jeune femme, sous le choc, se laissa choir dans un fauteuil qui se trouvait là. Elle regardait toujours son ex-mari d'un air attristé. " - Et tu a décidé de tout quitter pour ça ? - Non. Je n'ai pas renoncé à toi pour la gloire, mais parce que je ne pouvais plus te mentir. Quand j'ai lu ces mots à voix haute, espérant sans trop y croire, il était déjà trop tard. Le pacte était déjà clos, et il imposait de ne jamais rien révéler, sous peine de me voir déposséder de mon corps et mon esprit. - Est-ce vrai ? Edward, je ne peux y croire ! - Lucile, regarde moi ! Regarde jusqu'où je suis allé ! Ce que j'ai accompli ! Tout cela est dû à ce marché que j'ai passé, et qui m'obligea à tout quitter pour mon rêve. Je ne pouvais risquer de perdre plus encore. Alors j'ai préféré te laisser me détester plutôt que te laisser vivre dans le mensonge." Edward ne savait que dire d'autre. Il attendait une réaction de la femme assise dans son fauteuil, l'ouvrage tant honnis sur ses genoux. C'est alors qu'elle se leva, laissant tomber le livre à terre. " - Je... Je suis désolé, Edward, je ne peux rien entendre de plus pour le moment. J'ai besoin... J'ai besoin d'être seule. - Bien sûr, je comprends." Il la laissa partir, fixant son regard vers le sol. Quand elle ouvrit la porte, elle se retourna et lui dit : " - Sache que tu n'es pas pardonné pour autant." Edward ne pipa mot. Puis elle disparut. Une fois seul, Edward Allgood, décontenancé, resta planté là, sans bouger pendant quelques minutes. Puis son regard se posa sur le livre que Lucile avait laissé tombé. Le livre. Celui qui avait créé tout cela. Tout son bonheur. Mais aussi tout son malheur. Depuis tout jeune, il avait voulu entrer dans le monde du spectacle, être un artiste, et être reconnu en tant que tel. Il avait toujours eu de nombreuses idées, et il était depuis longtemps persuadé de son talent pour les mettre en œuvre. Mais jamais il n'avait réussi à percer. Ses idées restaient inconnues et les gens du milieu ne lui accordaient aucun intérêt. Petit à petit, Edward perdait ses espoirs et ses rêves lui paraissaient s'éloigner inexorablement. Puis il trouva ce fameux livre. Les termes anciens que contenait cet ouvrage était difficiles à déchiffrer mais il pensait avoir comprit le plus important. Sic Transit Gloria Mundi. Ainsi passe la gloire du monde. Après des traductions approximatives du reste de l'ouvrage et de nombreuses tentatives, il réussit un jour à provoquer ce qu'il n'aurait jamais osé imaginer. Et la gloire fut alors à sa portée. Edward se libéra de ses pensées. Il était bien trop tard pour revenir en arrière. Il alla vers l'objet maudit pour le ranger en lieu sûr. Il se baissa pour l'attraper. Le contact de sa main avec le cuir froid du livre le fit frissonner. En se relevant, il eu un choc. Une décharge parcourant tout son corps, comme électrique. Edward tomba sous la douleur. A ce moment, une voix gutturale se fit entendre, semblant venir de partout à la fois. " - Edward Allgood ! Tu nous as trahit ! - Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?! - Ne te souviens-tu donc pas de celui qui t'a donné tout ce que tu possèdes ?" Sa tête semblait sur le point d'exploser tant elle lui faisait mal. " - Je n'ai pas trahit, je vous le jure ! Je suis resté fidèle à votre parole pendant toutes ses années !" La voix reprit, plus forte et plus grave, ajoutant à la douleur du pauvre homme. " - Cesse ces veines paroles ! Notre arrangement était clair, Edward Allgood. Aucun être humain ne devait être mis au courant. - Je n'ai pas eu le choix, vous devez me comprendre ! - Silence ! Tu as failli à ta tâche ! Durant toutes ces années, nous t'avons apporté notre soutien. Nous t'avons élevé jusqu'au sommet d'une renommée éternelle. Nous t'avons offert la gloire ! Mais tu t'es finalement révélé indigne de recevoir notre aide divine. - S'il-vous-plait, je vous en supplie... - Il suffit ! Tu recevras la sentence qui t'est due, mortel. Le pacte de la Gloria Mundi est brisé. Ton corps et ton esprit nous appartiennent désormais. Accepte-le !" La douleur était à son comble à présent. Edward ne pouvait plus en supporter d'avantage, et se laissa sombrer dans l'inconscience. Les spectateur n’eurent pas le temps de comprendre ce qu'il se passa. Ils étaient encore tous là, clamant pour un dernier salut du célèbre artiste. Certains s'étaient assis, mais la plupart criaient, chantaient ou riaient, le bonheur aux lèvres. Lorsque leur vedette entra à nouveau dans la salle comble, les cris résonnèrent plus fort encore. Tous se levèrent à nouveau pour acclamer leur idole. Personne ne vit que ses yeux avaient changé. Ce qui s'ensuivit fut terrible. Les cris de joie laissèrent la place aux cris de panique et de douleur. En quelques seconde à peine, le carnage, la destruction, la mort transformèrent l’amphithéâtre en un enfer sans nom. Quand tout fut terminé, et que le calme revint, le feu et le sang étaient les seuls maitres des lieux. Debout parmi les débris, Edward n'était plus qu'une marionnette. Une coquille vide qui abritait la pire des engeances. Un démon qui s'apprêtait à semer le chaos partout où il pourrait assouvir sa colère. L'homme qui n'était plus marcha vers la sortie. " - Ne tardons plus, avançons ! Tous devront subir mon courroux, et la peine du monde s'abattra sur eux éternellement." " - Te rends-tu compte de ce que ton erreur a provoqué, humain ?" Cette voix... Elle était différente. Brutale et douce à la fois. Edward pouvait l'entendre. Il était piégé dans ce corps dont il n'avait plus le contrôle, enchainé et incapable de bouger, forcé d'assister impuissant aux horreurs perpétrées par son nouvel occupant. Son esprit était brumeux, et il lui semblait perdre pied petit à petit, mais il put dire ses quelques mots, ou du moins les penser : " - Qui êtes-vous ? Un autre démon ? - Non, je ne suis pas un démon, répondit la voix. Je t'observe depuis longtemps, Edward. Je savais que ta gloire était l’œuvre d'un être bien plus puissant. J'espère que tu comprends ta folie à présent. - Pouvez-vous m'aider ? J'ai compris mon erreur. Je ne veux pas que ce monstre détruise le monde par ma main. Il faut l'arrêter. - Nous ne pouvons rien faire contre lui. Toi seul peux l'arrêter, Edward. - Mais je n'en ai pas la force. Je m'épuise peu à peu, je ne tiendrai pas longtemps. - Je suis prêt à t'aider, mais tu dois m'assurer de ton repenti. - Que puis-je faire pour vous prouver ma bonne foi ? Je ferai ce que vous voudrez. - Dans ce cas, je n'ai d'autre choix que de te bannir de ce monde. Toi et celui qui t'a choisi pour hôte. - Que voulez vous dire ?! - Tu naitras dans un univers qui t'est totalement inconnu. Là-bas, tu devras tout reprendre au commencement et prouver à ce nouveau monde que tu es digne de la gloire que tu recherches tant. Mais prends garde, humain, car cet événement restera gravé en toi, laissant une brèche dangereuse. Ainsi ton corps et ton esprit seront toujours fragiles face aux démons et à leur volonté de possession. Tu devras sans cesse te battre pour garder le contrôle. - S'il le faut, alors j'accepte mon sort. Bannissez-moi de ce monde. Le prochain sera celui par lequel passera ma gloire ! - Avant de trouver la gloire, tu devras passer par la peine. Qu'il en soit ainsi ! Sic Transit Opera Mundi !" ________________________ Opera Mundi... "Operamundi ! - Opera ! - Opera !" Le réveil fut brutal. Operamundi était allongé dans l'herbe. Les fourmis étaient regroupées autour de lui, l'air soucieux. " - Mince, tu t'es évanoui ! On s'est demandé ce qui se passait. L'esprit encore embrumé, il répondit en se levant : - Ça va, je vais bien, merci. J'ai besoin de repos, voila tout." Et il s'en alla, laissant les autres retourner à leurs ripailles et rire de la faiblesse passagère de leur camarade. SL restait cependant soucieux, décelant dans le regard de l'homme quelque chose d'anormal. Il décida de le rejoindre après les festivités, pour s’enquérir du réel problème. Operamundi lui révéla alors les images qu'il avait vu. Ces images venant d'un autre monde. Le sien. Lorsqu'il était arrivé sur ces terres, il n'avait gardé aucun souvenir de son ancienne vie et ne savait donc par quel prodige il avait atterri ici. La seule chose qu'il avait gardé en tête étaient ses mots par lesquels il se faisait appeler. Il s'était alors efforcé d'apprendre à vivre avec ses nouvelles règles, sans se poser de question. Mais il se souvenait à présent. Il connaissait maintenant l'origine de ce nom. Et avec sa mémoire, il retrouva la crainte d'être un jour à nouveau hors de contrôle. Il savait que quelque chose sommeillait en lui. La voix, la dernière qu'il ait entendu de sa vie passée, avait été très claire. Il n'avait pas fait ce voyage seul. Après avoir écouté son récit, SL resta silencieux un moment. Puis, sortant de sa réflexion, il brisa le silence : " - Cela doit être difficile à supporter. Mais il doit y avoir une solution. - Laquelle ? - Je ne suis pas sûr, mais je pense qu'un mage aurait assez de pouvoir pour contenir le démon qui sommeil en toi. - Tu voudrais que je demande à un mage d'utiliser ses pouvoirs sur moi ? - Pas forcément. Je pense en fait que la proximité avec leur magie suffirait à dissuader le démon de sortir de sa cage. Lorsque j'ai eu audience à Stendel, j'ai ressenti toute la puissance qui se dégageait de cette ville. Moi-même, je me sentait plus fort. La magie y règne en permanence. Si tu pouvais acquérir la citoyenneté Stendellienne, peut-être que tu serais en mesure d'imposer ta volonté et de garder ton esprit en sécurité. - Mais je suis voyageur ! Et en voyageur je vis ! - Eh bien, maintenant que tu es à Bel-O-Kube, tu risques d'être un peu plus sédentaire. Et n'oublie pas que notre cité a pour projet de s'étendre au-delà de nos frontières. Stendel n'est pas une exception à notre volonté d'expansion. - Tu as raison. Après tout, pourquoi se formaliser pour un titre ? Ce nouveau grade me permettra, s'il m'est accordé, de réaliser mes projets et de satisfaire les ambitions de notre cité. Très bien ! Dès demain, j'irai à la capitale, et je ferai au mieux !" Operamundi était fébrile. Son esprit s'agitait. Il était animé d'une énergie qui, il le sentait, n'était pas seulement naturelle. Ses souvenirs s'étaient réveillés, et avec eux, quelque chose semblait refaire surface... _________________________________________________________________________________________ Primatus - L'ordre des choses Une fourmi se tenait devant l'arbre, l'air dubitatif. A l'intérieur, il y a avait un trou rempli d'eau, et cela le rendait curieux. Demo-crix revenait sur le dôme après un long voyage, et redécouvrait la cité, métamorphosée depuis tout ce temps. Il s'avança dans le creux de l'arbre, prêt à plonger. " - Je te le déconseille, sauf si tu es las de cette vie." Demo-crix se retourna et reconnu Operamundi. Il avait l'air fatigué, mais ses yeux annonçaient force et détermination. Ils discutèrent tous deux quelques minutes, se racontant leurs voyages respectifs. Operamundi revenait d'une entrevue avec les représentants du gouvernement de New Stendel, s'octroyant ainsi le grade de Citoyen. Se faisant, il était allé voir les mages pour une affaire privée. Demo-crix n'en saurait pas plus à cet instant. Ils se dirent au-revoir, et Demo-crix entreprit, malgré la mise en garde, de traverser ce trou rempli d'eau. Mais ça, c'est une autre histoire. La parole des mages résonnait encore dans l'esprit bouillant d'Operamundi, ces mots qui sonnaient comme une sentence. Les êtres qui comptaient parmi les humains les plus puissants du royaume, doués de pouvoirs immenses, capables de déplacer des montagnes, ces gens s'étaient révélés incapables de libérer Operamundi du mal qui dormait en lui. " - Nos pouvoirs nous permettent d'agir sur le Cube. Nous pouvons le façonner, le transformer, le protéger. Mais nous n'avons aucun pouvoir sur l'esprit de l'homme. - Comment faire alors ? Comment peut-on empêcher le démon de croître ? - Toi seul peut agir contre lui. - J'ai l'impression d'avoir déjà entendu ça... - Le démon qui sommeille en toi est puissant. Un combat incessant a lieu au plus profond de ton esprit. Tu es son maître, et il est le tien." Cette lutte pour le pouvoir, pour le contrôle de son corps et son esprit n'aurait donc pas de fin. Assis contre un mur de la Grande Salle, il gisait, pensif. Le lapin aurait sûrement voulu entendre des nouvelles de son voyage, lui qui l'avait soutenu dans cette démarche. Mais il était absent aujourd'hui, parti il ne savait où, participer à un projet dont l'optique était d'aider les nouveaux venus. C'était une seconde nature chez lui, d'aider les gens. Une telle abnégation qui l’impressionnait parfois. Lui, s'il daignait tendre la main à qui que ce soit, ce dernier aurait une chance de mourir dans d'atroces souffrances, étripé par les griffes du mal d'un autre monde. Ti-ret, la fourmi albinos, s'approcha de lui : " - Je crois que l'expression de penser à voix haute prend tout son sens lorsque l'on est fourmi. - Que veux-tu dire ? demanda Operamundi, levant la tête vers son confrère. - Eh bien, je crois que tu étais tellement absorbé par tes pensées que tu leur a donné des ailes. J'ai intercepté quelques une de ces phéromones et, pardonne ma curiosité, mais j'ai voulu savoir de quoi il en retournait." Operamundi se redressa et lança à Ti-ret un regard froid. " - Ne craint rien, ajouta la fourmi, je ne vais pas le crier sur le dôme. Tu sais que je suis moi aussi un étranger dans ce monde. Ces terres semblent parfois me rejeter, j'ai du mal à y trouver ma place. Je peux comprendre ce que tu ressens. - Oui, voila qui a révélé bien des mystères sur ton appellation, mais toi, tu as toujours l'esprit vide." Ti-ret fut tenté de relever cette pique à double tranchant, mais il sentait que son interlocuteur tentait de désamorcer la conversation. Il décida donc d'être direct. " - De quoi as-tu le plus peur ?" Operamundi ne s’attendait pas à cette question. Il avait espéré changer de sujet en usant de son naturel ironique. Toutefois, la réponse fut immédiate, car il la connaissait depuis bien longtemps. " - Je me suis attaché à cette cité. Chaque jour ma volonté d'apporter ma contribution au peuple myrmécéen et de m'y faire une place importante devient plus grande. Et chaque jour ma résistance à la possession agressive du monstre décline. Je peux sentir les deux entités se battre férocement. Le démon du Nether est certes dangereux, il se débat et résiste pour sa survie, mais sa puissance n'égale en rien cette de la bête tapie au plus profond de mon esprit. - Il y a donc, non pas un, mais deux démons en toi. - L'Opera Dei était là bien avant mon arrivé sur ces terres, nous avons fait ce voyage ensemble. Il ne s'est pas montré jusqu'à présent, mais depuis que mes souvenirs m'ont retrouvé, je sens sa présence. Elle m'envahit et me terrifie. Et en même temps, je ne peux m'empêcher d'éprouver un sentiment grisant de puissance. Bientôt ce mauvais Dieu se réveillera, et répondra à l'appel de la destruction. Et que ferais-je lorsque cela arrivera ? Je ne peux pas mettre en danger la cité, tout en sachant qu'une catastrophe peut se produire d'un moment à l'autre." Ti-ret resta pensif un moment, puis : " - Tu n'as pas le choix, dans ce cas. La seule solution sera de te donner la mort." Operamundi le toisa du regard, étonné, ne sachant que dire. " - Je plaisante, bien sûr." La fourmi blanche éclata d'un rire franc. " - Je suis content de pouvoir te rendre la pareille, toi qui d'habitude ne recules devant rien pour nous faire profiter de ton humour cinglant. Ne me tue pas, s'il-te-plait... Plus sérieusement, et je pense que tous les habitants de la cité te le diront, ta place est ici. Que tu sois possédé par un esprit démoniaque ou non, tu es un Belokubien, et en tant que tel, tu as droit à la protection et au soutien de chacun d'entre nous. Nous ne te laisserons pas tomber. Après tout, les fourmis sont connues pour leur ingéniosité. Nous sommes l'incarnation même du summum de l'évolution et de l'innovation. Tu ne pouvais pas mieux tomber que sur cette fourmilière. Nous pourrons sûrement trouver un moyen de rendre la liberté à ton esprit. Et puis nous avons besoin de toi, en tant que sexué femelle. - Je te remercie pour ton soutien, Corderaide. Je tiens néanmoins à m'assurer que la cité veut encore de moi, malgré mon état, et que je mérite le grade qui m'a été donné. J'irai dès demain me présenter au conseil, et faire une demande en bonne et due forme pour confirmer ce grade de manière à ce qu'il me soit accordé, non pas parce que j'étais là au bon moment, mais par mes actes au sein du peuple myrmécéen. - Tu feras bien ce que tu veux, mais d'abord je dois réquisitionner tes services. J'aimerai finir ce projet qui me tient à cœur, le Little Rock Café. - Te rends-tu compte que tu t'exposes à de nombreuses critiques, quelle que soit la qualité de ton œuvre ? - Ne t'inquiète pas, SL est déjà passé le voir, je ne crains plus rien. Mais c'est de cela que j'ai besoin pour le rendre parfait." La nuit passa très vite, et le travail en prit une bonne partie. Operamundi manquait de sommeil le lendemain matin, mais sa détermination ne lui faisait pas défaut. Il se rendit donc auprès du conseil, et se prépara à lire l'étonnement sur le visage de ses amis. Quelques minutes plus tard, la salle du conseil s'ouvrit pour laisser sortir SL et Operamundi. Celui-ci, l'air déconfit, tiré en avant par son compère, écoutait d'une oreille absente le sermon de SL. Lorsqu'il eut terminé son laïus devant le conseil, prenant bien soin de ne pas évoquer son symbiote démoniaque, Operamundi attendait le verdict, mais SL réagit rapidement. Chim3xKon3ko eut à peine le temps de balbutier quelque chose du genre "jsaisquejaipasdevoienidavisàdonner maismoijediraique..." avant que le lapin n'intervienne. " - Wop hop hop ! - Que...? - Viens par là toi !" Une fois dehors, SL lui expliqua en marchant : " - Enfin, tu ne peux pas faire ça c'est totalement hors de propos et en plus tu détiens déjà ce grade donc c'est inutile et même si le but était d'être sûr de le mériter il suffisait de nous le demander car moi comment je fais après hein ? Hein, comment je fais ? - Eh bien... , tenta Operamundi. - Non, non et non, ça ne peut pas se passer comme ça les règles sont les règles et puis je n'ai pas encore terminé de rédiger toutes nos lois enfin ça tu le sais déjà et tu sais bien d'autres choses encore et d'ailleurs pour les lois ça devra attendre car j'ai beaucoup beaucoup, mais alors beaucoup de boulot moi là dehors j'ai plein de Cubathlons à construire tiens il faudra que tu m'aides d'ailleurs et puis on m'a demandé d'écrire des biographies et j'ai aussi des projets à soutenir enfin je ne peux pas tout faire tu t'en doutes... hem... Où en étais-je ? - Comment le saurai-je ? Tu m'as moi-même perdu en route.... - Ah oui ! Écoute, je comprend ta requête, mais je pense que tu ne tiens pas le vrai problème. Tu disais au conseil que ton voyage avait été en partie satisfaisant. J'en déduis que les mages n'ont rien pu faire. Je t'avoue être moi-même très inquiet pour toi, et pour tout te dire, je ne suis pas surpris. Durant mon voyage, j'ai vu certains signes... - Des signes ? - Je t'en parlerais plus tard, le coupa SL. Pour l'instant, tu dois te concentrer comme tu le fais depuis le début pour contenir le mal et le maintenir à distance de ton esprit. Ça a bien marché jusqu'à présent, je te sais assez fort pour tenir suffisamment le temps que l'on trouve une solution. Et j'ai bon espoir." La tête d'Operamundi lui faisait l'effet d'un étau. SL avait raison, il devait tenir le coup, s'était la seule solution. Mieux valait cela que d'attendre bêtement que la bête prenne le pouvoir et prier pour que toutes ces fourmis soient loin lorsque le carnage commencera. " - Je te fais confiance, SL, je crois bien que tu me connais mieux que moi-même, et je suis trop exténué pour m'opposer à tes arguments. J'ai besoin de repos." SL posa la main sur l'épaule de son ami, et le fixa de ses yeux perçants. " - Je te fais confiance aussi, Opera. Tu penses que ça ira ? - Ne t'en fais pas, je tiendrais le coup. - L'ordre des choses doit être respecté, Operamundi. Et les choses seront faites dans l'ordre." Sur ces mots, le lapin s'en alla. L'homme venu d'un autre monde parti se coucher, mais un doute subsistait en lui. Il savait que demain il irait mieux, mais il sentait en permanence cette énergie bouillonnante en lui. Il devrait l'évacuer, d'une façon ou d'une autre. Il devrait agir, faire bouger les choses. Il devrait faire taire la voix qui chuchotait parfois... _________________________________________________________________________________________ C'est tout pour le moment ! N'hésitez pas à commenter, me dire ce que vous en pensez, ce que vous aimez/n'aimez pas. Vous n'en avez pas eu assez ? Votre soif de lire est toujours aussi forte ? Si vous voulez connaître l'histoire de SL, le Lapinpon, rendez-vous aux SL Chronicles! Et si vous voulez savoir ce qu'il est advenu de Ti-ret, la fourmi albinos, allez lire Les annales de l'assassin d'albâtre ! Enfin si vous préférez vous taper une bonne poilade avec un creeper déluré, osez Tales of Minefield ! Aaaa bientôt, pour de nouvelles aventures ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SL Posté(e) le 29 juillet 2011 Partager Posté(e) le 29 juillet 2011 J'allais me coucher mais comme souvent un petit tour par la taverne (RP) s'imposait avant. Et que vois-je ? Après avoir eu la surprise de l'assassin d'albâtre, voici le grand Opera lui-même qui s'invite parmi nous. Assied toi à notre table nous allons parler. Car pendant que je vais jouer avec Ti-ret dans mon histoire, tu vas devoir rédiger une partie de la tienne, tu te souviens non ? Peu d'ajouts par rapport aux RP que je connaissais déjà, et je confirme que le dernier est absolument magnifique et génial. J'en profite pour te remercier car c'est grâce à ce dernier RP que me sont venues tant l'idée de Liwenn que celle de nos futurs RP communs J'attends la suite avec impatience et te souhaite longue vie de RPiste, grand Monsieur du cinéma fera peut-être ses scénarii seul qui sait ? Bon jeu !!!! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ti-ret Posté(e) le 29 juillet 2011 Partager Posté(e) le 29 juillet 2011 Ami lecteur, toi qui a survolé l'œuvre d'Operamundi sans y prêter la moindre attention pour te ruer sur les commentaires, afin de savoir ce que tu aurais su en lisant, passe ton chemin. Sache que cette œuvre mérite son titre, aussi je t'enjoins fortement à la lire avec toute la délectation qui lui est due. Sinon, tu peux lire ce qui suivra. Amis lecteurs, C'est avec une certaine appréhension que le bout de chanvre que je suis se livre aujourd'hui à la lecture des œuvres de Operamundi, frêre fourmi de Bel-O-Kube. Appréhension car je ne savais pas ce que vaudraient tes écrits faces à ceux de SL ou de Tybalt. Mais soyez sans crainte, le frêre démon maitrise parfaitement son sujet. Dès les premières lignes des cantiques, premier RP de la liste, on peut déceler une forme d'humour, une explication bien construite de l'Origine des Cubes. Bien sûr, elle repose sur une base biblique quelque part, mais s'émancipe de l'éternel schéma du père créateur unique, en ceci qu'il y a aussi un fils créateur. Cette liberté joue beaucoup dans l'intérêt du récit. C'est bien écrit et dans un style épuré, simple mais diablement efficace -n'est-ce pas un comble pour le récit de Dieu ?.. Mais passons, passons- . Ensuite cela va crescendo. Tout d'abord, une histoire parmi milles, celle de Operamundi, fraichement débarqué sur les terres de New Stendel et cherchant déserpérément sa place. C'est simple, on devine une jeune (malgré son pied dans la tombe -private joke-) plume hésitante, mais pleine de talent et de potentialités dont même aujourd'hui il n'a pas fait le tour, loin de là. La découverte de l'œil mémoire est une belle nouvelle sur l'arrivée du cinéma en terres Stendeliennes -je propose d'ailleurs de remplacer l'amphithéatre de Bel-O-Kube par une salle de cinéma afin que Operamundi nous montre ses œuvres- preuve d'un soucis de cohérence constant et bienvenu chez notre schizophrène cinéphile préféré. Enfin, dernier axe de l'histoire, la levée du secret sur la nature du cinéphile. Tout d'abord, une brève sur l'arrivée de Operamundi au sein des blasons d'Or, guidé par son courage et sa droiture désormais légendaires, dans un style plus précis, plus approfondi, plus mature. Et puis, et puis.. on arrive dans le domaine du grandiose. La plume du maître se réveille, à l'aune du sombre démon qui l'habite. Une lutte intérieure épique sur le ton du combat du ça sontre le surmoi. Un combat jamais gagné et toujours perdu. D'une part ce récit explique la découverte du Nether par l'ami Démon, avec une maestra qui fait que je me permet de comparer ton personnage au hobbit Sméagol, plus connu sous le nom de Golum; d'autre part il permet à la plume du maître de retrouver ses origines, ô combien mystérieuses et sublimes. Là où SL nous décrit une belle idylle de lapins, dans un monde de magie, de sang et d'armes, tu nous prives de ces trois composantes essentielles à la majorité des récits, pour les remplacer par des larmes et une lutte profonde entre l'art que tu vénères avec une délectation qui frise la folie et l'amour que tu vis avec une puissance qui balaie toute pensée cohérente, où le sacrifice total l'emporte sur les compromis. Une belle fin, une très belle fin qui permet de clore le volet d'avant Minefield. Une œuvre d'un style complexe qui mérite sa place dans les récits de New Stendel pour sa beauté et son originalité. Encore félicitation Opera pour cet instant de pur plaisir que furent ces lectures. **** bien méritées !! (parce que là, c'est vraiment un coup de cœur !) EDIT: j'en ai marre de mettre des bonnes notes tout le temps. Passez-moi un RP pourri que je saque un peu. Sinon, on va me prendre pour un [barrer]pendu[/barrer] vendu ;p Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Operamundi Posté(e) le 1 août 2011 Auteur Partager Posté(e) le 1 août 2011 Yop ! Euh, bonjour... Enfin, avé, je ne sais plus quoi dire, bon sang, donnez-moi un juron qui soit assez fort pour exprimer mon sentiment face à ses commentaires si élogieux que j'en tombe de ma chaise !!! Après vous avoir lu, chers amis, je ne peux décemment pas laisser dans l'ombre ce nouvel écrit qui vous met chacun en scène. Donc, petit up pour indiquer un nouveau chapitre : "Primatus", suite directe du chapitre précédent. C'est un texte qui reprend le RP de ma candidature un peu spéciale au sein de ma cité favorite, à laquelle j'ai rajouté une fin. Donc, SL, tu as déjà lu une partie de cette histoire, mais je te rassure, il y a un peu de neuf (tu me diras d'ailleurs si les propos que je prête te conviennent). Et merci encore pour ton avis, tu me l'avais déjà exprimé, mais ça fait toujours plaisir ^^. Et Ti-ret... Bon Dieu de Cube ! De tels louanges flattent mon égo à un point qui n'est pas permis ! Ces mots ressemblent plus à ceux d'un authentique critique littéraire, et ton avis me rassure et me ravit. Cela dit, je ne perd pas le nord pour autant, car je sais ce qu'il reste encore à faire, et si comme tu le dis, je n'ai pas encore fais toutes mes preuves, je devrai alors faire le maximum pour satisfaire les attentes de mes deux compères Rpistes, ce qui met la barre déjà bien haut. En tous les cas, merci à vous deux, et àààààààà bientôt, pour de nouvelles aventures !!! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SL Posté(e) le 1 août 2011 Partager Posté(e) le 1 août 2011 Yop Un nouveau chapitre de transition qui annonce de belles choses... Il faut qu'on se voie mumble pour accorder nos récits afin d'être sur la même base de temps. Je suis prêt à entamer ce que tu sais, mais pour cela il me faut ta partie... tu sais laquelle Concernant l'écrit, tu allies la splendeur à l'originalité, je m'incline devant toi, tes RP sont bien plus beaux que les miens . Mais tu te dévalorises comme toujours . Bon jeu !!! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tybalt Posté(e) le 2 août 2011 Partager Posté(e) le 2 août 2011 Depuis le temps que j'attendais de lire tes RP opera ! ... eh bien ça attendra ce soir pour les commentaires élogieux mais je ne me fais pas trop de soucis Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Operamundi Posté(e) le 6 septembre 2011 Auteur Partager Posté(e) le 6 septembre 2011 Eloges de Tybalt - recherche en cours... ... ... erreur ! Fichier introuvable ! Bientôt un nouveau chapitre ! Quand ? Quand ? Bientôt ! Assied-toi et attends ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ti-ret Posté(e) le 6 septembre 2011 Partager Posté(e) le 6 septembre 2011 Assis sur quoi ?! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tybalt Posté(e) le 6 septembre 2011 Partager Posté(e) le 6 septembre 2011 Bordel je savais qu'il me manquait un RP à lire... C'est que heuuu je me fais vieux moi Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Operamundi Posté(e) le 28 septembre 2012 Auteur Partager Posté(e) le 28 septembre 2012 Avé ! J'utilise ce post pour mettre à jour la suite du RP, n'ayant plus de place dans le premier. Par contre, je préviens le lecteur non averti : ayant pris un sacré retard dans l'écriture de mes RP, la reprise se situe sur une époque assez lointaine (avant même l'ouverture de Stendel). Mais pas d'inquiétude, le retard sera vite résorbé. Volume II - A la Croisée des Mondes - _____________ Vocanti Naturae – Bienvenue chez les verts ! Le Ragnarock ! Un volcan en constante activité. Une fournaise rongée par la lave en fusion, berceau du Nether, immense symbole du Dominion. Non loin de là, derrière les remparts infranchissables du territoire désertique de Hell, tout près des limites connues du monde Minefieldien, l’on distingue une forme étonnamment ronde, cachée parmi les arbres. Un imposant dôme de terre, surplombé par un arbre dont les branches en couvrent la surface de leur ombre protectrice. Un arbre dont les racines enterrées forment la voute d’une gigantesque salle souterraine. Pièce maitresse de la fourmilière, il s’y passe toujours quelque chose Aujourd’hui, Operamundi errait seul dans cette grande salle. Immobile, il contemplait le plafond, loin au-dessus de lui, et les solides racines qui le maintenaient. Un frisson le parcourut. " - Opera ! Opera ! " La voix caractéristique de son ami rongeur se fit entendre à travers tout le dôme. Operamundi quitta ses songes pour voir s’approcher SL, un papier à la main. Le parchemin était froissé, et couvert de crasse. Nul doute qu’il avait fait un long chemin avant d’arriver jusqu’ici. " - Et bien, ne cours pas comme ça, SL, tu vas épuiser tes ressources de la semaine ! - Rah, il suffit de tes quolibets, vil bipède ! Regarde plutôt ça !" SL lui tendit le manuscrit mais ne lui laissa pas même le temps de lire ce qui y était écrit. " - C'est une missive des lacustres ! Ils viennent demain aux aurores pour visiter notre cité. - Une missive ? Mais nous les avons quittés il y a seulement trois jours et nous venons à peine de rentrer ! Comment est-elle arrivée aussi vite ? - Ils ont envoyé un pigeon voyageur. Leurs oiseaux sont sacrément rapides. Ils ont des ailes énormes, et très puissantes. D'ailleurs, Corderaide prépare le barbecue. - Parfait ! Enfin, non, pas parfait du tout… Je dois m'absenter demain à la première heure… - Enfin, Opera, il est vrai que ces gens sont moches et sales, mais ils sont tout de même très sympathiques. Il n'y pas de raison de fuir. Et tu sais, contrairement à ce que nous pensions, il n'y aura sûrement pas de risque d'explosion, j'ai des raisons de penser que le creeper, ce Tybalt, est impuissant. - Ce n'est pas ça. Les éclaireurs de la cité ont repéré un avant-poste non loin d'ici, près des frontières du Dominion. Des orcs, à ce qu'il semble. J'ai prévu d'aller voir ça de plus près, mais le voyage risque de me prendre toute la journée. - Seul ? - Oui, c'est une mission de reconnaissance, je veux rester discret. - Mais, Opera, je ne peux pas les accueillir seul ! Tu sais, je crois qu'ils ont mal pris nos réactions lors de la visite du Lac d’Émeraude. Il y a de fortes chances que ces indigènes veuillent nous rendre la pareille, mais leurs méthodes sont assez différentes. Souviens-toi la Tybaltine ! Mon pelage en garde encore les marques… - Moui, tu as raison, SL. Tout cela risque fort de finir en un sacré capharnaüm. Il faut faire quelque chose… J'ai une idée ! Je vais te confier mon Œil Mémoire pour que tu puisses capturer les images de leur visite ! Ainsi, je ne raterai rien du spectacle ! - Mais…" Mais il était trop tard. A peine SL ouvrit la bouche pour protester que l'ombre du chapeau d'Operamundi était déjà loin. ________________________________________________________________________________________ Interlude - Peaux Vertes Enfin il l'avait trouvé. Le soleil était déjà couché, et une nuit noire dominait tout le paysage. Il lui avait fallu une demi-journée pour atteindre le lieu indiqué. "Longe les falaises qui bordent la ville des esprits", lui avaient dit les éclaireurs. Ce qu'il avait fait, s'obligeant à nager durant une bonne partie du trajet puisque les dites falaises n'étaient pas praticables, en tout cas pas pour un être tel que lui (c’est-à-dire, doté d'un corps mortel). Mais il y était enfin. Il avait découvert l'avant-poste de ceux que l'on appelait "peaux-vertes". Il se trouvait à présent devant une muraille imposante. Étonnamment, la large ouverture qui permettait de la traverser n'était pas gardée. Operamundi vissa son chapeau sur la tête et entra discrètement, attentif au moindre bruit. "Voilà ce qui s'appelle se jeter dans la gueule du loup", pensa-t-il. Et ses craintes ne furent pas calmées lorsqu'il se trouva à l'intérieur. Il avança prudemment, plissant les yeux pour mieux voir dans la pénombre. Curieusement, les bruits qui d'ordinaire se faisaient entendre après le crépuscule (croassements, hululements et hurlements de bête en tous genres) s'étaient éteints une fois qu'Operamundi eut franchi les fortifications. Comme le silence qui survient à l'approche du prédateur. Sur sa droite, la barricade rejoignait un immense mur de roche, une crête abrupte dans laquelle on avait creusé des habitations. Le long des murs fortifiés, étaient postées d'énormes machines de guerre. Des catapultes, des balistes et des scorpions. Il se rappelait leurs noms pour les avoir lu dans les livres d'histoire de sa vie antérieure. Mais jamais il n'avait vu de ses yeux de tels engins, et jamais il n'aurait pensé en trouver dans ce monde ci. Au loin, entre les habitations de pierres, il pouvait distinguer une immense crevasse, qui parcourait toute la longueur du village. La contemplation d'Operamundi fut stoppée par des voix venant du côté des machines. Derrière celles-ci, sortant d'une ouverture dans la paroi rocheuse deux silhouettes trapues marchaient côte à côte. Voyant qu'elles allaient dans sa direction, Operamundi jeta rapidement des coups d'œil autour de lui, cherchant désespérément un endroit où se cacher. Un buisson ! Il courut tête baissée et s'enfonça dans les feuillages. Ainsi dissimulé, il observa les deux créatures qui s'approchaient. Celles-ci, arrivées à sa hauteur, passèrent près d'une torche, et Operamundi put voir leur visage sous la lumière des flammes. Des orcs. Leur surnom de peaux-vertes ne leur était effectivement pas volé, mais cette couleur étonnante n'était pas la chose la plus marquante chez eux. Leur énorme gueule abritait une rangée de dents acérées ainsi que deux défenses protubérantes. Leurs yeux injectés de sang étaient enfoncés dans leurs orbites, si bien qu'ils restaient sombres même à la lumière des flammes. Leurs oreilles pointues étaient ornées de nombreux anneaux. " – Alors nain dit à bestiole, mieux voir avec hache. - Arh arh arh arh !" Les orcs passèrent près de l'homme au chapeau, toujours caché dans son buisson, et Operamundi put alors sentir l'odeur de feu et de sang qui les suivait. Un éclair rouge lui traversa soudain l'esprit. Il sentit son corps trembler, et ses entrailles se serrer. Un grognement se fit entendre dans sa tête. "Non, pas maintenant", pensa-t-il. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il devait calmer la bête qui tentait de prendre le dessus, ce n'était ni le lieu, ni le moment de se faire remarquer. Et quand bien même, sous sa forme démoniaque il serait capable de vaincre ses monstres, d'autres rappliqueraient très vite. Alors qu'ils s'éloignaient tous deux, l'un des orcs s'arrêta dans sa marche, et huma l'air. " – Eh ! Senlumain! dit-il d'une voix rauque. - Ouéé ! Faim, moi aussi ! répondit l'autre. Allez, barback ! - Non Grollbarg ! Jdi, Senlumain ! Là, Senlumain! renchérit le premier, reniflant bruyamment en jetant des regards dans tous les sens. - Ooh. Papossib ça, Grizbarb, papossib ! Désumain, yapa ici ! - Ebemoi, senlumain ! - Alors c'est faim qui fait roltête à Grizbarb !" Le dénommé Grizbarb, tentant toujours de détecter sa si précieuse proie grâce à son flair, commença à s'agacer. " - Et parkwa pahumain ici ? - Humain ? Ici ? se moqua Grollbarg. Vereste, y a fantômes. Versude, y a morts qui marchent. Vernore et veroueste, y a rien. Eau et ruines. Humain, c'est maouss kilocubes plus loin. Grizbarb a flair poussentir vermaouss kilocubes ?" Grizbarb se renfrogna et ne donna pour seule réponse qu'un grognement. " - Alors c'est faim qui fait roltête à Grizbarb !" Et les deux énergumènes s'en allèrent, continuant de parler dans leur charabia. Operamundi attendit patiemment que son cœur retrouve un rythme normal. Il sorti prudemment du buisson, quittant sa providentielle cachette pour voir alentour. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il se trouvait exactement devant l'entrée de la crevasse qu'il avait aperçu peu de temps avant. Elle était vraiment immense. Des escaliers de pierres descendaient vers le fond. A l'intérieur, il pouvait distinguer plusieurs entrées, vers des habitations peut-être. L'intérieur de chacune était éclairé, mais certaines lumières étaient différentes, rougeâtres, comme s'il y avait de la lave à l'intérieur. Plus loin, au-dessus de la crevasse, un pont de bois peu engageant liait les deux falaises. Le tout semblait rudimentaire, mais terriblement organisé. C'est énormes bestioles étaient décidément très impressionnantes, et surement très dangereuses. Il devait à tout prix éviter d'en croiser ne serait-ce qu'une seule. Qui pourrait imaginer le genre de souffrances et de tortures que ces monstres réservaient aux intrus. Operamundi en avait vu bien assez pour savoir à qui il avait à faire, et pour faire un rapport dans les règles au Conseil du Dominion, et pensa donc qu'il était temps de quitter ce lieu maudit. Mais au moment même où cette pensée lui traversa l'esprit, il entendit un bruit sourd juste derrière lui. Il voulut se retourner pour voir d'où provenait le bruit, mais il avait une sensation étrange. Ses jambes ne répondaient plus. En fait, elles lui semblaient flancher sous son poids. Il se sentait tomber. Il voulut parler, crier même, sous le coup de la surprise, mais plus rien en lui ne répondait à sa volonté. Sa tête tournait, elle lui faisait atrocement mal, comme si on tentait de la lui arracher. Pendant sa chute, il n'eut que le temps de s'inquiéter pour son pauvre chapeau qui allait bientôt s'écraser contre le sol humide et crasseux du territoire des orcs –pourrait-il seulement récupérer son éclat d'antan ?- avant de sombrer dans le noir total. A son réveil, Operamundi avait le crâne en feu. Sa tête lui faisait tellement mal qu'il ne comprit pas tout de suite où il était. Mais la douleur qu'il éprouvait n'était rien comparée à ce qu'il ressentit en ouvrant les yeux. Devant lui se tenait un monstre énorme. Sa peau épaisse était aussi verte que celle des deux créatures qu'il avait croisé auparavant, mais celui-ci était trois fois plus grand. Il était vêtu d'une armure d'os, et tenait une massue gigantesque, qu'il faisait balancer au rythme de sa respiration rauque. La bête fixait Operamundi de ses petits yeux gorgés de sang. Elle ouvrit une gueule remplie de crocs tranchants et dit d'une voix puissante : "Allez, debout, petit homme !" Le ton employé était autoritaire, brutal, mais Operamundi sentit un amusement dans sa voix. D'une main, il chercha sur le sol à tâtons, sans quitter le troll du regard, de peur que celui-ci ne fonde sur lui et le transforme en hors d'œuvre. La matière douce et souple de son chapeau entra en contact avec sa main. Il l'attrapa d'un geste rapide et le vissa sur sa tête. Son crâne endoloris à nouveau couvert, il se sentait un peu mieux. Sous le regard attentif du troll, il se releva, luttant pour occulter sa migraine, et toisa le troll d'un air de défi. Était-ce parce que, son couvre-chef de nouveau à sa place, il se sentait en sécurité, ou bien parce qu'étonnamment, aucune agressivité ne semblait émaner du monstre, Operamundi était étrangement confiant. Il fallait toutefois rester prudent. "Qui êtes-vous ? demanda-t-il. - Je suis chez moi." Operamundi ne sut que répondre. "Et toi, tu es chez moi, reprit le troll. La politesse voudrait que tu te présentes en premier." Bouche bée, Operamundi fixa son interlocuteur d'un air étonné. Reprenant ses esprits, il répondit : "Hem… pardon, je… je suis… je suis Operamundi. - Je suis Xouxoux. Mais on m'appelle aussi le mangeur d'enfants." Operamundi était désorienté. Il ne savait comment réagir. Non seulement, le troll parlait correctement, mais à chaque mot qu'il prononçait, celui-ci lui paraissait plus effrayant encore. Soudain, Xouxoux partit d'un rire tonitruant, avant de lancer : "J'aime bien faire peur aux humains. C'est tellement facile. Mais tellement drôle. - Vous ne semblez pas comme les autres. Je veux dire, ceux qui sont ici. - Non, bien sûr. Je suis le chef. Donc je suis le plus fort. Mais j'ai droit aux meilleurs cerveaux pendant les repas, alors je suis aussi plus intelligent. Eh eh eh. - Est-ce une plaisanterie, ça aussi, demanda Operamundi ? - Ah bon ? - Euh… Hem, vous ne me voulez pas de mal ? - Quel mal ? - Je ne sais pas, me tuer par exemple ? suggéra Operamundi, qui regretta immédiatement ses mots. - Boarf, non, j'ai déjà ripaillé comme il faut, pas besoin de barback, répondit Xouxoux au grand soulagement d'Operamundi. - Dans ce cas, pourquoi m'avoir assommé. - C'est marrant. Eh eh eh. Le troll avait beau s'exprimer de manière plus intelligible que les autres, la conversation fût tout de même difficile, car s'il maitrisait nombre de mots, Xouxoux semblait s'amuser à répondre constamment de manière incompréhensible. Et le jeune homme comprenait à présent pourquoi l'on appelait "trolls" certaines personnes aimant semer le chaos en usant de leurs verbes. Il en avait un en face de lui, un vrai. Néanmoins, la conversation continua jusqu'à des sujets plus sérieux. Operamundi comprit qu'il n'avait rien à craindre de sa nouvelle rencontre, tant qu'il ne se montrait pas aux heures de repas, et qu'il ne portait pas de moustache (il n'avait pas vraiment comprit la raison, une obscure histoire d'empereur méprisant la mode). D'après Xouxoux, le peuple des peaux vertes avait dû s'exiler pour quitter une contrée trop hostile, et s'était retrouvé dans cette région, espérant ne pas faire de vague jusqu'à une conquête prochaine. Operamundi lui expliqua qu'ils se trouvaient en terres magiques, et que le continent du Dominion était habitué à accueillir nombre d'engeances différentes telles que lui. Il lui promit donc d'ester auprès du Conseil afin de voir s'ils pourraient trouver un accord, en échange de quoi Xouxoux assura qu'ils ne mangeraient pas trop d'humains. Operamundi repartit moins soucieux qu'il était venu, et entreprit de reprendre à la nage le chemin qui le séparait de son foyer, non sans avoir refusé poliment la proposition du troll de l'y envoyer via leur catapulte. ________________________________________________________________________________________ Ignis Donum - Un accord dangereux "Alors, comment était-ce ? - Epuisant ! - Vraiment ? - Non, c'est toi qui m'épuises, Opera ! Sais-tu seulement quelle heure il est ?" Operamundi était rentré à Bel-O-Kube en pleine nuit, mais il n'avait pu patienter jusqu'au lever du soleil pour prendre des nouvelles de son ami rongeur (et surtout pour retrouver son Œil Mémoire). "Pardon si je t'ai réveillé. La visite s'est-elle bien passée ? - Plus de peur que de mal, annonça SL en baillant. En fait, c'est même étonnant, après ce que nous avons fait subir aux lacustres lors de notre visite, qu'ils n'aient pas cherché à nous nuire plus que ça. Tout au plus quelques piques un peu douteuses, mais rien de terrifiant. Et toi ? - Je dirai la même chose. Plus de peur que de mal. Encore que… j'ai eu un peu de mal, répondit Operamundi en se frottant l'arrière du crâne. L'œil a-t-il fonctionné correctement ? - Je ne saurai le dire. J'ai simplement fait comme tu me l'as demandé. Appuyé là où tu m'as dit de le faire. - Il ne devrait pas y avoir de problème dans ce cas." Les yeux brillants posés sur l'étrange machine juchée sur un meuble de la chambre de SL, Operamundi s'en empara et tourna les talons, remerciant son ami pour ses services. "Oh ! ajouta-t-il en tournant la tête vers SL. Au fait, très beau pyjama. - Grmblr…" répondit SL en se recouchant. "Non ! Non, non, non ! Ce n'est pas possible ! Pas possible !" Les cris d'Operamundi se répercutèrent dans les galeries voisines, alors que dans son bureau sous-terrain de la fourmilière, l'homme au chapeau exultait de rage. L'Œil Mémoire avait un problème. Rien ne voulait en sortir. Aucune image. Aucun son. Rien. Operamundi tenta plusieurs fois de lancer des enregistrements en pointant des endroits au hasard et en suivant la procédure qui était indiquée sur l'engin. Des symboles illustrant clairement la démarche à suivre étaient gravés sur le métal. Tout semblait fonctionner, l'Œil émettait le même bruit caractéristique à chaque prise de vue. Mais il semblait impossible de récupérer quoi que ce soit ensuite. Operamundi suivait la manipulation indiquée pour activer la projection, mais rien ne se passait. Cela faisait des heures qu'il tentait de le faire marcher, mais rien n'y faisait, et il commençait à devenir fou. Cette machine géniale devait lui permettre de réaliser enfin ses rêves dans ce nouveau monde. Il n'avait pas traversé tant de choses pour échouer maintenant. Il devait y avoir une solution. Il lui sembla qu'une éternité avait passé avant que le jour se lève, alors qu'il attendait impatiemment que la cité se réveille pour qu'il puisse enfin demander de l'aide. Il alla rendre visite à Dem0_crix, une fourmi et compagnon d'aventure, féru de redstone et de mécanismes en tous genres. Celui-ci s'était trouvé bien perplexe devant cette merveille inédite. "Du jamais vu ! avait-il dit. Mais si tu veux mon avis, cette machine n'est pas tant mécanique que magique. - Est-tu sûr ? - Aucune trace de redstone. Je peux sentir la redstone à des kilomètres, mais là je ne sens rien. Le mécanisme est assez complexe. Mais le plus troublant, c'est que la source d'alimentation ne ressemble à rien de connu. Pas dans ce monde en tout cas. Je pense que ton Œil Mémoire utilise une énergie d'origine magique. Et je me verrai mal décortiquer un si bel ouvrage, j'aurai trop peur de faire une bêtise." Operamundi ne voulait pas cela non plus. Il décida donc d'aller voir Jesollas, la reine de la fourmilière, qui disposait de pouvoirs impressionnants. Hélas, sa réponse ne fût guère plus enthousiasmante. "En effet, cette machine recèle bien une énergie magique, je peux la sentir. Toutefois je ne peux rien pour toi. Il semble que l'énergie soit bloquée à l'intérieur. Quelque chose l'empêche de circuler." Le problème était donc interne. Quelque chose était en train de bloquer le passage à cette énergie, et ce quelque chose était au centre même de l'Œil Mémoire, d'après Jesollas. Mais il était hors de question de le démonter. Cette machine était unique. Nul ne pouvait en toucher les rouages sans craindre de l'abîmer. Bien sûr, il confia son problème à SL, mais bien que compatissant, lui non plus ne pouvait rien faire. Cette journée fût la plus interminable qu'il eut connu. Il restait dans son bureau, face à l'invention la plus incroyable à ses yeux, la plus magnifique, pleine de promesses. Et pourtant, alors qu'elle était si proche, rien ne lui semblait plus lointain que ce qu'elle avait à offrir. "Je compatis. Sincèrement." Operamundi se retourna pour répondre à son interlocuteur, et pour savoir qui avait bien pu entrer chez lui sans faire un bruit. Mais il n'y avait personne. "C'est vraiment triste, ce qui t'arrive", reprit la voix. Un frisson le parcouru. Operamundi se figea. Cette voix. Il la reconnaissait. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait entendu. "L'Opera Dei, souffla-t-il. - Je suis soulagé de voir que tu ne m'as pas oublié. Je ne t'ai pas oublié non plus, Edward. Après tout, je suis avec toi depuis le début." Une foule de sentiments l'envahit, de la peur à la haine, en passant par le lointain espoir qu'il ressentit jadis, lorsqu'on lui promit la gloire. Mais c'était un autre temps, dans un autre monde. Aujourd'hui, l'ancien dieu n'était rien de plus qu'une ombre qui habitait l'esprit d'Operamundi. Il était là depuis son arrivée sur les terres de Minefield, il ne l'avait jamais quitté depuis sa possession, il le savait. Et il se doutait qu'un jour ou l'autre, le démon réapparaitrait pour reprendre le pouvoir. Depuis qu'il avait recouvré la mémoire, il vivait dans la crainte que ce jour arrive. "Que me veux-tu ? demanda-t-il d'un ton abrupt. - T'aider, tout simplement." Operamundi ferma les yeux et secoua la tête, comme pour chasser une idée. "Non, pas cette fois, répondit-il. J'ai accepté ton marché il y a fort longtemps, il m'en a coûté une vie entière. Je ne referai pas la même erreur. - Je l'espère bien. Rappelle-toi, Edward, que la vie que tu as vécue, c'est moi qui te l'ai offerte. Et tu l'as perdu par ta faute. - Peut-être." Operamundi marqua un temps, puis repensa aux paroles de la voix étrange. Celle qui s'était adressée à lui avant de le transporter dans un autre monde. "Je retrouverai la gloire dans ce monde, mais sans ton aide, acheva-t-il. - On dirait pourtant que tu n'as pas le choix. Je serai curieux de voir comment tu réussiras à réparer ceci." Operamundi porta naturellement ses yeux vers l'Œil Mémoire, et resta silencieux. "Ecoute donc ma proposition, reprit le démon. Après tout, tu es forcé de m'entendre. Je t'offre mon aide pour remettre ta merveilleuse machine en état de marche, et ne te demande rien en retour. - Comment ? lança Operamundi. Tu crois vraiment que je vais tomber dans le panneau ? Tu me proposerais ton aide sans aucune contrepartie ? Je ne peux pas le croire ! - Pourtant, tu n'as rien à craindre. Tu as déjà passé un marché avec moi auparavant, Edward. Et tu sais qu'il me faut ton accord pour ajouter une contrepartie au contrat. Sans cela, tu peux être sûr que rien n'est possible." Il disait vrai. Quels que soit les vices qui le motivaient, les accords passés avec le démon avaient toujours été respectés à la lettre. "C'est vrai oui, répondit Operamundi. Dans ce cas, pourquoi ferais-tu cela ? Pourquoi m'aiderais-tu, alors que tu n'as rien à y gagner ? - C'est pourtant simple. Je fais désormais partie intégrante de toi. Et avec toi je partage tes peines et tes souffrances. Ta frustration et ton désarroi me font l'effet de centaines de lances me transperçant de part en part. Et je ne peux le supporter d'avantage. C'est pour cette raison que je me manifeste aujourd'hui. - Comment pourrais-je te faire confiance ? Tu n'as d'autre volonté que de me posséder et détruire ce qui t'entoure. - J'étais empli de haine, c'est vrai. Mais c'est un autre monde, maintenant. Un monde différent. Je n'en ai pas le même regard. Et je n'ai qu'une parole. Ma condition m'y oblige. Je suis tellement faible à présent. Ce que je ne demande pas, je ne peux l'obtenir. - Si ce que tu dis est vrai, comment comptes-tu m'aider ? Tu ne peux me posséder, jamais je ne te laisserai faire une chose pareille, alors que peux-tu faire ? - Si tu acceptes de me faire confiance, alors moi aussi je le peux. Edward, je vais te confier une partie de mes pouvoirs." Operamundi resta silencieux. Son esprit bouillonnait, des pensées ambivalentes se confrontaient et rendaient sa réflexion difficile. Sa méfiance envers le démon n'avait pas d'égal. Mais sa volonté de retrouver l'Œil Mémoire, et tout ce qu'il impliquait, était plus forte que tout. Sans le savoir, ou plutôt sans se l'avouer, il avait déjà pris sa décision alors qu'il hésitait encore. Cette fatalité le rongeait, il se sentait pris au piège, mais au fond de lui, il savait qu'il n'avait pas le choix. Comme pour répondre à ses pensées, le démon ajouta : "Allez Edward. Tu sais bien que c'est la seule option possible. Sans mon aide, tu ne pourras avancer. Jamais tu ne réaliseras ton rêve." Après tout, il pourrait se servir des pouvoirs de l'Opera Dei, mais rien d'autre ne pourrait lui être fait. Sans l'aval d'Operamundi, le démon n'avait aucun ascendant sur lui. Sinon, il aurait pris le pouvoir de son corps il y a longtemps. Operamundi poussa un long soupir, puis : "Très bien. C'est d'accord." En réponse, Operamundi n'entendit rien de plus que le silence de son bureau. "Tu m'entends ? reprit-il. Je te donne mon accord ! - Patience, mon jeune ami. Ce n'est pas rien de te confier des bribes de ma puissance. Cela demande du temps et de la concentration. Bientôt tu pourras en profiter, et je serai ravi de mettre fin à toutes ses souffrances intérieures." Pendant quelques minutes, qui semblaient durer des heures, le silence se fit à nouveau. Operamundi fixait l'Œil Mémoire posé devant lui, immobile, et son impatience le rendait fébrile. Il détourna le regard et se concentra sur une goutte d'eau qui coulait lentement le long de la paroi de la pièce. Il la regarda serpenter dans les anfractuosités de la terre sèche, quand soudain il ressentit une vive chaleur monter en lui. Une matière bouillonnante semblait s'infiltrer par toutes les veines de son corps, lui infligeant une douleur sans pareille. Un sifflement strident lui agressa les oreilles, et ses yeux furent recouverts d'un blanc laiteux, aveuglant. Il tomba de sa chaise et se cramponna au sol comme il put, priant chaque seconde pour que la suivante soit la dernière de sa vie. Il voulut hurler, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Ses cordes vocales étaient en feu, sa gorge brûlait, et son cerveau était sur le point d'exploser. Puis la douleur s'arrêta. Aussi vite qu'elle était apparue. Le sifflement s'estompa, il put voir à nouveau, mais il était sous le choc. La chose avait dû se produire pendant quelques secondes seulement, mais il était encore paralysé par l'expérience. Il sentait toujours la chaleur dans son corps, même si elle était beaucoup moins forte. "Comment te sens-tu ?" demanda l'Opera Dei. Operamundi ne dit pas un mot. Lentement, il se releva, en prenant bien soin de garder un appui suffisant au sol, d'abord avec les mains, puis il se mit doucement debout, luttant contre le vertige qui l'assaillait. Il trouva la chaise derrière lui en balayant des mains, l'agrippa, et s'assit avec prudence. "Respire un bon coup, ça devrait aller." Ce n'était pas un conseil si futile, puisqu'il avait maintenant l'impression de suffoquer, comme s'il avait retenu sa respiration durant plusieurs minutes. Il prit une grande bouffée d'air, un air qui lui sembla glacial, et difficile à inspirer. Il continua, jusqu'à ce que sa température revienne à la normale. Il déglutit et articula d'une voix enrouée : "Et maintenant ? - Maintenant, répondit le démon, c'est à toi de jouer." ________________________________________________________________________________________ Chapitre suivant : Gloria Incognita - prochainement ! 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Tybalt Posté(e) le 28 septembre 2012 Partager Posté(e) le 28 septembre 2012 You, Opera, just made my day... Bon, hein ça faisait longtemps qu'on l'attendait cet épisode, quelque chose comme une bonne année... Voire deux... Mais j'ai bien ris, et presque versé une larme de nostalgie :') Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
DomFulmen Posté(e) le 29 septembre 2012 Partager Posté(e) le 29 septembre 2012 Arrêtes tes teasers et balance la suite, histoire que je puisse écrire un pavé en éloge à ton talent d'écrivain, qu'on en finisse ! Bon, en fait je veux juste lire le reste, mais je le ferais quand même mon pavé, na ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Operamundi Posté(e) le 29 septembre 2012 Auteur Partager Posté(e) le 29 septembre 2012 Ok, pour me faire pardonner ce terrible affront, voici non pas un, non pas deux, non pas trois, mais bel et bien deux chapitres de l'Epopée maudite ! ^^ Le premier chapitre est un interlude expliquant l'absence du personnage (et me dédouanant de ce RP sur la visite de BoK que je devais écrire ^^), le deuxième chapitre nous plonge à nouveau au cœur de l'histoire principale, et débute une nouvelle partie de l'aventure, que je nommerai "La croisée des mondes". PS : je n'ai plus de place dans le premier post, donc je vais éditer le dernier post de la première page pour ajouter la suite du RP -_-' ________________________________________________________________________________________ Interlude - Peaux Vertes Enfin il l'avait trouvé. Le soleil était déjà couché, et une nuit noire dominait tout le paysage. Il lui avait fallu une demi-journée pour atteindre le lieu indiqué. "Longe les falaises qui bordent la ville des esprits", lui avaient dit les éclaireurs. Ce qu'il avait fait, s'obligeant à nager durant une bonne partie du trajet puisque les dites falaises n'étaient pas praticables, en tout cas pas pour un être tel que lui (c’est-à-dire, doté d'un corps mortel). Mais il y était enfin. Il avait découvert l'avant-poste de ceux que l'on appelait "peaux-vertes". Il se trouvait à présent devant une muraille imposante. Étonnamment, la large ouverture qui permettait de la traverser n'était pas gardée. Operamundi vissa son chapeau sur la tête et entra discrètement, attentif au moindre bruit. "Voilà ce qui s'appelle se jeter dans la gueule du loup", pensa-t-il. Et ses craintes ne furent pas calmées lorsqu'il se trouva à l'intérieur. Il avança prudemment, plissant les yeux pour mieux voir dans la pénombre. Curieusement, les bruits qui d'ordinaire se faisaient entendre après le crépuscule (croassements, hululements et hurlements de bête en tous genres) s'étaient éteints une fois qu'Operamundi eut franchi les fortifications. Comme le silence qui survient à l'approche du prédateur. Sur sa droite, la barricade rejoignait un immense mur de roche, une crête abrupte dans laquelle on avait creusé des habitations. Le long des murs fortifiés, étaient postées d'énormes machines de guerre. Des catapultes, des balistes et des scorpions. Il se rappelait leurs noms pour les avoir lu dans les livres d'histoire de sa vie antérieure. Mais jamais il n'avait vu de ses yeux de tels engins, et jamais il n'aurait pensé en trouver dans ce monde ci. Au loin, entre les habitations de pierres, il pouvait distinguer une immense crevasse, qui parcourait toute la longueur du village. La contemplation d'Operamundi fut stoppée par des voix venant du côté des machines. Derrière celles-ci, sortant d'une ouverture dans la paroi rocheuse deux silhouettes trapues marchaient côte à côte. Voyant qu'elles allaient dans sa direction, Operamundi jeta rapidement des coups d'œil autour de lui, cherchant désespérément un endroit où se cacher. Un buisson ! Il courut tête baissée et s'enfonça dans les feuillages. Ainsi dissimulé, il observa les deux créatures qui s'approchaient. Celles-ci, arrivées à sa hauteur, passèrent près d'une torche, et Operamundi put voir leur visage sous la lumière des flammes. Des orcs. Leur surnom de peaux-vertes ne leur était effectivement pas volé, mais cette couleur étonnante n'était pas la chose la plus marquante chez eux. Leur énorme gueule abritait une rangée de dents acérées ainsi que deux défenses protubérantes. Leurs yeux injectés de sang étaient enfoncés dans leurs orbites, si bien qu'ils restaient sombres même à la lumière des flammes. Leurs oreilles pointues étaient ornées de nombreux anneaux. " – Alors nain dit à bestiole, mieux voir avec hache. - Arh arh arh arh !" Les orcs passèrent près de l'homme au chapeau, toujours caché dans son buisson, et Operamundi put alors sentir l'odeur de feu et de sang qui les suivait. Un éclair rouge lui traversa soudain l'esprit. Il sentit son corps trembler, et ses entrailles se serrer. Un grognement se fit entendre dans sa tête. "Non, pas maintenant", pensa-t-il. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il devait calmer la bête qui tentait de prendre le dessus, ce n'était ni le lieu, ni le moment de se faire remarquer. Et quand bien même, sous sa forme démoniaque il serait capable de vaincre ses monstres, d'autres rappliqueraient très vite. Alors qu'ils s'éloignaient tous deux, l'un des orcs s'arrêta dans sa marche, et huma l'air. " – Eh ! Senlumain! dit-il d'une voix rauque. - Ouéé ! Faim, moi aussi ! répondit l'autre. Allez, barback ! - Non Grollbarg ! Jdi, Senlumain ! Là, Senlumain! renchérit le premier, reniflant bruyamment en jetant des regards dans tous les sens. - Ooh. Papossib ça, Grizbarb, papossib ! Désumain, yapa ici ! - Ebemoi, senlumain ! - Alors c'est faim qui fait roltête à Grizbarb !" Le dénommé Grizbarb, tentant toujours de détecter sa si précieuse proie grâce à son flair, commença à s'agacer. " - Et parkwa pahumain ici ? - Humain ? Ici ? se moqua Grollbarg. Vereste, y a fantômes. Versude, y a morts qui marchent. Vernore et veroueste, y a rien. Eau et ruines. Humain, c'est maouss kilocubes plus loin. Grizbarb a flair poussentir vermaouss kilocubes ?" Grizbarb se renfrogna et ne donna pour seule réponse qu'un grognement. " - Alors c'est faim qui fait roltête à Grizbarb !" Et les deux énergumènes s'en allèrent, continuant de parler dans leur charabia. Operamundi attendit patiemment que son cœur retrouve un rythme normal. Il sorti prudemment du buisson, quittant sa providentielle cachette pour voir alentour. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il se trouvait exactement devant l'entrée de la crevasse qu'il avait aperçu peu de temps avant. Elle était vraiment immense. Des escaliers de pierres descendaient vers le fond. A l'intérieur, il pouvait distinguer plusieurs entrées, vers des habitations peut-être. L'intérieur de chacune était éclairé, mais certaines lumières étaient différentes, rougeâtres, comme s'il y avait de la lave à l'intérieur. Plus loin, au-dessus de la crevasse, un pont de bois peu engageant liait les deux falaises. Le tout semblait rudimentaire, mais terriblement organisé. Ces énormes bestioles étaient décidément très impressionnantes, et surement très dangereuses. Il devait à tout prix éviter d'en croiser ne serait-ce qu'une seule. Qui pourrait imaginer le genre de souffrances et de tortures que ces monstres réservaient aux intrus. Operamundi en avait vu bien assez pour savoir à qui il avait à faire, et pour faire un rapport dans les règles au Conseil du Dominion, et pensa donc qu'il était temps de quitter ce lieu maudit. Mais au moment même où cette pensée lui traversa l'esprit, il entendit un bruit sourd juste derrière lui. Il voulut se retourner pour voir d'où provenait le bruit, mais il avait une sensation étrange. Ses jambes ne répondaient plus. En fait, elles lui semblaient flancher sous son poids. Il se sentait tomber. Il voulut parler, crier même, sous le coup de la surprise, mais plus rien en lui ne répondait à sa volonté. Sa tête tournait, elle lui faisait atrocement mal, comme si on tentait de la lui arracher. Pendant sa chute, il n'eut que le temps de s'inquiéter pour son pauvre chapeau qui allait bientôt s'écraser contre le sol humide et crasseux du territoire des orcs –pourrait-il seulement récupérer son éclat d'antan ?- avant de sombrer dans le noir total. A son réveil, Operamundi avait le crâne en feu. Sa tête lui faisait tellement mal qu'il ne comprit pas tout de suite où il était. Mais la douleur qu'il éprouvait n'était rien comparée à ce qu'il ressentit en ouvrant les yeux. Devant lui se tenait un monstre énorme. Sa peau épaisse était aussi verte que celle des deux créatures qu'il avait croisé auparavant, mais celui-ci était trois fois plus grand. Il était vêtu d'une armure d'os, et tenait une massue gigantesque, qu'il faisait balancer au rythme de sa respiration rauque. La bête fixait Operamundi de ses petits yeux gorgés de sang. Elle ouvrit une gueule remplie de crocs tranchants et dit d'une voix puissante : "Allez, debout, petit homme !" Le ton employé était autoritaire, brutal, mais Operamundi sentit un amusement dans sa voix. D'une main, il chercha sur le sol à tâtons, sans quitter le troll du regard, de peur que celui-ci ne fonde sur lui et le transforme en hors d'œuvre. La matière douce et souple de son chapeau entra en contact avec sa main. Il l'attrapa d'un geste rapide et le vissa sur sa tête. Son crâne endoloris à nouveau couvert, il se sentait un peu mieux. Sous le regard attentif du troll, il se releva, luttant pour occulter sa migraine, et toisa le troll d'un air de défi. Était-ce parce que, son couvre-chef de nouveau à sa place, il se sentait en sécurité, ou bien parce qu'étonnamment, aucune agressivité ne semblait émaner du monstre, Operamundi était étrangement confiant. Il fallait toutefois rester prudent. "Qui êtes-vous ? demanda-t-il. - Je suis chez moi." Operamundi ne sut que répondre. "Et toi, tu es chez moi, reprit le troll. La politesse voudrait que tu te présentes en premier." Bouche bée, Operamundi fixa son interlocuteur d'un air étonné. Reprenant ses esprits, il répondit : "Hem… pardon, je… je suis… je suis Operamundi. - Je suis Xouxoux. Mais on m'appelle aussi le mangeur d'enfants." Operamundi était désorienté. Il ne savait comment réagir. Non seulement, le troll parlait correctement, mais à chaque mot qu'il prononçait, celui-ci lui paraissait plus effrayant encore. Soudain, Xouxoux partit d'un rire tonitruant, avant de lancer : "J'aime bien faire peur aux humains. C'est tellement facile. Mais tellement drôle. - Vous ne semblez pas comme les autres. Je veux dire, ceux qui sont ici. - Non, bien sûr. Je suis le chef. Donc je suis le plus fort. Mais j'ai droit aux meilleurs cerveaux pendant les repas, alors je suis aussi plus intelligent. Eh eh eh. - Est-ce une plaisanterie, ça aussi, demanda Operamundi ? - Ah bon ? - Euh… Hem, vous ne me voulez pas de mal ? - Quel mal ? - Je ne sais pas, me tuer par exemple ? suggéra Operamundi, qui regretta immédiatement ses mots. - Boarf, non, j'ai déjà ripaillé comme il faut, pas besoin de barback, répondit Xouxoux au grand soulagement d'Operamundi. - Dans ce cas, pourquoi m'avoir assommé. - C'est marrant. Eh eh eh. Le troll avait beau s'exprimer de manière plus intelligible que les autres, la conversation fût tout de même difficile, car s'il maitrisait nombre de mots, Xouxoux semblait s'amuser à répondre constamment de manière incompréhensible. Et le jeune homme comprenait à présent pourquoi l'on appelait "trolls" certaines personnes aimant semer le chaos en usant de leurs verbes. Il en avait un en face de lui, un vrai. Néanmoins, la conversation continua jusqu'à des sujets plus sérieux. Operamundi comprit qu'il n'avait rien à craindre de sa nouvelle rencontre, tant qu'il ne se montrait pas aux heures de repas, et qu'il ne portait pas de moustache (il n'avait pas vraiment comprit la raison, une obscure histoire d'empereur méprisant la mode). D'après Xouxoux, le peuple des peaux vertes avait dû s'exiler pour quitter une contrée trop hostile, et s'était retrouvé dans cette région, espérant ne pas faire de vague jusqu'à une conquête prochaine. Operamundi lui expliqua qu'ils se trouvaient en terres magiques, et que le continent du Dominion était habitué à accueillir nombre d'engeances différentes telles que lui. Il lui promit donc d'ester auprès du Conseil afin de voir s'ils pourraient trouver un accord, en échange de quoi Xouxoux assura qu'ils ne mangeraient pas trop d'humains. Operamundi repartit moins soucieux qu'il était venu, et entreprit de reprendre à la nage le chemin qui le séparait de son foyer, non sans avoir refusé poliment la proposition du troll de l'y envoyer via leur catapulte. ________________________________________________________________________________________ Ignis Donum - Un accord dangereux "Alors, comment était-ce ? - Epuisant ! - Vraiment ? - Non, c'est toi qui m'épuises, Opera ! Sais-tu seulement quelle heure il est ?" Operamundi était rentré à Bel-O-Kube en pleine nuit, mais il n'avait pu patienter jusqu'au lever du soleil pour prendre des nouvelles de son ami rongeur (et surtout pour retrouver son Œil Mémoire). "Pardon si je t'ai réveillé. La visite s'est-elle bien passée ? - Plus de peur que de mal, annonça SL en baillant. En fait, c'est même étonnant, après ce que nous avons fait subir aux lacustres lors de notre visite, qu'ils n'aient pas cherché à nous nuire plus que ça. Tout au plus quelques piques un peu douteuses, mais rien de terrifiant. Et toi ? - Je dirai la même chose. Plus de peur que de mal. Encore que… j'ai eu un peu de mal, répondit Operamundi en se frottant l'arrière du crâne. L'œil a-t-il fonctionné correctement ? - Je ne saurai le dire. J'ai simplement fait comme tu me l'as demandé. Appuyé là où tu m'as dit de le faire. - Il ne devrait pas y avoir de problème dans ce cas." Les yeux brillants posés sur l'étrange machine juchée sur un meuble de la chambre de SL, Operamundi s'en empara et tourna les talons, remerciant son ami pour ses services. "Oh ! ajouta-t-il en tournant la tête vers SL. Au fait, très beau pyjama. - Grmblr…" répondit SL en se recouchant. "Non ! Non, non, non ! Ce n'est pas possible ! Pas possible !" Les cris d'Operamundi se répercutèrent dans les galeries voisines, alors que dans son bureau sous-terrain de la fourmilière, l'homme au chapeau exultait de rage. L'Œil Mémoire avait un problème. Rien ne voulait en sortir. Aucune image. Aucun son. Rien. Operamundi tenta plusieurs fois de lancer des enregistrements en pointant des endroits au hasard et en suivant la procédure qui était indiquée sur l'engin. Des symboles illustrant clairement la démarche à suivre étaient gravés sur le métal. Tout semblait fonctionner, l'Œil émettait le même bruit caractéristique à chaque prise de vue. Mais il semblait impossible de récupérer quoi que ce soit ensuite. Operamundi suivait la manipulation indiquée pour activer la projection, mais rien ne se passait. Cela faisait des heures qu'il tentait de le faire marcher, mais rien n'y faisait, et il commençait à devenir fou. Cette machine géniale devait lui permettre de réaliser enfin ses rêves dans ce nouveau monde. Il n'avait pas traversé tant de choses pour échouer maintenant. Il devait y avoir une solution. Il lui sembla qu'une éternité avait passé avant que le jour se lève, alors qu'il attendait impatiemment que la cité se réveille pour qu'il puisse enfin demander de l'aide. Il alla rendre visite à Dem0_crix, une fourmi et compagnon d'aventure, féru de redstone et de mécanismes en tous genres. Celui-ci s'était trouvé bien perplexe devant cette merveille inédite. "Du jamais vu ! avait-il dit. Mais si tu veux mon avis, cette machine n'est pas tant mécanique que magique. - Est-tu sûr ? - Aucune trace de redstone. Je peux sentir la redstone à des kilomètres, mais là je ne sens rien. Le mécanisme est assez complexe. Mais le plus troublant, c'est que la source d'alimentation ne ressemble à rien de connu. Pas dans ce monde en tout cas. Je pense que ton Œil Mémoire utilise une énergie d'origine magique. Et je me verrai mal décortiquer un si bel ouvrage, j'aurai trop peur de faire une bêtise." Operamundi ne voulait pas cela non plus. Il décida donc d'aller voir Jesollas, la reine de la fourmilière, qui disposait de pouvoirs impressionnants. Hélas, sa réponse ne fût guère plus enthousiasmante. "En effet, cette machine recèle bien une énergie magique, je peux la sentir. Toutefois je ne peux rien pour toi. Il semble que l'énergie soit bloquée à l'intérieur. Quelque chose l'empêche de circuler." Le problème était donc interne. Quelque chose était en train de bloquer le passage à cette énergie, et ce quelque chose était au centre même de l'Œil Mémoire, d'après Jesollas. Mais il était hors de question de le démonter. Cette machine était unique. Nul ne pouvait en toucher les rouages sans craindre de l'abîmer. Bien sûr, il confia son problème à SL, mais bien que compatissant, lui non plus ne pouvait rien faire. Cette journée fût la plus interminable qu'il eut connu. Il restait dans son bureau, face à l'invention la plus incroyable à ses yeux, la plus magnifique, pleine de promesses. Et pourtant, alors qu'elle était si proche, rien ne lui semblait plus lointain que ce qu'elle avait à offrir. "Je compatis. Sincèrement." Operamundi se retourna pour répondre à son interlocuteur, et pour savoir qui avait bien pu entrer chez lui sans faire un bruit. Mais il n'y avait personne. "C'est vraiment triste, ce qui t'arrive", reprit la voix. Un frisson le parcouru. Operamundi se figea. Cette voix. Il la reconnaissait. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait entendu. "L'Opera Dei, souffla-t-il. - Je suis soulagé de voir que tu ne m'as pas oublié. Je ne t'ai pas oublié non plus, Edward. Après tout, je suis avec toi depuis le début." Une foule de sentiments l'envahit, de la peur à la haine, en passant par le lointain espoir qu'il ressentit jadis, lorsqu'on lui promit la gloire. Mais c'était un autre temps, dans un autre monde. Aujourd'hui, l'ancien dieu n'était rien de plus qu'une ombre qui habitait l'esprit d'Operamundi. Il était là depuis son arrivée sur les terres de Minefield, il ne l'avait jamais quitté depuis sa possession, il le savait. Et il se doutait qu'un jour ou l'autre, le démon réapparaitrait pour reprendre le pouvoir. Depuis qu'il avait recouvré la mémoire, il vivait dans la crainte que ce jour arrive. "Que me veux-tu ? demanda-t-il d'un ton abrupt. - T'aider, tout simplement." Operamundi ferma les yeux et secoua la tête, comme pour chasser une idée. "Non, pas cette fois, répondit-il. J'ai accepté ton marché il y a fort longtemps, il m'en a coûté une vie entière. Je ne referai pas la même erreur. - Je l'espère bien. Rappelle-toi, Edward, que la vie que tu as vécue, c'est moi qui te l'ai offerte. Et tu l'as perdu par ta faute. - Peut-être." Operamundi marqua un temps, puis repensa aux paroles de la voix étrange. Celle qui s'était adressée à lui avant de le transporter dans un autre monde. "Je retrouverai la gloire dans ce monde, mais sans ton aide, acheva-t-il. - On dirait pourtant que tu n'as pas le choix. Je serai curieux de voir comment tu réussiras à réparer ceci." Operamundi porta naturellement ses yeux vers l'Œil Mémoire, et resta silencieux. "Ecoute donc ma proposition, reprit le démon. Après tout, tu es forcé de m'entendre. Je t'offre mon aide pour remettre ta merveilleuse machine en état de marche, et ne te demande rien en retour. - Comment ? lança Operamundi. Tu crois vraiment que je vais tomber dans le panneau ? Tu me proposerais ton aide sans aucune contrepartie ? Je ne peux pas le croire ! - Pourtant, tu n'as rien à craindre. Tu as déjà passé un marché avec moi auparavant, Edward. Et tu sais qu'il me faut ton accord pour ajouter une contrepartie au contrat. Sans cela, tu peux être sûr que rien n'est possible." Il disait vrai. Quels que soit les vices qui le motivaient, les accords passés avec le démon avaient toujours été respectés à la lettre. "C'est vrai oui, répondit Operamundi. Dans ce cas, pourquoi ferais-tu cela ? Pourquoi m'aiderais-tu, alors que tu n'as rien à y gagner ? - C'est pourtant simple. Je fais désormais partie intégrante de toi. Et avec toi je partage tes peines et tes souffrances. Ta frustration et ton désarroi me font l'effet de centaines de lances me transperçant de part en part. Et je ne peux le supporter d'avantage. C'est pour cette raison que je me manifeste aujourd'hui. - Comment pourrais-je te faire confiance ? Tu n'as d'autre volonté que de me posséder et détruire ce qui t'entoure. - J'étais empli de haine, c'est vrai. Mais c'est un autre monde, maintenant. Un monde différent. Je n'en ai pas le même regard. Et je n'ai qu'une parole. Ma condition m'y oblige. Je suis tellement faible à présent. Ce que je ne demande pas, je ne peux l'obtenir. - Si ce que tu dis est vrai, comment comptes-tu m'aider ? Tu ne peux me posséder, jamais je ne te laisserai faire une chose pareille, alors que peux-tu faire ? - Si tu acceptes de me faire confiance, alors moi aussi je le peux. Edward, je vais te confier une partie de mes pouvoirs." Operamundi resta silencieux. Son esprit bouillonnait, des pensées ambivalentes se confrontaient et rendaient sa réflexion difficile. Sa méfiance envers le démon n'avait pas d'égal. Mais sa volonté de retrouver l'Œil Mémoire, et tout ce qu'il impliquait, était plus forte que tout. Sans le savoir, ou plutôt sans se l'avouer, il avait déjà pris sa décision alors qu'il hésitait encore. Cette fatalité le rongeait, il se sentait pris au piège, mais au fond de lui, il savait qu'il n'avait pas le choix. Comme pour répondre à ses pensées, le démon ajouta : "Allez Edward. Tu sais bien que c'est la seule option possible. Sans mon aide, tu ne pourras avancer. Jamais tu ne réaliseras ton rêve." Après tout, il pourrait se servir des pouvoirs de l'Opera Dei, mais rien d'autre ne pourrait lui être fait. Sans l'aval d'Operamundi, le démon n'avait aucun ascendant sur lui. Sinon, il aurait pris le pouvoir de son corps il y a longtemps. Operamundi poussa un long soupir, puis : "Très bien. C'est d'accord." En réponse, Operamundi n'entendit rien de plus que le silence de son bureau. "Tu m'entends ? reprit-il. Je te donne mon accord ! - Patience, mon jeune ami. Ce n'est pas rien de te confier des bribes de ma puissance. Cela demande du temps et de la concentration. Bientôt tu pourras en profiter, et je serai ravi de mettre fin à toutes ses souffrances intérieures." Pendant quelques minutes, qui semblaient durer des heures, le silence se fit à nouveau. Operamundi fixait l'Œil Mémoire posé devant lui, immobile, et son impatience le rendait fébrile. Il détourna le regard et se concentra sur une goutte d'eau qui coulait lentement le long de la paroi de la pièce. Il la regarda serpenter dans les anfractuosités de la terre sèche, quand soudain il ressentit une vive chaleur monter en lui. Une matière bouillonnante semblait s'infiltrer par toutes les veines de son corps, lui infligeant une douleur sans pareille. Un sifflement strident lui agressa les oreilles, et ses yeux furent recouverts d'un blanc laiteux, aveuglant. Il tomba de sa chaise et se cramponna au sol comme il put, priant chaque seconde pour que la suivante soit la dernière de sa vie. Il voulut hurler, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Ses cordes vocales étaient en feu, sa gorge brûlait, et son cerveau était sur le point d'exploser. Puis la douleur s'arrêta. Aussi vite qu'elle était apparue. Le sifflement s'estompa, il put voir à nouveau, mais il était sous le choc. La chose avait dû se produire pendant quelques secondes seulement, mais il était encore paralysé par l'expérience. Il sentait toujours la chaleur dans son corps, même si elle était beaucoup moins forte. "Comment te sens-tu ?" demanda l'Opera Dei. Operamundi ne dit pas un mot. Lentement, il se releva, en prenant bien soin de garder un appui suffisant au sol, d'abord avec les mains, puis il se mit doucement debout, luttant contre le vertige qui l'assaillait. Il trouva la chaise derrière lui en balayant des mains, l'agrippa, et s'assit avec prudence. "Respire un bon coup, ça devrait aller." Ce n'était pas un conseil si futile, puisqu'il avait maintenant l'impression de suffoquer, comme s'il avait retenu sa respiration durant plusieurs minutes. Il prit une grande bouffée d'air, un air qui lui sembla glacial, et difficile à inspirer. Il continua, jusqu'à ce que sa température revienne à la normale. 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dem0_crix Posté(e) le 29 septembre 2012 Partager Posté(e) le 29 septembre 2012 Ah la la .. c'est beau comme un taco frais ... J'en reprendrai bien une seconde bouchée ... J'ai hate de la suite ! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
DomFulmen Posté(e) le 29 septembre 2012 Partager Posté(e) le 29 septembre 2012 Que dire sinon que c'est un chef d’œuvre ? Je pensais écrire tes éloges durant de longues minutes, mais j'en perd tout simplement mes mots. Tout ce que j'espère, c'est que la suite viendra bientôt. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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