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Tout ce qui a été posté par DomFulmen
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T'es sérieux ?? C'est nul les cours! J'prefere de loin rester assis sur mon canapé a rien faire ^^ Tu sais, maintenant que je quitte le lycée pour la fac et que je commence à avoir un peu de recul, je t'assure que c'est pas aussi nul que tu le penses au premier abord. Donc il a raison, profitez-en, le monde des études supérieures et/ou du travail seront nettement moins bien à côté, vos années collège/lycée sont de vraies vacances.
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Et les cadeaux de mariage alors ? Radins !
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Bah... je te voyais... moins barbu. Moins grand. Avec le visage moins carré. Je te voyais plus comme JD en fait. ^^
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<3
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Oh mon dieu Arthuuuuuuur !!! o.o *.* Je ne t'imaginais pas du tout comme ça. *.* Mon rêve est exaucé. *.* Je peux mourir à présent. *.* Adieu. *.*
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Marie. <3
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Devenir paysan, chose difficile...
DomFulmen a répondu à un sujet de Mautryss dans Questions de noob
Comme dit Meikah. ^^ En gros, si tu continues à n'avoir faux qu'à une ou deux questions, reprends-les une par une en vérifiant bien. Les solutions ne sont pas légion pour chaque questions, et au maximum tu peux hésiter entre deux solutions qui semblent valables (la plupart du temps. Procèdes ensuite par déduction en suivant tous les conseils que je t'ai donné précédemment, tout simplement. -
J'ose au moins espérer (un minimum) que ce que pouvons dire dans le VE sur ces majs sont un tant soit peu réalistes et présentent un avis correct des majs. C'est sûr qu'il y a toujours ceux qui sont toujours contents et ceux jamais, mais je pense que nous essayons de faire la part des choses et de donner un avis réfléchi, bien qu'il ne puisse bien sûr pas être parfaitement objectif. ^^
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Bonne chance Shqnks, je sais très bien ce que tu peux ressentir en ayant peu d'actifs, donc j'espère que ça va vite aller mieux. Et j'annonce fièrement que le Kubnigera plante son drapeau sur votre forum ! \o/
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Je trouve cette idée excellente !
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C'est surtout un mafieux qui flottte dans l'air sur un gros poisson.(<3)
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[Absences] Venez signaler que vous êtes des glandeurs ici !
DomFulmen a répondu à un sujet de Ti-ret dans Ceci n'est pas une taverne
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Devenir paysan, chose difficile...
DomFulmen a répondu à un sujet de Mautryss dans Questions de noob
C'est là tout l'intérêt de te remettre en question à chaque fois. -
Le point sur la 1.7 - Snapshot 13w47a HERE
DomFulmen a répondu à un sujet de Harder_Sty dans La taverne (non RP)
Fondamentalement, il faut dire ce qui est, c'est un peu gonflant non ? ^^' Je need le craft de copie en neuf exemplaires des bouquins. *.* -
C'pas censé mettre "[dit]" avant les paroles dans ce cas ? Parce que là y'a juste la couleur, alors qu'avec ce système tu dois logiquement avoir la façon de parler d'indiquée. D'où l'interrogation de Killer je présume. En tout cas, ça avait l'air sympa, dommage que je n'aie pas été là.
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Moi j'dis ça veut dire que des gens trafiquotent des trucs derrière pour faire des choses qu'on a pas le droit de les connaitre maintenant. (Et que je parle trop super bien la langue de la France même que.)
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Moi perso je vais juste me contenter de squatter votre forum. Allez lire mes chroniiiiiques, y'a le lien dans ma signatuuuure.
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Bon anniversaire homme de laine ! (Goo_m_ba pour les intimes
DomFulmen a répondu à un sujet de Tifoux24 dans La taverne (non RP)
Naniv. <3 -
Je renie cette accusation. Allez lire le nouveau chapitre de mes Rp !
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DomFulmen a répondu à un sujet de Ti-ret dans Ceci n'est pas une taverne
Une petite faute de frappe Dom ? Vi. <3 -
Allumeeeeer le feu... *air connu*
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[Absences] Venez signaler que vous êtes des glandeurs ici !
DomFulmen a répondu à un sujet de Ti-ret dans Ceci n'est pas une taverne
Sans riiiiiiire ? :3 -
Mes jeux de mots n'étaient là que pour m'assurer de réchauffer un peu l'ambiance et pour etre certain que tu n'avais pas été froidement refroidi par Marie.
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Les Chroniques de L'Ombre et du Sang, par Dom Fulmen — Chapitre final
DomFulmen a répondu à un sujet de DomFulmen dans La taverne (RP)
Yop à tous ! Ça y est, vous l'attendiez, le voilà : le troisième chapitre de mes aventures ! Tout d'abord, avant de faire une petite introduction à ce chapitre, je tiens à m'excuser de n'avoir pu le poster sur le premier post de mon topic. J'ai (déjà...) atteint la monstrueuse et tant redoutée barre des 60 000 caractères maximums sur celui-ci, et mon troisième chapitre l'amène aux 90 000 et quelques. Je le poste donc sur ce topic-ci directement, et je me contenterais à l'avenir de mettre des liens vers les différents chapitres sur le premier post. Ce troisième chapitre donc est une sorte de chapitre passerelle entre mon RP de Bel-o-Kube et mon RP citoyen. Mon style et mes idées pour l'histoire de mon personnage ayant bien évolué entre les deux, le RP citoyen monstrueusement long que j'avais alors fait en était par extension flou et peu compréhensible, car il manquait cette partie. La voilà donc : ceux qui étaient sortis de mon RP citoyen plein de questions y trouveront une partie des réponses. Pour le reste, il faudra attendre quelques chapitres pour avoir le chapitre rempli de révélations que je prévois depuis quelques temps (et qui sera sans doute mon RP chevalier, j'annonce !). Je précise également que comme dans les précédents chapitres, certains évènements (la fin notamment) son tirés de faits réels qui me sont arrivés sur le serveur mais que j'ai romancé volontairement. Sur ce, bonne lecture, et comme d'habitude n'hésitez pas à commenter ! Chapitre 3 : De Gemme et de Changements L’émerveillement. La surprise. En dessous et loin vers l’horizon s’étendait un océan. Un océan couleur d’émeraude et de jade, mouvant sans cesse et pourtant solidement ancré. La forêt, ondulant sous la douce brise légère du printemps, murmurait avec conviction ses secrets séculaires et agitait ainsi ses bras et parures innombrables. Elle était si dense que l’on en aurait pas vu un nain repus au travers de son feuillage, et les troncs étaient si nombreux que l’on aurait manqué une troupe de nains ivres (en revanche, il ne fait aucun doute qu’on les eut écouté à des lieux de là, à défaut de les apercevoir). Cependant, ces bois n’en étaient pas moins frais, lumineux, et semblaient ouvrir amicalement leurs branches pour quiconque viendrait en paix. Par-delà la cime des chênes, des hêtres, des merisiers, des saules scintillait près de la ligne d’horizon une autre mer, d’azur et de saphir, une mer calme et caressant tendrement la côte de sa houle légère. Ici, un merle bavard faisait entendre son chant. Là, un autre lui répondait ; plus loin, une jeune hirondelle prit part à leur conversation, tandis qu’une adorable famille hérisson rentrait paisiblement au terrier. En effet, le soleil commençait à présent à s’élever et à répandre sur ces terres ses rayons chauds et apaisants. Mais, malgré tout cela, malgré la beauté et la magie enchanteresse de ces lieux, les yeux de Dom n’avaient fait que les apercevoir tant qu’il était resté sans voix. Dans la mer, sur le littoral sud-ouest se jetait une rivière, un maigre fleuve large d’une petite dizaine de mètres à son endroit le plus large, et guère plus profond que la moitié de sa largeur. Ce cours d’eau discret parcourait l’ensemble du territoire, serpentant entre les arbres et les petits reliefs. Il prenait sa source à l’extrême est de la zone accordée aux gens de Bel-o-Kube et du Lac d’Émeraude, au sommet d’une montagne moyenne. L’écume naissante jaillissait de son antre, vive et fraîche, avant de tomber en une colonne fumante jusqu’au pied de la montagne. Là, le courant se séparait en deux, contournant un véritable îlot de terre avant de se rejoindre de l’autre côté. Les deux côtés de cet anneau d’eau enfin réunis, ils poursuivaient ensemble leur route, entre petits lacs et chute, jusqu’à la mer. Or, au centre de cet anneau, régnant et veillant sur le monde, se dressait un improbable géant. Il était si immense que même du haut de la petite colline d’où étaient arrivés les colons, il les dominait tous. Partout sur la petite île, dépassant guère deux centaines de mètres de diamètre, légèrement masquées par quelques arbres plus épars qu’ailleurs, d’énormes racines parcouraient la terre douce et humide. Longues et larges, telles qu’un homme de grande taille aurait pu les parcourir sans se courber sur presque toute leur longueur, elles se rassemblaient au centre du monticule de terre, pour bientôt former un formidable tronc, large et élancé autant qu’il fut régulier et harmonieux. Et ainsi, le corps s’élançait droit vers les cieux, dépassant les nuages. Pourtant, malgré sa hauteur – dépassant de plusieurs fois la taille de la montagne voisine – le diamètre du tronc et la force de ses racines l’empêchait de ployer ne serais-ce que de quelques centimètres sous l’action du vent. Loin au-dessus des quelques amas estivaux de nuages cotonneux, le tronc se séparait en six branches d’un diamètre comparable, bien qu’inférieur. Chacune d’elle ployait jusqu’à s’étendre à l’horizontale sur une centaine de mètres, dépassant ainsi le diamètre de l’îlot en contrebas. Sur chacune de ces branches se ramifiaient de plus petites, et sur chacune d’entre elles une myriade encore plus fine. Ainsi, peu à peu, les branches devenaient brindilles, et celles-ci accueillaient – pendues courageusement – une infinité de feuilles. C’est ainsi que, la tête relevée et le cou endolori d’une torsion prolongée et inconfortable, Dom vit l’Acacia géant, étendant ses majestueux bras au-dessus de sa forêt. C’était en effet un gigantesque Acacia Cornigera, que tous ici surnommaient « Kubnigera ». Les éclaireurs myrmécéens avaient donc dit vrai. Comme décidé durant le voyage, à l’unanimité, leur nation serait donc La Colonie du Kubnigera. Le souffle coupé, Dom s’élança le long du sentier pour aller aux pieds du maître de la forêt. Bien qu’il n’y prêta aucune attention à cet instant, tout captivé qu’il était par cette merveille, chacun de ses camarades près de lui, qu’ils fussent lacustres ou fourmis, était tout aussi émerveillé que lui. Bien vite, une fois qu’il eut trouvé une navette et qu’une jeune fourmi très agréable eut la bonté de lui faire traverser le versant sur de l’anneau aquatique, il fut face au tronc du gigantesque Acacia. Il paraissait vertigineusement grand à présent qu’il se trouvait sous son feuillage illuminé de mille reflets d’émeraude par le soleil matinal, bien davantage que du haut de là où Dom était quelques minutes auparavant. Ce dernier remarqua bien vite qu’un passage était ouvert à hauteur du sol, d’où sortaient moult fourmis. C’est vrai : l’Acacia Cornigera est un habitat de choix pour les fourmis ordinaires. Contre sa protection et son entretien, l’arbre offrait le gîte et le couvert à ses locataires. Maintenant qu’il s’en souvenant, Dom vit effectivement de nombreuses épines sur les hautes branches, qui seraient leur logement à elles autres de Bel-o-Kube, tandis que les gens du Lac s’établiraient dans un village le long des lacs et cours d’eaux qu’ils affectionnaient tant. Curieux, le jeune homme s’enfonça à travers l’écorce épaisse. À l’intérieur, le tronc était creux, de sorte que l’on pourrait plus tard aménager l’intérieur. Déjà quelques échelles étaient disposées, et l’on pouvait aisément se mouvoir dans l’arbre. Fait étonnant, il remarqua que les racines elles aussi étaient creuses. Mais malgré ça, l’intérieur était lui aussi tapisse d’écorce, comme si le Kubnigera avait poussé de manière à ce que l’on puisse l’habiter sans lui faire de mal ou tailler une quelconque galerie dans son bois dur et noueux. Comme chaque Bel-o-Kubien ventait avec ardeur la qualité de la structure supérieure, au niveau des branches, et disait qu’on en ferait une ville aussi belle que la fourmilière, Dom fût curieux et souhaita se faire sa propre idée de tout ceci. Patiemment, il gravit donc la multitude de barreaux d’une des échelles posée çà ou là, pour arriver plusieurs minutes plus tard au sommet, là où toutes les branches se rassemblaient. Comme il s’y attendait, chacune d’entre elles était creuse, de la même manière que le reste de l’arbre. Depuis chaque branche on pouvait atteindre nombre des épines de l’Acacia. Comme il pût en juger, elles feraient en effet de formidables habitations. Bien qu’il ne fût pas une fourmi au sens morphologique du terme, il appartenait tout de même à la fourmilière, était relié à la collectivité. Par conséquent, il souhaitait tout naturellement s’établir dans le Kubnigera même. Inexplicablement, il s’y attachait déjà et avait au fond de lui un désir naissant de veiller sur ce géant. Il repartit bientôt au niveau de l’herbe fraîche. Il croisa bien certains de ses camarades lors de ses pérégrinations, mais comme il devait attendre le soir tard le premier conseil général de la Colonie du Kubnigera, il choisit d’explorer un peu les environs. Dom se choisit donc une direction en fonction de la course du Soleil afin de pouvoir retrouver aisément son chemin, et, s’y tenant, il s’enfonça dans la forêt. Il appréciait, pour une fois, de se retrouver seul et loin de la vie bouillonnante et conviviale de la fourmilière. Il marcha donc, slalomant entre les arbres et déposant pas après pas ses pieds sur la mousse fraîche du sol, jusqu’à ce que vienne – d’après son estomac et la position de l’astre dans le ciel – l’heure du déjeuner. Le jeune homme affamé s’installa donc sur un petit rocher émergeant du sol et dégusta son repas précaire – du pain, un morceau de saucisson et du fromage de brebis sortis d’une de ses fidèles sacoches – sous le regard attentif et investigateur d’une famille de moineaux. Une fois sa collation dégustée, il reprit sa route, toujours aussi curieux de savoir quel secret pouvait renfermer cette forêt coupée du monde. Il ne fût pas déçu. Il marcha durant deux heures, peut-être trois, de sorte que l’après-midi avait bien débuté et que le soleil avait depuis un certain temps déjà amorcé sa descente. Le jeune explorateur était donc sur le point de décider son retour sur ses pas afin de rentrer avant que les ombres ne s’étirent et qu’elles incitent les créatures hostiles de la nuit noire à se montrer, lorsqu’un détail attira son attention. Intrigué, il s’écarta légèrement du chemin qu’il avait pris, et s’approcha de l’objet de son interrogation. Comme il n’avait cru le voir, une racine du Kubnigera sortait effectivement du sol sur une demi-douzaine de mètres de longueur pour deux bons mètres en hauteur. Surpris, et avec raison, de trouver une racine si éloignée de l’arbre, Dom s’en approcha donc afin de l’examiner. La racine semblait banale, et elle regorgeait de vie comme le reste de son propriétaire ? Le jeune homme en fit le tour, passant sa main sur l’écorce rugueuse. Soudain, sa main s’adapta bien – étonnamment bien même, si ce n’est parfaitement – à un nœud. Étonné, il regarda avec curiosité ses doigts placés dans les plis ligneux. Sans trop savoir pourquoi, il appuya de ses doigts sur certaines des aspérités du bois et effectua rotations et manipulations selon un ordre qu’il semblait connaitre, ou comme si une ombre lui dictait la succession tel un marionnettiste. Surpris de ce qu’il venait de faire malgré lui, Dom recula d’un pas et retira sa main. Il ne s’éloigna pas beaucoup plus, car un subit tremblement du sol, bien que léger de prime abord, devint si violent que le jeune explorateur médusé posa un genou au sol afin de conserver un relatif équilibre. Près de lui, quelques animaux fuyaient le raffut qui vrillait les tympans du jeune homme, tandis que des feuilles détachées de leur propriétaire par la secousse se déposèrent sur le dos, la chevelure et le sol autour de lui un tapis de feuillage. La protubérance d’écorce qu’avait manipulée l’intéressé quelques secondes auparavant entama une rotation horaire lente mais sûre, et ce faisant s’enfonça dans la racine. Alors qu’une raisonnable et légitime inquiétude gagnait peu à peu l’aventurier, tout bruit et toute secousse cessèrent, mis à part peut-être la fuite éperdue de quelque animal effrayé. Quelques secondes à peine, alors que Dom n’osait plus faire un mouvement et se relevait simplement, à l’affut et la main à la garde de son épée, et un claquement sourd à la sonorité étrangement métallique autant qu’elle fût profonde et lourde, se fit entendre et résonna quelques instants. À tout ce capharnaüm inaudible succéda bientôt un silence oppressant et dérangeant. Le nœud reprit la rotation qu’il avait stoppé, mais dans l’autre sens, et bien plus vite. Le bois craquait, grinçait, gémissait en un son aigu en un son désagréable. Le morceau indistinct de racine en rotation gagna de l’ampleur, et était maintenant un large cercle tourbillonnant sur toute la hauteur de la racine. Enfin, aussi surpris que fût Dom, il vit du centre du cercle jusqu’aux bords, la spirale s’ouvrir et glisser, couler sur l’intérieur. Durant ces quelques secondes – des siècles pour le jeune homme – une ouverture béante ouvrant sur le sombre intérieur de la racine s’était formée. Pour Dom, la curiosité surpassa l’inquiétude. Nouant une bande de lin usée sur un morceau de bois trouvé par terre, sous le lit de feuilles nouvellement tombé, il l’enduisit d’un peu d’huile prévue pour cet effet qu’il gardait pour ce genre d’usages, et l’enflamma d’un mouvement sûr et avisé de son briquet. Il passa la tête par l’ouverture. Comme il ne pouvait aller à droite, la racine étant bouchée, il se dirigea donc sur la gauche, en direction de l’arbre, et s’engagea sur la pente douce et humide de l’intérieur de la racine. À la suite d’un tremblement, plus court et violent que quelques secondes auparavant, un claquement retentit. L’ouverture s’était refermée plus loin, et Dom ne pouvait qu’avancer à présent. Longtemps, il marcha dans l’obscurité, à la seule lueur de sa torche, tantôt courbé sous le plafond bas et marchant d’un pas vif mais prudent sur le sol glissant et moussu, tantôt avançant lentement et à tâtons dans d’étroits rétrécissements du conduit. Bientôt, le passage s’élargit et gagna en hauteur. Par chance, comme sa torche commençait à faiblir – et, comme il s’en aperçu sous peu, n’allait de toute manière plus être utile – le tunnel végétal aux senteurs multiples et envoutantes de sève semblait arriver à sa fin. La botte du jeune homme butta contre un obstacle, qui selon toute vraisemblance obstruait la totalité du chemin. Il tâtonna quelques minutes la paroi d’un bois froid et impénétrable avant de se rendre compte qu’un léger courant d’air passait par-dessous la cloison. Ou plutôt, la porte. Il tenta vainement de la pousser, ma ne l’ébranlât pas d’un cheveu. Sans savoir quoi faire, alors que les ténèbres voletaient autour de lui, il effectua sans trop y penser quelques manipulations sur le battant. Encore une fois, sans qu’il ne sache comment il pouvait savoir comment faire, la porte s’ouvrit et glissa sur le sol. Subitement, la racine s’évasa, et rejoignit le tronc de l’arbre. Une énorme caverne se trouvait à l’intérieur, et la base où marchait Dom rejoignit la roche de la cavité. D’un pas lent et solennel, le jeune homme s’avança, les yeux écarquillés. Incontestablement, il se trouvait sous les racines du Kubnigera, plus profondément que personne n’oserait jamais creuser. Il marchait à présent sur une plate-forme entourée d’un gouffre qui semblait sans fond. IL voyait ainsi un immense pilier, large et solide, s’enfoncer et disparaître dans les ténèbres suffocantes, et qui soutenait la passerelle. De l’eau cascadait çà et là, et de nombreux joyaux et minerais d’une valeur inestimable scintillaient à fleur de roche, ciel étoilé au milieu de la nuit caverneuse. Cependant, Dom n’aurait jamais pu en voir autant avec sa simple torche, qu’il ne tarda pas à déposer sur le sol, toute inutile qu’elle était à présent. Une lumière brillante et diffuse émanait du centre de la salle, pareille à l’éclat froid et apaisant d’un ciel d’été lors d’une nuit de pleine lune. Irréelle, une immense gemme, si grande que même en tendant le bras le jeune et grand homme qu’était le Bel-o-Kubien n’en atteignait clairement pas le haut, reposait là. Elle brillant d’un fort éclat vert profond sans pour autant que sa lumière fût agressive, et elle illuminait toute la caverne, se reflétant comme autant de lanternes sur toutes les gemmes et métaux des parois. Une colossale énergie s’en dégageait, et Dom soupçonnait, bien qu’il n’eût alors aucune notion de magie, que la puissance dégagée par cette pierre était directement liée à la vigueur de la forêt comme à la taille de l’arbre. D’une forme parfaitement ovoïde, légèrement translucide, elle siégeait là. De même que l’Acacia géant semblait veiller sur sa forêt, il tenait ici sa bienfaitrice entre ses racines, la couvant et l’abritant. Bientôt, Dom s’aperçut qu’en réalité le joyau flottait dans le vide au-dessus d’un trou géant dans la plate-forme, sans aucun support ni accroche qui fut apparent. Décidément, il découvrait dans une même journée toutes les merveilles les plus exotiques et étonnantes que plus jamais le monde ne pourrait lui offrir à l’avenir. Craintif autant qu’il fût respectueux, il osa tout de même s’approcher. Ce soir, une fois que les conseillers de la Colonie seraient choisis, il leur en parlerait en secret. Si les personnes administrant la cité se devaient de connaître l’existence d’une telle pierre, la nouvelle ne devait pas s’ébruiter. Dom avait déjà délibéré que celle-ci était trop précieuse et vitale pour le Kubnigera pour prendre le risque de la laisser à portée du premier venu. Dom tendit un bras hésitant vers la gemme, mourant d’envie mais n’osant la toucher. Elle était tellement belle qu’il craignait de la briser ou de l’altérer de ses mains impures. Une ombre. Alors que les doigts tremblants du jeune homme frôlaient presque la surface de la pierre, il aperçut une silhouette sombre de l’autre côté, à travers les miroitements, qui l’observait fixement. Lentement, alors que ses instincts se réveillaient, le jeune guerrier tira légèrement sa lame et recula de quelques pas. Au sol, la flamme de sa torche vacilla, s’éteignit en un claquement sec. Sursautant, Dom fit volte-face et tira son épée. Rien. Seulement la torche fumante. Sans attendre, il se retourna vers la gemme. Il lâcha un juron : il était tombé droit dans le piège, et durant la seconde où son dos était tourné, l’ombre avait disparue. Même sans l’avoir clairement vue, il n’avait aucun doute sur l’identité de celui qui se jouait de lui à cet instant. Par prudence, il fit tout de même un tour de la gemme. L’intrus semblait s’être échappé. Dom redirigea donc son attention sur la merveille qui trônait toujours à côté de lui, non sans oublier d’aucune façon son visiteur surprise. Celui-ci s’était fait plus discret depuis l’arrivée à Bel-o-Kube du jeune aventurier, et malgré quelques fois où il se sentait observé, ce dernier était en paix. Le Chickenderpig ne lui inspirait pas confiance, et même s’il lui devait une certaine reconnaissance pour l’avoir mené sur les terres Minefieldiennes, il restait tout de même sur ses gardes à chacune de ses apparitions. À présent, il était mal à l’aise autant que préoccupé. Ses yeux se perdirent au milieu du flot indistinct et mouvant qui semblait parcourir l’intérieur de la pierre précieuse. Alors seulement, Dom s’aperçut que l’air était très frais, et qu’une brume légère y flottait lentement. Sans doute la nuit était-elle sur le point de tomber au-dehors ? Dans tous les cas, le jeune homme s’emmitoufla dans son écharpe et sa cape tout en laissant s’échapper un frisson. Il commençait à présent à se dire qu’il ferait mieux de remonter à la surface. Malheureusement, l’entrée qu’il avait empruntée s’était vraisemblablement refermée, et il était à présent enfermé dans cette salle close, seul avec lui-même et la gemme. La gemme ? Oui. Il l’avait oublié l’espace de quelques instants. Mais à présent, il la contemplait de nouveau, oubliant le problème de la sortie. Malgré toutes ses craintes et son admiration devant elle, il fut tout de même saisi d’un profond désir de ne serais-ce que l’effleurer. Après tout, quelle importance ? Qui le verrait ? Lui en voudrait ? Et pourquoi avoir peur de toucher une simple roche translucide ? Non. Non ! Dom secoua vivement la tête. Il perdait ses esprits, il le sentait. Il ne savait pas pourquoi ni comment, mais quelque chose – ou quelqu’un – lui faisait perdre toute raison. Il devait s’éloigner, partir d’ici avant de faire quelque action inconsidérée. Quelque chose de mauvais était sans nul doute à l’œuvre. Il ne devait pas céder. Son instinct lui dictait de fuir avant que quelque chose n’arrive contre son gré. Il recula d’un pas. Se retourna. Sa paume rencontra une surface lisse et glaciale. Il retourna la tête d’une lenteur macabre, les yeux exorbités rivés sur ses doigts adhérant à la pierre sans qu’il ne l’eut voulu d’aucune façon. Il arrêta presque de respirer autant que son cœur cessa de battre. Le temps lui semblait stoppé, et il était comme paralysé, tant par la frayeur irrationnelle qui s’emparait de lui que par le froid ambiant de plus en plus prononcé qui l’engourdissait. Un picotement léger parcourut son membre tendu. Sa tête bourdonnait, tandis qu'une présence à l'esprit étrange et vaste s’insinuait lentement et sans aucun mal dans ses pensées, se glissait avec une mortelle et implacable lenteur dans chacun des recoins les plus sombres et oubliés de son âme. Dom ne pouvait opposer aucune résistance et devait, impuissant, rester le témoin impuissant de cette chose qui explorait sans distinction chaque bribe et chaque cachette de son esprit, de ses souvenirs, de tous ses sentiments les plus secrets et enfouis. Celui ou ce qui l'explorait aussi librement dégageait une aura de malfaisance et de sadisme qui ne semblait pas lui appartenir. Au fond de cette noirceur apparente survivait une faible lueur, un mince et survivant éclat de bonté teintée de peine et de regrets qui luttait lui aussi. Le picotement devint une morsure et se répandit dans son corps tout entier. Un brasier le consuma de l'intérieur, sans qu'une seule partie de son être en réchappe. Chacun de ses muscles était un incendie, son cœur fondait telle la roche brûlante d'un volcan, et des étoiles naquirent à l'intérieur même de ses yeux, lui ôtant la vue. Le jeune homme meurtri aurait hurlé à la mort s’il avait pu ne serait-ce qu'entrouvrir les lèvres. Des odeurs nouvelles et nauséabondes lui parvinrent sans même passer par ses narines, comme s’il les sentait depuis sa tête. Ces odeurs avaient un sens, se déclinaient en des milliers de variantes au sein de la pièce seule, et transmettant des sensations et des pensées primaires. La peur, la faim, le sommeil, toutes étaient mélangées en une myriade de déclinaisons, et Dom les comprenait. La noirceur de l'assaillant prenait sans cesse plus possession du garçon impuissant, le repoussant jusqu'à ce qu'il ne soit qu'une petite chose craintive tassée dans un coin de sa conscience et luttant sans relâche. Soudain, le dernier maigre morceau de bienfaisance au milieu de cet océan sombre qui malmenait Dom, dans un dernier effort, repoussa ses propres démons. Un instant plus tard, la douleur que subissait Dom s’en retrouvait amoindrie, supportable, et bien qu’il fût encore figé par quelque sortilège, il eut un bref moment de répit. L’esprit était toujours dans sa tête, mais il était contenu et isolé. L’espace d’un instant, Dom se demanda si ce n’était pas la gemme elle-même qui était aux prises elle aussi avec le sombre esprit qui semblait l’habiter, et si ce n’était pas elle qui venait de le repousser pour ces quelques infimes instants. En un éclair, le jeune homme fut une nouvelle fois traversé par un flot rapide qui sonda l’intégralité de son intimité. Cette fois-ci, ce fut en douceur, et extrêmement rapide. Il ressentit de la part de son sauveur un profond regret teinté de tristesse. Il sentit que la gemme souhaitait se faire pardonner d’une façon ou d’une autre. Tu moins, si c’était bien elle. Les brûlures qui consumaient chaque partie du corps du jeune homme s’éteignirent un peu plus, et de légers fourmillements y prirent place, comme si un quelconque processus c'était stoppé. L'esprit se retira subitement moins d'une seconde après avoir repoussé son ennemi, incapable de le retenir davantage, et Dom fût de nouveau envahit. Au retour si brutal de la douleur, il lâcha un cri rauque et guttural qui résonna sur les parois de la pièce et fit vibrer la gemme délicate. Sa main se détacha de sa surface, et alors que le jeune homme tombait à la renverse, il sombra dans les ténèbres, inconscient. La douleur. C'était la première chose que Dom ressentit à son réveil. Son premier réflexe fût de lâcher une série de juron. Puis il se souvint : la gemme, Chickenderpig, l'esprit qui s’était insinué dans sa conscience... Sans attendre, il bondit sur ses pieds, sur ses gardes. Il fit un tour sur lui-même. Une goutte de rosée naissante lui effleura la joue. Un loir gambadait gaiement aux alentours. Plus loin, un cerf brama, et une douce brise se déposa comme un voile sur le visage épuisé et sale du jeune homme. Aucune trace de roche. Aucune trace de pierres précieuses à flanc de paroi. Mais surtout, aucune trace de la gemme ni de sa salle du trône. Dom s'était retrouvé étendu là, dans ce qui semblait être la forêt Kubnigérienne, inconscient. Ses affaires étaient toutes près de lui, même sa torche, enduite d'huile et prête à être rallumée. Il se trouvait justement que le soleil de laissait plus qu'une mince traînée rouge vermeille à l'horizon, et que la nuit avait déjà étendu son long manteau sur la cime des arbres. Dom remarqua très vite que des murmures, des voix résonnaient à l'intérieur de son crâne. Ou plutôt, ce n'était pas des voix, mais une myriade de sentiments variés qui dans leur ensemble formaient un langage compréhensible. Secouant la tête et décidant de ne pas s’en préoccuper, il fit un premier pas vers ses affaires. Il stoppa son pied avant même qu'il ne touche le sol. La peur. Une intense frayeur était tout ce qui lui revenait de ces voix. Une frayeur à dix, vingt, plusieurs centaines d'exemplaires tous différents. Dom réfléchit à toute allure, paniqué. Mais qui ? Quoi ? Qui pouvait se trouver assez nombreux pour... avoir peur de son pied ? Qui ? Ce scarabée ? Cette fourmi retardataire rentrant à sa colonie ? Et si... c'était eux ? Tous ces insectes ? Et s’il les comprenait ? Mais comment dialogue les insectes habituellement ? Des phéromones. C'était la seule explication. Dom captait et comprenait d'une manière ou d'une autre les émanations chimiques de toutes ces petites créatures qui craignaient son lourd pied d'humain. À peine conclut-il son raisonnement qu'il sursauta et bondit en arrière : une étrange petite forme transparente était apparue dans son champ de vision. Sans même qu'il puisse se questionner quant à son origine, une autre apparut sur le côté. Puis une autre ailleurs. Il se rendit bientôt compte que c'était sur ses yeux mêmes que ces choses apparaissaient, et qu'ils en seraient bientôt recouverts. Le jeune homme commença à s'affoler, à battre des bras, et tomba à la renverse. Mais une fois sur le sol humide, il resta bouche bée. Il y voyait à présent étonnamment clair. Son champ de vision s'était élargi, et il voyait son environnement avec plus de détails, de précision, mais aussi de lumière : malgré la nuit noire qui s’étendait autour de lui, il y voyait très clairement, comme en plein jour ou presque. Toutes les centaines de facettes de ses yeux étaient autant de prismes minuscules et invisibles au premier abord, captant avec brio le moindre détail, la moindre lueur, pour l'amplifier et la rendre visible à un Dom ne sachant pas ce qu'il lui arrivait. Ou plutôt si, il le savait au moins en partie, car il était très familier de tout ceci, pour le côtoyer depuis des semaines et des mois : il était à présent capable d'une façon ou d'une autre de faire appel à certaines capacités de ses camarades fourmis. Capter et émettre des phéromones, ces yeux à facettes, étaient des traits caractéristiques des insectes, et plus particulièrement des fourmis. Était-il donc en quelque sorte devenu une sorte d'hybride mi-homme mi-fourmi ? Avant même de pouvoir se questionner davantage, Dom ressentit une grande fatigue. Très vite, ses yeux perdirent leurs facettes et revinrent à la normale. Cette particularité semblait donc l'épuiser assez rapidement. Mais peu importe : il se poserait des questions plus tard, lorsqu'il conterait ses aventures au conseil qui devait être choisi ce soir même. Se saisissant de sa torche, il estima sa direction et se mit en route. * * * Demo était en route vers le lieu de réunion mit en place pour choisir les membres du Conseil de la Colonie. La jeune fourmi était encore fourrée dans ses formules alchimiques et n'avait pas vu passer le temps : un peu plus et il aurait été en retard. Il espérait bientôt devenir un grand joaillier, et mettait tous ses efforts dans son rêve. Alors qu'il longeait paisiblement la forêt, appréciant la fraîcheur de la nuit encore jeune et de la brise légère qui lui chatouillait la carapace, il entendit un bruissement curieux dans les buissons poussant à l'orée du bois. La curieuse petite myrmécéenne attendit quelques instants, espérant voir un animal sauvage. Sa soif de savoir n'avait pas de limite, et là où plusieurs de ses camarades prenaient plaisir à la lecture et l'écriture, lui le prenait dans les sciences et les expérimentations diverses. Bien trop de fois il avait semé la panique au sien de la fourmilière à cause d'une expérience quelque peu téméraire. La perspective de voir une créature peut-être inconnue était donc irrésistible. Ce qui en sortit n'était pas non plus pour lui déplaire. « Dom, c'est toi ? lança-t-il dans une phéromone aux dominantes de surprise, avant de se souvenir qu'un humain ne pouvait pas le comprendre ainsi. — Oui, c'est bien moi Demo, lui répondit-il identiquement à la stupéfaction de son camarade. Je n'ai malheureusement que peu de temps devant moi, et je dois vite savoir qui sera choisi pour le conseil : je le solliciterais dès ce soir, ainsi que quelques autres personnes. Tu en fais partie d'ailleurs. » Sans s’arrêter pour saluer davantage son ami, le jeune homme continua d’un pas rapide vers la petite clairière où tout le monde était déjà rassemblé, suivi de près par un pauvre Demo Crite déconcerté. En demi-cercle, des dizaines de gens connus ou non de la colonie étaient assis dans un brouhaha constant et aussi tamisé que les lumières vacillantes des torches disposées çà et là au sein de l’assemblée. Lorsque Dom sortit de l’ombre, tous les regards se tournèrent vers lui, et les uns comme les autres chuchotèrent de plus belle. Il était clair que toutes les fourmis présentes décelaient un changement chez lui, sans pour autant qu’elles puissent en déceler l’origine. Les autres murmuraient entre eux : depuis que SL, le lapin diplomate de la fourmilière, avait annoncé son départ prochain et qu'il avait pris Dom sous son aile pour qu'il prenne son poste par la suite, ce dernier s’était taillé une réputation inattendue autant qu'originale. Personne n'ignorait sa détermination sans faille des intérêts de Bel-o-Kube, et la rumeur courrait d'elle-même comme quoi il en ferait de même avec le Kubnigera. Que ce soit d'approbation quant à cette rumeur ou de crainte sur la menace qu'il représentait lors du choix du conseil, chacun ne restait pas insensible. Anticipant les questions des quelques représentants de Bel-O-Kube et du Lac d'Émeraude, Dom prit la parole. « Bonsoir à vous messieurs. Je vous prie de bien vouloir m'excuser de mon retard à notre assemblée : j'ai - dit-il en désignant sa tenue sale et esquintée - rencontré quelques imprévus en chemin qui ont mobilisé toute mon attention. Je souhaiterais par ailleurs m'entretenir avec le conseil à ce sujet dès qu'il sera en fonction. J'endosse par ailleurs la responsabilité du retard de mon camarade ici présent, ajouta-t-il à propos du jeune Demo en arrière en lui lançant un regard complice. Il s’est retrouvé bien malgré lui retardé par ma faute. À présent, si je puis me permettre, puis-je savoir où vous en étiez de la réunion ? » Certains habitués sourirent : c'était bien là Dom, sans l'ombre d'un doute. Maniant avec habileté chacune de ses paroles, il avait esquivé chacune des questions en suspens que tous se posaient ici, et s’était assuré un résumé de la situation en toute impunité sans qu'aucune rancune quant à son retard inconvenant ne demeure : tous à présent se questionnaient sur les raisons de son retard ou hochaient des têtes satisfaites quant à son élocution. Le jeune diplomate ne l'était pas pour rien, et son amour des lettres et des mots y faisait pour beaucoup. Les joutes verbales ou les concours de jeux de mots étaient monnaie courante parmi nombre de Bel-o-Kubien, bien que cette passion soit également partagée par Tybalt l'Ancien, vieux dirigeant du Lac et ami des fourmis, notamment pour son amour partagé des écrits et calembours. Finalement, l'un de ceux présidant le rassemblement – un lacustre dans la fleur de l'âge inconnu de Dom – prit la parole. « Nous comprenons, annonça-t-il d'un regard entendu avec ceux qui se tenaient près de lui. Prends place si tu le souhaites, nous allons poursuivre. Nous étions sur le point de commencer le vote pour choisir les conseillers du Kubnigera. » Le jeune homme prit place sur une souche non loin de là, satisfait d'être passé entre les mailles du filet. Peut-être était-il destiné à se plonger dans la politique en tant que diplomate, mais il détestait par-dessus tout tous ces politiciens véreux pullulant à la capitale, tout autant que leurs magouilles égoïstes ; il souhaitait donc être tout leur inverse, et pouvait se montrer pire qu'eux lorsqu'il s'agissait de leur parler ou de contrer leurs idéaux malsains. Ceux qu'il estimait se comptaient sur les doigts d'une main, et il plaignait sincèrement les empereurs et les gouverneurs d'avoir à supporter une telle masse avide. Alors que deux fourmis faisaient le tour des personnes présentes pour leur tendre un papier et de quoi y gribouiller un nom, le jeune homme pût sentir le questionnement croissant de ceux de Bel-o-Kube. Si ceux du Lac étaient seulement curieux, les autres sentaient clairement un changement. Lorsqu'il leva les yeux, le jeune diplomate aperçu le regard interrogateur de SL sous ses sourcils froncés. En tant que mage, il en avait probablement compris plus que les autres, ou du moins le supposait. Bientôt, chacun eût un papier avec lui. Le principe du vote était simple : chaque votant notait sur un papier ceux qu’il jugeait aptes à devenir conseillers, en notant leur nom sur la feuille à raison d’un lacustre et d’une fourmi par vote. On recueillait ensuite dans une jarre en terre cuite les votes de chacun, et on retenait les deux personnes du Lac et les deux de Bel-o-Kube les plus cités. Ainsi, à l’issue du vote, quatre conseillers seraient choisis. Si chaque membre de la colonie peut être noté sur le vote, si quelqu’un est choisi il peut néanmoins choisir de refuser le poste, et un nouveau vote est alors effectué. Les conseillers n’ont pas de “temps” de fonction, comme dans certaines autres cités. Un conseiller est choisi et demeure jusqu’à ce qu’il cède sa place ou que la majorité juge qu’il n’est plus apte à son poste. Les jarres furent remplies, puis un lacustre et une fourmi l’emportèrent un peu plus loin pour faire le compte. Tout était calme : plus personne n’osait parler en attendant le verdict. Pour sa part, Dom avait voté pour Tybalt et pour Opera. Il aurait bien voté pour SL, car celui-ci avait un sens de la diplomatie très aiguisé et qu’il aurait donc fait un très bon conseiller pour le Kubnigera, mais il savait que celui-ci aurait de plus importantes occupations d’ici peu même s’il refusait de dire lesquelles. Il avait donc voté pour Opera, l’un de ses très bons amis, amoureux des lettres, qu’il jugeait d’une très grande qualité. Les porteurs de l’urne improvisée revinrent, les résultats avec eux. Un homme annonça les résultats au groupe impatient. Tybalt l’Ancien et Mougatine en tant que conseillers représentants le Lac. Opera Mundi et Dom Fulmen en conseillers de Bel-O-Kube. Lorsqu’il entendit son nom, Dom ouvrit de grands yeux, alors que des applaudissements de contentement naissaient autour de lui. On lui faisait assez confiance pour lui confier une telle tâche. Mais plus important, il pourrait lui-même veiller sur l’arbre, sur la gemme ; il pourrait accomplir lui-même ce dont il avait rêvé quelques heures plus tôt. Les nouveaux conseillers se rassemblèrent, aux anges, et furent bientôt entourés par la foule, serrant des mains et proférant des remerciements sans même avoir le temps de voir à qui. Mais peu à peu, tous partirent, vaquant à leurs occupations ou répandant la nouvelle. Dom reprit son calme et son sérieux habituel. Il rassembla le conseil à l’écart des oreilles indiscrètes, ainsi que quelques personnes et amis qu’il voulait voir se joindre à eux. « Mes amis, je vous ai demandé pour vous faire part de mon aventure des heures précédentes. Simplement, c’est une affaire qui doit rester entre nous, et qui reste malgré tout mystérieuse. » Un grommellement curieux et impatient s’éleva parmi l’assistance. Certains se demandaient quel était leur rapport dans l’histoire. « C’est parce que vos conseils me seront précieux, répondit le jeune homme. Vous êtes tous des amis que j’estime beaucoup, et en tant que tels vos remarques et votre point de vue me sont indispensables. Le conseil se doit d’être au courant ; SL est un mage et pourra donner son expertise sur tout ce qui touche à la magie ; Demo est notre scientifique et joaillier en herbe et pourra donner son opinion. » Tous acquiescèrent : ses raisons étaient justifiées. Simplement, leur curiosité en était redoublée. Dom s’arma de sa voix la plus claire, s’éclaircit la gorge, rassembla ses souvenirs et toutes ses compétences de conteurs afin de leur faire ressentir tout ce qu’il avait vécu, de les faire frémir et sourire. Enfin, il débuta. « Tout commença à mon arrivée au Kubnigera avec le reste des colons. Lorsque j’achevais de gravir la petite colline qui bordait notre territoire, je ne ressentis qu’émerveillement et surprise, car en dessous de moi s’étendait un… » Et ainsi longtemps il les captiva dans l’obscurité de la nuit, poursuivant son récit sans une seule fois en perdre haleine, et sous l’oreille attentive de la forêt de jade qui jamais ne révéla ce qu’elle entendit ce soir-là...- 32 réponses
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C'est logique dans les deux cas. Cela dit, pour forger des armes d'apparat les forgeront peuvent bien utiliser de l'or, mais c'est vrai que de là à en vendre ça fait toute la différence. Un mélange de tes deux solutions me parrait encore mieux : l'or pour les joailliers et l'équilibrage des prix.